Ces enregistreurs de boucles élargissant le champ des possibles en permettant aux guitaristes d’enregistrer plusieurs boucles superposables, puis aux multi-instrumentistes de devenir hommes-orchestres. Un outil tout trouvé pour une nouvelle génération de beatboxers qui en fait aujourd’hui une utilisation tout aussi impressionnante, si ce n’est plus. Brouillant les pistes entre beatmaking, rap et chant, recréant aisément tous types de musiques urbaines ou électroniques, ces derniers naviguent entre plusieurs univers et font se fusionner leurs diverses influences pour proposer des prestations uniques et détonantes. Alors que le fer de lance Saro vient d’enflammer les Trans Musicales de Rennes, Trax met un coup de projecteur sur ces drum machines vivantes.
Saro (Rennes – France)
Grand vainqueur du championnat du monde de beatbox Loopstation cuvée 2017, le Rennais Saro domine actuellement la scène beatbox mondiale, et ce n’est pas un hasard. Amoureux du son depuis l’âge de 6 ans où il commence à apprendre la batterie au conservatoire, Tristan Coudray va ensuite s’initier au piano en autodidacte. Très vite, il se constitue une culture musicale éclectique, de Michael Jackson à 20syl.
Ayant plus tard développé une excellente maîtrise du rythme et fasciné par la richesse musicale que propose notre époque, il se lance dans le beatboxing. A cette époque, il commence à côtoyer la scène rennaise et monte le groupe vocal Bukatribe avec ses potes Romain, Did et Triss. Il se forge alors une solide expérience de la scène et peaufine son art sur des registres soul, ragga, hip-hop ou électro. Parallèlement, il accompagne le chanteur Zaïba sur scène dans un univers plus tourné vers la chanson française et les musiques du monde. Nourri de ces diverses influences, il se lance alors en solo et découvre le looper, dont la maîtrise lui vaudra une récente victoire sur la scène du Grand Beatbox Battle.
Débordant d’énergie, il imagine ses prestations comme de véritables spectacles sonores et visuels. Débordant d’énergie, il ne laisse aucun répit au public qu’il assène de lourdes basses et de mélodies épileptiques, entre trap, bass music, et électro-pop. Galvanisé par son succès, le jeune artiste a construit un live qu’il promène actuellement en France et à l’international, avant de s’enfermer en studio pour la préparation de son premier EP, prévu pour le printemps 2018.
Sly Johnson (Paris – France)
S’il est le plus médiatisé en ce moment, Saro est loin d’être l’unique représentant du genre sur le sol hexagonal. Sous le feu des projecteurs au début des années 2000, c’est aux côtés de ses potes Sir Samuel, Féfé, Vicelow et Leeroy au sein du groupe de rap culte Saïan Supa Crew que le touche-à-tout Sly Johnson (ou Sly The Mic Buddah) fait ses premières armes dans le beatbox.
Initialement rappeur, Silvère Johnson participe ensuite en tant que beatboxer à une multitude de projets d’artistes français et internationaux : Camille, Grace, Oxmo Puccino, China Moses, Ayo ou encore le rappeur américain Talib Kweli. C’est en 2010 qu’il entreprend un virage musical avec son premier album solo 74. Influencé autant par le jazz et les grands ténors soul du siècle passé, que par le hip-hop électronique de feu J Dilla, il crée sa propre identité sonore et dévoile un falsetto groovy, ce qui lui vaudra d’être nominé par le prix Constentin 2011 dans la catégorie révélation de l’année.
Aujourd’hui, il est toujours aussi prolifique et continue ses explorations sonores notamment sur scène où il s’amuse à brouiller les pistes en soul, jazz, hiphop, et musique électronique. Parfois accompagné d’un backing band live, il se produit souvent en solo, combinant son rap, son chant, et son beatbox.
Beardyman (Londres – Angleterre)
Acteur majeur de la scène beatbox britannique depuis son triomphe sur le podium des UK Beatbox Champion de 2006 et 2007, il suffit de visionner certaines de ses apparitions pour comprendre l’ampleur du phénomène Beardyman.
Actif depuis un bon moment déjà, Daren Foreman est très apprécié au Royaume-Uni pour ses prestations de qualité dans lesquelles il passe aisément du beatboxing au one-man-show, et crée même des liens entre les deux, aidé par ses talents d’imitateur. Dans Kitchen Diairies, une vidéo devenue virale depuis sa mise en ligne il y a quelques années, il va même jusqu’à mélanger beatbox et cours de cuisine.
Egalement capable de véritables prouesses vocales lorsqu’il adopte un phrasé rap et qu’il embrase la scène d’un festival de drum’n’bass, ou lorsqu’il s’attaque à des styles plus mélodieux (pop, soul, reggae, blues), l’éclectisme de son univers fait mouche. Cet artiste pluridisciplinaire module sa voix à l’aide de vocoders, la démultiplie à volonté à l’aide de samples qu’il enregistre en live avec une loopstation. Il a notamment marqué les esprits entre 2013 et 2016 avec sa tournée ovationnée One Album Per Hour, concept-album qu’il enregistre tout au long de sa tournée en direct live avec le public. Un artiste à suivre de près qui n’a pas fini de surprendre son monde.
Thorsen (Copenhague – Danemark)
Vainqueur du Grand Beatbox Battle en 2016, le jeune Danois Thor Mikkelsen, plus connu sous le nom de Thorsen, est lui aussi l’un des fers de lance de cette nouvelle vague beatbox. Très à l’aise pour créer des mélodies et rythmiques à forte influence bass music, il se sert parfois d’une loop station pour des performances n’ayant rien à envier à ce qui ce fait de mieux dans les milieux dubstep, breakbeat, et drum’n’bass. Actif depuis 2013, il participe à de nombreux championnats européens, mais n’a pour l’instant pas de projet solo à son actif. Ca ne saurait tarder.
Penkyx (Anvers – Belgique)
La Belgique n’est, elle non plus, pas en reste. Proclamé nouveau QG du rap francophone depuis la percée des Roméo Elvis, Isha et autres Damso, le plat pays a d’autres cordes artistiques à son arc. Parmi celles-ci, il peut compter sur l’ovni Penkyx.
A la fois MC, DJ et beatboxer, il est lui aussi familier du Grand Beatbox Battle qu’il parcourt jusqu’en demi-finale en mars dernier. Apprenti pianiste depuis l’âge de 12 ans, David Yassine commence à écrire dans sa chambre et se tourne plus tard vers les logiciels de MAO qui lui permettent de composer de manière plus complète. Aussi à l’aise en terrain hip-hop que sur la main stage d’un gros festival EDM, il joue avec les ambiances et les sonorités de manière bluffante, avec une petite préférence pour le dubstep et la trap music.
Après une tournée estivale qui le conduit aux quatre coins de l’Europe, une participation au championnat national chinois en tant que juré, des cours donnés au beatboxcamp de l’université de Cracovie, et un premier EP balancé sur SoundCloud, il travaille actuellement sur son premier album studio. Et il n’a que 26 ans.
Dub FX (Melbourne – Australie)
Jouissant d’une grande notoriété, l’Australien Dub FX vit depuis quelques années dans un rêve éveillé. Passé par le rock alternatif et le rapcore (punk-rap), il part en globe-trotter et effectue des performances de rue dans lesquelles il fait découvrir aux passants l’art du looping. Il dévoile un univers saisissant à la croisée des genres, empruntant au reggae, au dub, à la drum’n’bass, au hip-hop, au jazz, à la pop ou aux musiques du mondes. Sa carrière décolle véritablement quand il devient une star sur YouTube grâce à un public de plus en plus nombreux qui le filme partout à travers le monde.
Son road-trip musical européen sera même immortalisé par un album live paru en 2009. Depuis, les festivals et salles du monde entier se l’arrachent pour pouvoir eux aussi profiter de ses concerts explosifs, entre déferlement de basses, démonstration de beatbox époustouflantes et passages chantés plus calmes.
Même si il a aujourd’hui agrémenté ses shows de quelques musiciens, sa voix, qu’il prend un malin plaisir à triturer à l’aide d’accessoires toujours plus modernes, reste le seul fil conducteur.