Organisateur de rave depuis que la rave existe en Angleterre, Matt Smith a photographié tous les combats menés dans la sphère électronique. Né en 1966 dans la campagne de l’Ouest de l’Angleterre, Matt Smith étudie la photographie à Manchester. Il se lie d’amitié avec des camarades de promo qui, quand ils ne sont pas en cours, travaillent dans le club mythique de l’Hacienda. En 1989, quand la culture rave explose au festival de Glastonbury, Matt Smith se lance corps et âme dans le mouvement. Avec le Sunnyside Soundsystem, il organise des free parties dans la région de Bristol.
Son objectif commence alors à se poser sur ces nouvelles formes de vies nomades, sur une jeunesse anglaise qui, après la crise de 1989, ne croit plus au système en place : « Mon père a perdu la maison familiale à la suite de la crise, explique Matt Smith. C’était un drame et beaucoup de mes amis ont traversé des épreuves comparables. Notre génération a donc refusé les notions de propriété privée, de sédentarisme. Mais, bien sûr, ça n’a pas plus au gouvernement conservateur. »
En 1994, le photographe couvre les grandes manifestations provoquées par le Criminal Justice and Public Order Act. La loi, introduite par le ministre de l’Intérieur Conservateur Michael Howard, visait alors à interdire tout rassemblement autour de « musique caractérisée par un rythme répétitif ». Dans un large mouvement de protestation, plus de 50 000 Anglais se sont déplacés dans la capitale pour défiler aux côtés de systèmes son sauvages, entre Hyde Park et Trafalgar Square. La loi est entrée en vigueur malgré trois rassemblements les 1er mai, 24 juillet et 4 octobre 1994. D’abord pacifique, le mouvement s’est finalement éteint dans la violence, provoquée en partie par les charges de la police montée. En quelques clichés, Matt Smith revient sur ces événements qui ont signé la fin de la fête au Royaume-Uni.
Les photographies de Matt Smith sont rassemblées dans un ouvrage auto édité, intitulé Exist to Resist. Ses photos ont récemment été accrochées sur les murs de la gallery Saatchi de Londres, à l’occasion d’une exposition sur la culture rave.