Jacques pourrait aisément être major de promo des Beaux-Arts qu’on y verrait que du feu. Mais loin des cadres, le DJ de ‘techno transversale’ comme il le dit lui-même, est plutôt un marginal dans l’âme. Expulsé lors de la fermeture du squat d’artistes Point G dans le 19ème à Paris, il vit désormais dans un nouveau squat dénommé Amour. En constante expérimentation, ses productions sont pourtant loin d’être bordéliques : très bien ficelées, elles offrent un clair aperçu de ce qu’il peut se passer dans la tête d’un homme en constant mouvement. Son remix pour Teraxx de “The Whisper”, tiré de l’EP du même nom, le confirme. Les murmures, captés lors de l’installation du squat l’Amour, se calent parfaitement avec cet ensemble multi-sonore recadré par le rythme pourtant très clean.
Jacques nous confie : “En novembre dernier, avec mon pote Gain, on a décidé de monter une équipe pour créer un lieu alternatif dans ce bâtiment de 700 m2, abandonné depuis 20 ans dans une rue de Bagnolet. À coté de ça, Kuma m’a proposé de faire le remix de “The Whisper”, mais je savais que je n’aurai pas trop le temps.”
“Car quand on ouvre un squat, il y a une période de quelques semaines qu’on appelle l’immersion.”
“C’est le moment où l’on doit s’installer le plus possible dans le bâtiment de façon à ce que lorsque les voisins/la police arrivent, on soit trop implantés pour qu’on puisse nous mettre dehors. On a donc passé les cinq premiers jours à nettoyer le bordel et aménager le lieu tout en chuchotant et en faisant un minimum de bruit et de lumière audible et visible de l’extérieur. On mangeait des raviolis et on dormait dans des tentes. J’ai tout enregistré. J’ai donc commencé à poser des chuchotements sur la version de Teraxx, puis j’ai utilisé les bruits des travaux du squat pour l’agrémenter. Ça me rappelle l’ambiance sale, froide, mais super enthousiaste et ‘déter’ dans laquelle nous étions à ce moment là.”
“Cela a une valeur sentimentale pour moi parce qu’on entend mon pote Gain chuchoter au moment du drop à 3.48 ; on entend les raviolis cuire, les débris de bordel, etc…”
Tout comme le clip et l’EP de Teraxx, ce remix est signé sur Kuma Recordings, le label appartenant à la maison bi-disciplinaire Kuma que l’on vous présentait à travers projet Momentum.
D’après le communiqué de presse : “Jacques voudrait écrire des musiques pour que les normaux et les bizarres dansent ensemble”. Une démarche que l’on retrouve dans ce premier EP Tout est magnifique, sorti sur Pain Surprise, label et collectif de Montreuil à Paris.
Un univers à découvrir sur le clip du track “Tout est magnifique” :