Pour le plaisir comme pour le business, la plupart d’entre nous utilisent les réseaux sociaux. Nous y partageons nos vies, nos pensées, nos accomplissements, observons le quotidien des autres, discutons avec des copains, amis, collaborateurs et presqu’inconnus. Mais tous ces réseaux sociaux et leur messagerie instantanée donnent l’impression tout à fait illusoire de notre disponibilité immédiate. C’est ce qu’on appelle la culture de l’urgence, autrement dit, la théorie selon laquelle nous devons être joignables à tout moment. Bien que cela soit faux, une pression sociale semble pousser nombreux d’entre nous à culpabiliser lorsque nous avons 1. ni envie de lire nos messages, 2. encore moins envie d’y répondre.
En effet, donner de l’attention à tout et tout le monde en tout temps, en plus de brouiller les frontières entre le travail et la vie privée, nous épuise. Afin de creuser la question, le média britannnique woo a interviewé Ashley Duncan, Muinat Abdul et Tori West.
Ashley Duncan, membre de l’Association britannique de conseil et de psychothérapie, explique : « Le problème de la culture de l’urgence est que nous nous autorisons à croire que ce sont les demandes extérieures qui commandent. Ce n’est pas durable pour notre bien-être, car trop souvent, cela peut se faire au détriment de choses qui pourraient être plus significatives pour nous, comme du temps pour se reposer ou se détendre. »
Muinat Abdul, créatrice de contenu, dit se sentir coupable lorsqu’elle fait des pauses dans ses publications. « Si je ne poste pas une vidéo pendant un certain temps, je me sens toujours obligée de m’excuser. Je suis partie en vacances récemment et pendant tout ce temps, j’ai pensé à des façons de l’utiliser pour du contenu au lieu de profiter. Lorsque vous êtes un créateur de contenu, une grande partie de votre quotidien consiste à partager votre vie avec un public. Vous devez fixer des limites, mais la plupart d’entre nous ne savent pas comment. »
Tori West, artiste et influence, explique : « Il y a la pression du post, surtout en tant que freelance. Pour avoir des opportunités, vous devez avoir l’air de travailler et de faire beaucoup de choses. On me demandait des faveurs 24 heures sur 24 dans mes DM et cela m’épuise. J’ai l’impression qu’il nous manque une sorte de schéma directeur sur les normes de ce qu’il est acceptable de demander à un inconnu sur internet. » Bien que cette sensation concerne particulièrement les artistes et créateurs de contenus, la Gen Z née avec les réseaux sociaux est victime de cette même fallacieuse nécessité de transformer chaque expérience de vie en contenu.
Alors comment se libérer ?
Blâmer les autres est une perte de temps, mais décider soi-même de ce qui est acceptable ou non et ainsi poser ses limites, oui. Pour Muinat, il s’agit de redéfinir les priorités et « créer des espaces sûrs dans le monde réel avec les personnes qui vous sont chères, et de prendre conscience que les réseaux sociaux ne sont même pas réels. Si j’ai besoin d’une pause, je dois simplement supprimer les applications sociales de mon téléphone et je fais ce que j’ai envie de faire, jouer aux jeux vidéo, faire de la gym.. »
Tori, elle a décidé de mettre en place des moyens pour prendre de la distance : « Je ne regarde pas mon téléphone à certains moments de la journée. En fait, j’ai essayé d’apprendre à ne pas regarder mes réseaux sociaux pendant que je travaille à mon bureau. J’ai également limité l’accès des gens à mon compte instagram en bloquant les réponses aux stories à moins que nous nous suivions mutuellement, et j’ai restreint mes demandes de DM. »
Quelques conseils
- Partagez vos pensées sur la question et vos besoins à votre entourage de manière à ce qu’ils comprennent ces changements et les respectent.
- Identifiez les applications qui vous étouffent et attirent votre attention de manière inutile. Identifiez des périodes de temps dans la journée / semaine où vous regardez et utilisez ces applications, et coupez les notifications à tout autre moment. Pareil pour les mails.
- Prévoyez des heures et des moments dans la journée/semaine ou vous coupez totalement (conseils donnés par Ashley Duncan).