Lauréate du prix Ricard Live 2022, Carmeline est pour nous l’un des espoirs du rap français. Après avoir enchaîné une carrière sur les planches de Broadway à l’adolescence, une licence de droit et un job au sein de la boîte de supervision musicale Creaminal, il était temps pour la jeune femme de poursuivre son objectif premier : rapper. À la fois française et palestinienne, sa musique reflète l’ambiguïté de son identité double, au travers de morceaux tels que “Ali-en”, “Zahir” ou encore “1000 VIES”.
Dissimuler au mieux qui je suis / Déracinée, comment se construire
Carmeline, “Run4urlife”
Aujourd’hui, elle revient avec le single “Run4urlife”, qui résonne particulièrement avec la Journée internationale pour les droits des femmes, le 8 mars dernier. En effet, Carmeline a écrit ce titre pour sa grand-mère, réfugiée palestinienne installée à Beyrouth. En fouillant dans ses tiroirs, elle a notamment retrouvé une photo de cette femme fumant la chicha dans « pose nonchalante très puissantes dans un contexte et une période où les femmes et les réfugiés n’ont que très peu de droits » selon la rappeuse. De là est venue l’idée de rendre hommage à cette femme d’une autre génération, avec laquelle Carmeline partage la force et l’entêtement, mais également les questionnements identitaires. Les paroles du morceau en témoignent : « Dissimuler au mieux qui je suis / Déracinée, comment se construire ».

Ce n’est pas la première fois que Carmeline rappe sur son identité de femme racisée propulsée dans le monde occidental. On écoute d’ores et déjà son morceau “Koulchi Money”, véritable banger où l’on peut entendre ce genre de punchline : « Marre des standards de l’occidentale / Marquée par l’oriental ». À l’époque déjà, on la voit collaborer avec le collectif Kourtrajmeuf, à l’œuvre derrière la pochette de “Run4urlife” (avec la réalisatrice Abricot Doré), sur laquelle Carmeline reproduit la pose de sa grand-mère, sur la photo retrouvée. La boucle est bouclée.