Pourquoi les diggers devraient arrêter d’être snobs et partager leurs tracks

Écrit par Briac Julliand
Photo de couverture : ©D.R
Le 28.02.2019, à 11h42
03 MIN LI-
RE
©D.R
Écrit par Briac Julliand
Photo de couverture : ©D.R
0 Partages
Le journaliste et DJ Peter Kirn a publié sur le site Create Digital Music un plaidoyer pour que les diggers partagent davantage le nom de leurs trouvailles. Une prise de position forte, sur un sujet qui oppose depuis déjà longtemps.

« Avec les services de streaming prenant le pas sur le DJing, on est en train de se battre contre un futur possible où la plupart des DJ’s sélectionneront des tracks issus de listes composées par des algorithmes ou des influenceurs Instagram », explique le journaliste Peter Kirn, dans son plaidoyer publié sur le site CDM. Pour lui, il est temps que les DJ’s et diggers apprennent à partager leurs trouvailles et arrêtent de vouloir protéger l’identité de leurs tracks. Ce plaidoyer fait suite au tweet (supprimé depuis) du DJ Developer, défendant le fait de ne pas partager ses setlists, et auquel ont réagi nombre de DJ’s comme The Black Madonna ou Skee Mask. Pour l’auteur du texte, le point de vue de Developer a été défendable par le passé, mais selon lui, « Le partage d’information est aujourd’hui plus important que jamais. »


Ce débat oppose depuis longtemps déjà la sphère des diggers. Car pour un grand nombre de DJ’s, le digging représente un véritable travail, impliquant d’innombrables heures de recherches et de déplacements. Il est donc compréhensible que certains tiennent à garder secrète leur setlist. Cette opinion, Peter Kirn la respecte : « Je suis complètement d’accord avec la philosophie “Apprends à chasser” de Developer », écrit-il avant de nuancer : « Ce que je ne comprends pas, c’est le fait de se vanter de cacher la référence de ses morceaux, ça ne colle pas. »

Le principal problème de cette démarche : celui de l’accès à la musique. S’il n’a jamais été aussi facile de trouver et écouter un titre, faire connaître sa musique, du point de vue de producteur, est un parcours du combattant. C’est donc la question financière des producteurs qui est en jeu, mais également celle le l’industrie musicale. Pour l’auteur, ne pas dévoiler ses tracks, « c’est priver les producteurs de leur public, et les fans d’une expérience unique. Énormément de musiques sont condamnées à ce funeste destin. Le streaming ne se contente pas de baisser les revenus des musiciens, ça augmente aussi considérablement le prix à payer pour que leur musique soit entendue. Parce que maintenant, le marché est géré par les géants Apple, Google et Spotify, qui structurent leurs algorithmes de mise en avant avec des musiques mainstream. »

   À lire également
Qui sont ces accros au digging sur les réseaux sociaux ?

Ainsi, le secret du DJ serait un frein considérable pour les producteurs de musique. De plus, le journaliste rappelle qu’il « n’appartient pas au DJ de dévoiler ou non l’identité des tracks qu’il joue. À moins qu’un DJ joue son propre morceau, il ne peut pas s’approprier le droit d’interdire au public de donner du crédit à l’artiste qui est derrière le track. » Un argument auquel l’auteur ajoute qu’il faut encourager les gens à payer pour de la musique, et que jamais les labels ne se plaindront de voir des achats réalisés sur leur site, même pour un morceau à 2$.

Pour d’autres personnes en faveur du partage des morceaux, le second degré est de mise quand on parle de track ID, comme en témoigne le tweet du DJ londonien Dale Cornish, relativisant : « C’est juste un track ID, pas l’ingrédient secret du Coca. S’il y a du monde dans le club, quelqu’un finira par trouver le morceau alors passez au-dessus de ça. »

Pourtant, le débat reste sans fin. Pour ceux qui voudraient y prendre part, Peter Kirn possède un compte Twitter.

0 Partages

Newsletter

Les actus à ne pas manquer toutes les semaines dans votre boîte mail

article suivant