Pourquoi les Berlinois sont-ils mille fois moins lourds que nous en soirée ?

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©Milky Tuesday
Le 02.07.2019, à 15h46
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Systématiquement, toutes celles et ceux qui reviennent de Berlin ne cessent de répéter en boucle que tout y est mieux là-bas : la musique, les clubs et surtout les relations humaines. Mais qu’est-ce qui rend la capitale allemande si spéciale quand il s’agit de fête, de nuit et de drague ?

« La dernière fois que je suis venu à Paris, je me promenais dans la rue quand j’ai croisé une fille qui était en train de courir. Derrière elle, un mec lui courait après en criant “Je t’aime !” Ce genre de scène, ça n’existe pas à Berlin. » Christophe est Français mais il vit dans la capitale allemande depuis maintenant dix ans. À chaque fois qu’il revient dans l’Hexagone, il assiste aux mêmes scènes qui lui semblent désormais impensables. Il explique : « Le cas typique français serait celui du mec qui se retrouve îvre mort en soirée et qui va aller voir toutes les filles jusqu’à ce qu’il en trouve une qui soit aussi bourrée que lui et qui accepte de coucher avec lui. On dirait qu’entre hommes et femmes, il n’est pas possible d’être juste potes. » Il est loin d’être le seul à faire ce constat. Presque tout le monde connaît parmi ses connaissances quelqu’un qui ne cesse de répéter à tort et à travers que la nuit à Berlin est définitivement plus sûre. Habituée des clubs de la ville où elle a vécu pendant un an durant ses études, Manon fait partie de ces germanophiles. Pour elle, « c’est difficile de sortir en France et de se sentir totalement à l’aise. Tu sais qu’il ne faut pas t’habiller trop comme ceci ou comme cela, qu’il ne faut pas parler à certains mecs pour éviter qu’il y ait des malentendus, c’est toujours beaucoup d’éléments à prendre en compte qui peuvent te gâcher un peu la fête. » Mais pourquoi les choses sont-elles si différentes à Berlin ?

L’origine de tout ça est avant tout culturelle et sociétale. Dans la capitale allemande, le féminisme est en effet nettement plus implanté qu’ailleurs. À titre d’exemple, la ville de Berlin vient de décider que le 8 mars, journée des droits des femmes, serait désormais férié. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que chacun.e veille à ne jamais franchir la ligne dans le domaine de la séduction. « L’Allemagne, c’est un peu comme les pays scandinaves. Il n’y a pas de culture de la drague un peu lourde comme il peut parfois y avoir en France. Il n’y a pas ce romantisme français ni cette notion de flirt. Tout est beaucoup plus respectueux », explique Christophe. À tel point que les choses peuvent parfois devenir compliquées. « Évidemment, je trouve ça super qu’il n’y ait jamais de tensions dans les relations homme-femme. Mais parfois, les Allemands prennent presque trop de pincettes. C’est toujours un peu la même chose. S’ils flashent sur toi, d’abord ils te regardent discrètement. Ça peut durer longtemps et souvent, ça en reste là. S’ils sont plus entreprenants, ils vont venir te parler en te demandant s’ils ne te dérangent pas, y aller avec beaucoup de précautions. Tout prend très longtemps. Il faut souvent prendre les choses en main pour accélérer un peu tout ça », reconnaît Manon. En 2010, le célèbre hebdomadaire Der Spiegel consacrait d’ailleurs sa Une à ce sujet avec un titre simple “Pourquoi les hommes attendent-ils encore trop des femmes ?” Un véritable sujet de société dans un pays où la population ne cesse de chuter et où le nombre de célibataires ne cesse par contre d’augmenter : ils étaient 12 millions en 1991, ils seront 19 millions en 2035. Entre le harcèlement et le calme plat, un équilibre reste donc encore à trouver.

Mais Berlin n’est pas tout à fait l’Allemagne. Construite en partie sur la culture des clubs gays, la ville a toujours été vue comme un eldorado progressiste où se rue une partie de l’Europe à la moindre occasion. C’est ce qui fait qu’on y trouve aussi un nombre ahurissant d’expatriés venus parfois sur place pour profiter de soirées plus sûres que dans leurs pays d’origine. Mais pendant ce temps-là, en France, les mentalités semblent tout de même évoluer. De plus en plus, des associations comme Consentis – spécialisée dans “le savoir-être en club” – veille à redéfinir les codes de la nuit en insistant sur l’importance de notion comme le consentement ou le harcèlement. De quoi jeter les bases d’une conception nouvelle de l’amour, plus ouverte et plus fluide, que Trax Magazine détaille dans son numéro 223 en revenant sur l’histoire des safe spaces ou sur les différentes évolutions possibles pour nos relations amoureuses futures. Pour la mise en pratique : rendez-vous en 2050.

Le numéro 223 de Trax Magazine est disponible en kiosque et sur le store en ligne.

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