Pourquoi les Berlinois de FJAAK sont les glandeurs surdoués de la techno allemande

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©Birgit Kaulfuß
Le 01.02.2019, à 17h38
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©Birgit Kaulfuß
Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©Birgit Kaulfuß
Felix, Aaron et Kevin parlent tous les trois en même temps. En allemand. Très fort. Pas toujours simple d’organiser la conversation autour de leur second et brillant album, Havel, (sorti mi-novembre sur leur label FJAAK), un parfait mélange de breakbeat et de techno revival des 90’s. Le trio berlinois, qui se décrit comme « le boys band de la techno » (mais dont l’un des membres, Kevin, a récemment annoncé qu’il partait seul vers de nouveaux horizons), apporte un vent de fraîcheur sur la scène électronique. Il se produira en live le 9 février au Cabaret Aléatoire à Marseille, aux côtés de Mathew Jonson, Jack de Marseille et Jack Ollins.

Par Manon Beurlion

Cet article est initialement paru dans le numéro 216 (novembre 2018) de Trax.

FJAAK se prononce « fiac ». Rien à voir avec la foire d’art contemporain ou un nom de code allemand : il s’agit simplement de leurs initiales. Le « J » fait référence à un certain Johannes, quatrième mousquetaire qui a depuis quitté le groupe. Ces joyeux lurons ont grandi ensemble : tandis que deux étaient voisins, les deux autres allaient à l’école ensemble. Adolescence, bêtises et cabrioles. Aucun leader mais un groupe soudé. « Nous suivons un principe simple, si nous sommes tous les trois d’accord sur une décision, alors elle sera bonne pour nous. » À l’époque, aux côtés de la danse, de la fête et des jeux vidéo, c’est aussi la musique qu’ils aiment partager – avec pizza et joints, s’il le faut. « Cela a créé une nouvelle connexion entre nous et a donné à chacun une playlist spéciale. » Beatles, Cypress Hill ou encore Bill Evans Trio, chacun y met son grain de son, jusqu’à découvrir les musiques électroniques. Lycée, colocation – aujourd’hui révolue – et studio, ils sont encore aujourd’hui ensemble quasi tous les jours. Et avant chaque interview, il leur reste des blagues à se raconter. « C’est toujours difficile de travailler avec des amis, comme dans toute relation, il faut faire des efforts. Ne pas vivre ensemble et partager une salle de bains le matin a facilité les choses. » Un certain mode de vie qui ajoute fraîcheur et humour au triptyque, qui se charge d’en reverser la totalité dans une sphère techno souvent trop sérieuse.



Sur “Take Your Life”, un des morceaux de l’album, leur ami Koogan a écrit les paroles et participé aux voix. Le nom du track devient un mantra, un vocal répétitif. « Ça ressemble en fait à des amis qui vont se faire une partie de foot, ou quelque chose comme ça. » Sur un autre, composé avec Tobi Neumann, Koogan et Fadi Mohem, une voix scande « all my friends are in the bathroom », le titre du morceau. Certainement du vécu. Si le trio ne se prend pas au sérieux, il en est autrement de leur musique. Dès 2009, batterie, machines analogiques et guitares sont posées au fond d’une cave humide et crade pour aborder les rythmes UK. « On a toujours souhaité s’éloigner de la scène berlinoise. » 2012 est l’année de l’entrée en piste pour le boys band. Ils sortent le bien nommé Introduction, premier EP classique mais efficace, puis, très vite, Don’t Leave Me/Plan A sur le label des Modeselektor, 50Weapons, suivi de quatre autres sorties pour la même maison. Une relation de confiance : c’est sur Monkeytown, l’autre label des Modeselektor, qu’ils signent en 2017 leur premier album, FJAAK.

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Pour Havel, en revanche, ils ont choisi leur propre label. Une étape importante dans leur carrière fulgurante, et une manière de fonctionner inédite, qui « demande beaucoup de travail car tu dois tout faire toi-même ». Mais cette fois, seuls leurs trois avis comptent. « C’est logique : en travaillant avec plus de monde, d’autres d’opinions et influences interviennent et doivent être prises en compte, il faut alors trouver des compromis. Ça peut être une bonne chose ou une mauvaise. Sur cet album, nous avons fait ce que nous voulions jusqu’à en être tous les trois satisfaits. » C’est aussi une façon plus efficace de produire, à l’heure où le trio souhaite « sortir de la musique plus rapidement », gardant cette spontanéité qu’on leur connaît sur scène. « Bien souvent, nous commençons par enregistrer un morceau en live avant de l’enregistrer en studio. » Le groupe travaille même déjà sur leur troisième album. Où seront-ils dans quelques années ? « Dans cinq ans, la seule chose qui comptera, c’est la qualité de ton compte Instagram », balaient-ils avec humour.

Les FJAAK ont sorti leur second album Havel le 13 novembre sur leur label FJAAK. Ils se produiront le 9 février prochain au Cabaret Aléatoire à Marseille, en compagnie de Mathew Jonson, Jack de Marseille et Jack Ollins.

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