Cet EP est comme la suite du projet Lost Tracks, qui vise à sortir des vieux morceaux inédits. Pourquoi ne pas les avoir sortis à l’époque ? Et pourquoi aujourd’hui ?
Miss Kittin : Nous ne les trouvions pas assez bons, je pense.
The Hacker : Peut-être qu’en effet, nous ne les avions trouvé pas assez bon. Je ne me rappelle plus très bien, c’était il y a presque 20 ans ! Peut-être aussi que DJ Hell les avait refusés. Sinon, c’est Josh Cheon (boss du label Dark Entries) qui nous a contactés, pour nous demander, à Caroline (Miss Kittin) et moi si nous avions de vieux inédits. On a fouillé dans nos archives et on a trouvé ces quelques morceaux, voilà !
Après 21 ans de scène, qu’est-ce que cela vous fait de réécouter ces démos très raw aujourd’hui, par rapport à ce que vous entendez ailleurs ?
M.K : Le temps leur a donné du cachet. S’ils étaient sortis il y a même 10 ans ou 5 ans, ça aurait sonné complètement dépassé, trop rétro. Mais comme il y a un retour à ces sonorités, ils ont pris de la valeur.
T.H : Je trouve que cela a plutôt bien vieilli, et que ça cadre plutôt bien avec le retour actuel de l’electro.
Sur quels supports étaient enregistrées ces bandes ? À quoi ressemble la musique que vous avez encore parmi ces archives ?
M.K : Je ne sais pas, c’est Michel (The Hacker) qui a tout gardé. Je sais qu’on enregistrait tout en live sur cassette. Aucune édition.
T.H : C’était enregistré sur DAT (Digital Audio Tape). Pour les morceaux de Caroline et moi, nous avons fait le tour, il n’y a plus d’inédits. En ce qui concerne mes projets solo par contre, j’ai une tonne d’inédits de l’époque ! Très hard, très techno, grosse influence de Jeff Mills… j’en ressortirai peut-être quelque-uns un jour.
Il y a une tendance générale de retour à l’EBM et à l’electroclash, avec Lokier, Mannequin records, le nouveau Djedjotronic… Qu’en pensez-vous ?
M.K : Tant mieux pour nous! Ce qui est vraiment important, c’est que chacun assume et exprime ses influences, peu importe le style. Il semble qu’il y ait eu un long moment où ce n’était plus très bien vu d’aimer la new wave ou l’EBM. On a connu ça, donc ça ne me choque pas. Plus globalement, ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir mélanger cela à d’autres choses pour créer de la nouveauté, plutôt qu’un confinement élitiste dans une niche.
T.H : Évidemment, je trouve ça très bien, et je suis en contact avec tous ces gens. Cette nouvelle scène est très intéressante, elle a sa propre vision de l’electro, de l’EBM. Ce n’est pas qu’un simple revival, c’est aussi un renouvellement : la musique évolue, il se passe des choses intéressantes. Le festival Atonal à Berlin par exemple. C’est une vraie fierté d’être associé à cette nouvelle scène. Miss Kittin, moi et bien d’autres n’avons pas prêché dans le désert ! C’est rassurant !