Fondé en 2015 par un groupe d’amis allemands, le festival Monticule a bien grandi. Intégré au magnifique Domaine de Gayfié, piton rocheux situé à Saint Jean-de-Laur, en plein coeur de la région Occitanie, l’événement a su s’imposer grâce à son cadre bucolique, une ambiance particulièrement familiale (à peine 1200 festivaliers) et un line-up composé de pointures électroniques issues, pour la plupart, des scènes françaises et germaniques. Retour sur une belle histoire d’amitié et de musique avec deux des créateurs, organisateurs et programmateurs du festival.
Qui se cache derrière Monticule ?
Eric Schönemeier : À la base, nous sommes un groupe de quatre personnes. La plupart viennent de Munich à la base, sauf moi, qui suis de Berlin. Quant à Richard, il habite sur le spot du festival depuis 5 ans. Après l’Université, il a rejoint sa mère, qui y gère un gite depuis près de 15 ans.
Que faisiez-vous avant la création de Monticule ?
Simon Weber : La plupart d’entre nous travaillions dans la vie nocturne et le clubbing, bien qu’on ait tous été étudié à la fac. C’était assez prévisible que l’on finisse dans ce milieu là (rires).
Comment avez-vous décidé de devenir organisateurs de festival ?
Eric : Peu après que Richard soit parti là-bas, il est revenu un weekend à Munich pour voir des amis. Il avait l’envie de faire progresser les choses et, après une bonne bouteille de vin et quelques joints, on s’est dit qu’organiser un festival serait une super idée.
Simon : Plus tard, on en a reparlé en club, il nous a montré les photos de l’endroit. Ça a fait déclic tout de suite.
Pouvez-vous m’en dire plus sur le spot ?
Eric : Ce spot est vraiment incroyable et magnifique. Comme on est tout en haut de la colline, on réalise immédiatement à quel point nous sommes petits et dérisoires par rapport à l’immensité de la nature. À un moment, Richard a dit que ce serait totalement différent de vivre en bas, dans la vallée.
Simon : Du haut de la colline, on néglige tout le reste. C’est un endroit vraiment mystique, avec plein de petits endroits cachés. Pour nous, cet aspect touristique du festival est hyper important : c’est du 50/50.
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Pourquoi avoir choisi de rester à taille humaine ?
Eric : Pour préserver un certain aspect communautaire, il faut rester petit. Pas le choix. Au début, on a commencé avec 200 personnes, puis on s’est développés doucement jusqu’à atteindre a peu près 1000 personnes. On veut garder l’ambiance très intimiste et familiale qui en découle.
Psaum, qui jouera cette année sous son nouvel alias Arabian Panther, a dit récemment que Monticule était « l’un des plus beaux festivals où il a jamais joué ». Qu’est-ce qui le rend si unique ?
Simon : On ne connaissait pas grand chose à la fête en France avant de venir. Ce qui était essentiel pour nous, c’était d’organiser un super festival. Peu importe que ce soit en Allemagne ou en France. Monticule est une entité unique au monde.
Eric : Je pense que la qualité vient vraiment de la “pureté” du festival. Toutes les scènes sont faites mains, avec une petite équipe qui privilégie la qualité sur la quantité. On a plein d’ateliers, workshops qui enrichissent l’expérience, comme l’astronomie. La clé, c’est la simplicité et la bienveillance, respecter le lieu et le mettre en valeur. C’est ça, la beauté du festival.
Simon : Tu as raison, et puis les gens s’immergent dans cette expérience quasi-utopique. Tout le monde s’entraide, il n’y a pas de déchets, pas d’espace VIP, tout le monde est sur un pied d’égalité. La plupart des artistes veulent rester plus longtemps, ramènent leurs familles. Gilb’R [fondateur du label Versatile] vient avec ses enfants et sa copine….À Monticule, les gens se sentent chez eux.
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Le line-up oscille entre techno, ketapop allemande, “multiculti”, mais aussi la nouvelle scène électronique française. Comment avez-vous élaboré cette programmation étonnante ?
Eric : L’aspect familial passe avant tout. On travaille avec des gens avec qui on a un vrai contact, sans passer par des agences. Le label Malka Tuti fait partie du projet depuis le début, Gilb’R aussi, et d’autres les ont rejoints au fur et à mesure. Ensuite on a rencontré les gens de BFDM, La Chinerie, qui ont ramené leurs potes. Le contact humain avant tout.
Simon : Tu as raison de souligner ce point. C’est vrai que notre line-up est assez typique, avec des artistes comme M.RUX, Katzele, Martha Van Straaten ou Jan Schulte, qui est une vraie légende du style et, de l’autre coté, des français comme Low Jack, Simo Cell, OKO DJ ou The Pilotwings. Je pense que le point commun entre tous ces noms, c’est l’ouverture à différents styles et cultures.
À quelles nouveautés peut-on s’attendre cette année ?
Simon : On a deux nouvelles scènes, une radio qui va venir. Et puis, on va investir un nouveau lieu qu’on ne peut pas évoquer pour l’instant. La partie Yoga et méditation sera beaucoup plus développée qu’avant, avec des gens très expérimentés qui vont animer des temps de détente, notamment une cérémonie Cacao. Il y aura aussi un crew de Munich qui fera du massage. On aime cette vibe très “pure”, qui porte le ressenti musical à un autre niveau tout en se préservant des mauvaises choses qui sont à coté.
Après cinq ans, quel est votre meilleur souvenir à Monticule ?
Eric : Je me rappelle d’un jour, vers 8h du matin, pendant le dernier set du festival, il y avait 30 français en furie qui dansaient complètement nus. Mémorable.
Simon : On a un temple de massage et la première nuit l’année dernière, il y avait aussi pas mal de gens nus qui présentaient une performance… très surprenant. Je me souviens aussi d’Eric et moi dans la “Grange” durant le set de FJAAK. Ils ont joué du Kylie Minogue en plein milieu d’un set techno. Ça, c’est du Monticule tout craché !
Toutes les informations sont à retrouver sur le (très spécial) site du festival et sur la page Facebook de l’évènement.