Pourquoi Jean-Michel Jarre et des DJs pystrance ont fait un gigantesque concert sur le bord de la mer Morte

Écrit par Mathieu Fageot
Photo de couverture : ©Greg Rybczynski
Le 13.04.2017, à 16h15
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©Greg Rybczynski
Écrit par Mathieu Fageot
Photo de couverture : ©Greg Rybczynski

Pendant 8 heures, environ 10 000 chanceux ont pu assister au spectacle monumental du père d’Oxygène et de ses invités, en plein milieu du désert de Judée. 
Malgré deux heures de tempête de sable qui ont retardé le show, artistes et spectateurs ne se sont pas découragés, et ont malgré tout pu apprécier dans ce spot sublime la démarche visuelle, sonore, mais surtout politique, de cet ambassadeur de bonne fortune de l’UNESCO.

« La scène électronique a une image cool et underground, mais elle est aussi grand public. Elle est crédible pour faire passer un message, d’une autre manière que d’une façon politicienne, qui souvent emmerde un peu les gens », nous explique au téléphone Jean-Michel Jarre. Celui qui est inspiré par l’écologie au moins depuis l’époque de son célèbre Oxygène en 1976, a décidé de se rendre en Israël la semaine dernière, afin de donner un coup de projecteur sur la situation catastrophique de la mer Morte. « Il y a deux ans, j’ai rencontré des gens de la région de Massada, et j’ai été très touché par ces personnes qui m’ont raconté dans quelle situation se trouvait la mer Morte, qui est un endroit extraordinaire, visuellement et géographiquement. Elle baisse de niveau à raison d’1m20 par an. Dans quelques années on pourra marcher de la côte israélienne à la côte jordanienne car il n’y aura plus d’eau, et finalement personne n’y fait attention » s’alarme l’intéressé.

Chaque mouvement artistique a toujours été le reflet de la société dans laquelle il évolue. C’est vrai pour le jazz, pour le rock, et ça doit l’être aujourd’hui pour la musique électronique.”

Grâce à ses nombreux claviers et à un show visuel toujours spectaculaire, le producteur a tenté de faire prendre conscience aux gens de la gravité de la situation environnementale, non d’une manière « plutôt chiante, mais de manière poétique, romanesque. Je pense que c’est par la société civile, par des actions, qu’on peut faire passer un message qui ne soit pas un discours anxiogène. Ce discours anxiogène, il a peut-être été nécessaire à une époque, mais je pense qu’il faut le relier aujourd’hui à quelque chose de beaucoup plus global […] et c’est là où les artistes ont un rôle à jouer, pour sortir de ce côté dogmatique. Chaque mouvement artistique a toujours été le reflet de la société dans laquelle il évolue. C’est vrai pour le jazz, pour le rock, et ça doit l’être aujourd’hui pour la musique électronique. » confirme-t-il, avant de faire le lien avec les différents festivals qui s’engagent de plus en plus dans les questions environnementales, à l’image du DGTL, ou du We Love Green. « À partir du moment où l’on s’aperçoit qu’on a une résonance à travers un festival, à travers un collectif, cela permet d’être plus crédible et de faire passer nos convictions. Quand un festival s’implique dans une cause écologiste, je pense que ça a un impact car ça passe à travers la musique, à travers les émotions, et on touche le cœur plutôt que la tête. »

Pari réussi, donc, pour l’artiste aux 80 millions de disques vendus, puisque la mer Morte pourrait, selon lui, être inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. «  C’est un processus qui est assez long mais je pense que c’est en bon chemin. » On l’espère.

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