Pourquoi il faut aller voir George FitzGerald explorer les confins de la musique électronique au Badaboum

Écrit par Lucien Rieul
Photo de couverture : ©D.R
Le 05.11.2018, à 10h52
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Écrit par Lucien Rieul
Photo de couverture : ©D.R
L’un des grands de la musique électronique anglaise, George FitzGerald, offre une date exceptionnelle au Badaboum le 29 novembre prochain. Suite à la sortie de son second album, All That Must Be, en mars dernier, l’artiste est parti en tournée avec son groupe. Aux morceaux mélodiques et mélancoliques, cet opus raconte les derniers bouleversements de sa vie : la naissance de ses enfants et un retour à Londres, après avoir vécu dix ans à Berlin.

Cette interview est initialement parue dans le numéro 209 de Trax Magazine.


Ton dernier livre ?

1Q84 de Haruki Murakami. C’est assez surréaliste. Ça se passe au Japon, dans une société très stricte d’où cette fille
parvient à s’échapper… C’est très bien, mais aussi très lent. Le détail étrange, c’est qu’une photo de mon ex a été utilisée pour illustrer la couverture de l’édition internationale. Toute une histoire – au début, elle n’était même pas au courant… Bon, j’avais donc ce bouquin dans mon appartement depuis des années avec l’intention de le lire. Enfin, c’est une autre édition que celle avec le visage de mon ex. Ça aurait été vraiment bizarre (rire)…


Ta dernière idole ?

J’ai toujours admiré Billy Corgan des Smashing Pumpkins. De toutes les idoles que j’aie pu avoir quand j’étais petit, ça doit être l’une des seules dont je ne me dis pas « hum, c’était embarrassant. » C’est un vrai artiste : maximaliste, intransigeant. Sur certains albums, il écrivait les chansons, enregistrait le chant, les guitares, la batterie… Il faisait des centaines d’overdubs avec ses propres pistes. Cette volonté de ne pas penser aux limitations, c’est ce que j’aime chez lui.


Ta dernière décision pour prendre soin de toi ?

(Rire.) C’était il y a un bon bout de temps. Globalement, je dirais changer mon style de vie. Je ne veux plus être dans les clubs tout le temps. J’aime toujours y jouer, mais ça me rendait fou à force. Maintenant, je passe beaucoup plus de temps en studio. Je suis devenu une personne normale, avec une routine et des horaires. Je rentre chez moi le soir, je dors dans mon lit, et le lendemain, je retourne au studio. Mentalement, ça me fait un bien fou.


La dernière fois que tu t’es complètement lâché sur le

dancefloor ?

Quand tu es DJ, tu finis par t’habituer à juste rester debout derrière les platines. Tu perds ta connexion à la danse. Une fois tous les quelques mois, je me force à aller au milieu du dancefloor, plutôt que de chercher un coin discret pour me planquer. La dernière fois, c’était aux alentours de Noël, à la warehouse party de Hinge, le label de Joy Orbison. C’était génial, les DJ’s étaient parfaits, et ça me rappelle que c’est ça qui m’a amené à la culture club en premier lieu.


Ton dernier coup de gueule ?

Je sais que c’est un peu cliché, mais c’est le Brexit. J’ai beaucoup voyagé en Europe, j’ai habité à Berlin, et je me suis réinstallé à Londres récemment. Je me sens vraiment Européen, et de voir ça m’être dérobé, au ralenti, c’est très dur. C’est dur de ne pas être en colère contre ça. Tu ne peux pas acheter un journal qui n’ait pas le mot Brexit en Une, ou dans un article, ou dans tous les articles : Brexit, Brexit, Brexit… Les gens en parlent tout le temps. C’est comme une plaie ouverte, je voudrais juste qu’elle se referme. Que ça disparaisse, que ça ne soit jamais arrivé.


Ta dernière baston ?


Je ne me souviens pas. Je peux m’emporter, mais pas trop avec les poings. Ça devait être… Il y a quinze ans ? Ah, non ! C’était à Berlin, il y a cinq ans. Un type m’a frappé au visage sans raison, alors que je rentrais chez moi. Pas le plus agréable des souvenirs (rire). J’ai eu un sale mal de crâne le lendemain, mais rien de trop grave.


Ta dernière peur ?

Il y a eu un changement fondamental dans ma vie, c’est le fait d’avoir des enfants. J’ai deux filles, de 2 ans et demi et 6 mois. J’essaie d’éviter de devenir un parent chiant, mais tu ne peux pas t’empêcher de penser plus souvent aux risques que tu prends. Par exemple, j’ai annulé quelques dates à Istanbul il y a un an, quand il y a eu la fusillade dans un club. Avant, j’aurais juste dit « fuck it », j’y vais, ça ira. Là, c’était la première fois que je ressentais cette peur pour mes enfants, s’il m’arrivait quelque chose. Bon, je suis retourné à Istanbul depuis et tout s’est bien passé.


Ton dernier album ?

Positif. Rentrer à Londres, devenir père, ce sont des grands changements, des défis, mais tout est positif. Ça affecte forcément ce que je fais. Je tente aussi de nouvelles approches avec de l’acoustique, des superpositions de boîtes à rythme et de batterie, des captations live… J’ai l’impression que l’on arrive à la fin de cette passion pour les synthés analogiques, même si moi aussi, j’adore ça. Ça me fait sourire quand j’entends encore des gens dire que la techno est la musique du futur. C’est le cas pour certains, mais chez la plupart, c’est le son du futur d’il y a vingt ans.

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