Un rapport, publié mardi dernier par la Recording Industry Association of America (RIAA pour les intimes, une association qui défend les intérêts de l’industrie du disque aux États-Unis), dresse le bilan de l’année 2015 de l’activité musicale outre-Atlantique.
Sans surprise, l’économie musicale américaine continue de glisser inexorablement vers un modèle presque entièrement numérique, 70% des revenus provenant d’une large palette de plateformes et autres services en ligne. Avec 11 millions d’abonnements payants supplémentaires, l’année 2015 a également connu le franchissement symbolique de la barre du milliard de dollars générés, et ce uniquement du côté des abonnements payants. Le crû 2016 s’annonce tout aussi prometteur, puisqu’au seul titre du mois de décembre dernier, 13 millions de nouveaux abonnements (payants ou non) ont été souscrits.
Pourtant, alors que la consommation musicale explose (voir le tableau ci-dessous), les revenus à destination des producteurs n’ont pas suivi le même rythme, note Cary Sherman, le PDG de RIAA. “En 2015, les internautes ont streamé des centaines de milliards d’heures d’audio et de vidéo, via des services numériques prenant en charge la publicité tel YouTube, mais les revenus de ces services ont été maigres – bien moindres que pour d’autres types de services musicaux”, écrit-il en marge du rapport.
Source : Nielsen.com
Pire, l’écart relatif entre les augmentations des revenus et de la demande aurait tendance à se creuser. En clair, cela signifierait que les revenus générés par le streaming gratuit n’augmenteraient pas aussi rapidement que le nombre d’écoutes effectuées chaque année par les internautes, en témoigne le graphique ci-dessous :
Source : Medium.com
Même constat du côté du téléchargement payant, grignoté chaque année un peu plus par l’évolution du streaming. De 2,8 milliards de dollars en 2013, les revenus associés ont fondu chaque année d’environ 250 millions de dollars, pour atteindre un peu plus de 2,3 milliards en 2015. Si le marché du digital croît en volume, ce n’est pas au bénéfice du téléchargement payant, et ce n’est donc certainement pas les artistes qui en profitent.
Source : The Recording Industry Association of America (RIAA)
Cary Sherman écrit encore, schéma à l’appui : “Besoin d’une preuve supplémentaire que de profondes distorsions sont à l’oeuvre sur le marché ? L’an dernier, 17 millions de vinyle, un format qui bénéficie d’un nouveau souffle, ont généré plus de revenus que des milliards et des milliards d’écoutes streamées : 416 millions de dollars par rapport à 385 millions pour les flux streamés.”
Source : Digital Music News
Entre le streaming, qui tatônne encore à la recherche d’un modèle économique stable et viable à long terme, et l’inexorable recul du téléchargement payant, force est de constater que cette manière de consommer de la musique ne remplit pas encore bien son rôle, à savoir rémunérer les artistes, premiers acteurs de la chaîne. Peut-être faut-il regarder encore un temps du côté du vinyle qui, en plus de connaître un nouvel âge d’or, pourrait bien bénéficier d’un second pic de croissance avec l’arrivée prochaine d’un vinyle haute définition. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.