Le groupe Super Parquet naît de la rencontre entre Louis Jacques, joueur de cornemuse, Julien Baratay et Simon Drouhin, musiciens électroniques, au CEFEDEM de Lyon. Bien vite, le trio s’adjoint les talents d’Antoine Cognet au banjo, un habitué des bals populaires depuis son plus jeune âge. « Avec Simon, on a découvert les bals grâce à Louis en 2011. On ignorait tout de ce milieu », raconte Julien. « On a été marqués d’abord par cette communion intergénérationnelle dans la danse, puis par l’effet de communauté, qui fait qu’on retrouve les mêmes personnes de bal en bal. Il y a peut-être un parallèle à faire avec les free parties, dans le sens où les gens se réunissent, souvent en milieu rural, pour danser sur des musiques répétitives ». Car au-delà de cette ressemblance culturelle, « le coup de foudre entre le trad et l’électronique s’est fait grâce à des phénomènes sonores communs : la répétition et le drone ».
Se défendant de l’idée d’une fusion superficielle, le groupe mène au contraire une réflexion profonde sur la musique populaire, d’hier et d’aujourd’hui, qu’elle soit acoustique ou électronique. « Le bourdon, ou drone en anglais, ce moyen de tenir les mêmes notes en continu, est constitutif de beaucoup de musiques traditionnelles mondiales ainsi que des lutheries qui en sont à l’origine. Et si le drone est devenu un style à part entière de musique électronique, c’est parce que les synthétiseurs sont aussi capables de créer cet effet d’accord continu », décrypte Julien. Le résultat est une musique indé, protéiforme, puisant tantôt au minimalisme répétitif d’un Steve Reich, tantôt à l’amour du dancefloor, ou du parquet de la piste de danse. C’est d’ailleurs cet amour, commun dans les musiques populaires et électroniques, qui donne son nom au groupe : Super Parquet, en hommage au son des danseurs sur la piste, qui claquent du pied sur le sol pour marquer les temps de la bourrée, danse traditionnelle du Massif central.
Aussi, la musique de Super Parquet apparaît comme une manifestation nouvelle, hybride, électroacoustique du revivalisme, ce retour aux danses et musiques traditionnelles qui a repeuplé les bals trad depuis les années 1970. En cela, elle pourrait être comparée aux musiques électroniques du Maghreb auxquelles Trax Magazine dédiait son numéro d’octobre dernier : « Aujourd’hui il existe de plus en plus de musiques électroniques territorialisées, qui présentent des éléments caractéristiques d’une culture particulière autre que la culture électronique », affirme Louis. Cette forme de cohabitation dans la musique s’observe aussi à travers le public de Super Parquet, comme l’observe Louis : « entre ceux qui connaissent les danses trad et les autres, il y a une confrontation d’univers et de gens. Quand on a tourné en squats, les gens du trad sont venus à nos concerts et ont découvert ce milieu, comme Julien et Simon avaient découvert le milieu trad avant ça. Ce qui est intéressant, c’est l’interpénétration de deux communautés musicales et humaines ».
Après deux EP parus en 2014 et 2015, dont un premier signé chez Pagans, et une liste de dates longue comme le bras, le quatuor regagne les studios pour enregistrer un premier album, équilibre entre reprises issues du répertoire trad, adaptations et créations originales avec, selon Julien, « un bon ratio de musique qui cogne et de moments dronés sans concession ».
Super Parquet reprend une tournée de concerts en février, retrouvez leurs prochaines dates sur leur page Facebook.