Introduction : Flora Santo
Texte et photos : Estelle Chauffour
« La photographie m’accompagne partout, elle me permet d’immortaliser des instants pour en faire des souvenirs durables, ça me rassure quelque part de garder une trace de ces moments. J’utilise ce moyen d’expression depuis que je suis petite et il y a quelque temps, après un très long voyage, j’ai réalisé que j’avais besoin d’aller plus loin dans ma pratique, de la faire évoluer, d’expérimenter et finalement d’en faire mon métier, c’était en fait une évidence sous mes yeux depuis longtemps.

Je ne vais pas en soirée pour faire des photos, j’y vais pour la soirée, mais j’ai toujours un point and shoot dans ma poche, tout est automatique, la photo est prise sur le vif. Faire partie de la foule est un avantage, la complicité s’installe facilement avec les gens photographiés, l’appareil n’est pas perçu comme intrusif et l’échange, qu’il soit verbal ou par le regard, est toujours bienveillant. Parfois je déambule, l’appareil à la main, cherchant des scènes à photographier, parfois je danse et je déclenche mon appareil car je capte quelque chose qui m’intéresse autour de moi.


Cette série est composée de photos prises entre 2017 et 2020 : entre la BP à Paris, la sortie du Méta à Marseille, un after improvisé au parc de la Villette, une Possession dans une zone industrielle ou encore la fête de la musique avec Bruits de la Passion à Vincennes. Elles sont toutes prises en extérieur et souvent de jour, histoire de contrer l’idée reçue qui serait que la fête c’est forcément la nuit et en club… D’ailleurs j’adore le format midi-minuit.



J’aurais du mal à ranger mon travail dans un genre photographique, en fait je ne le fais pas car j’aurais peur de me restreindre. Côté technique, j’aime autant le numérique pour sa praticité que l’argentique qui permet l’utilisation de différents formats, pellicules et appareils que j’utilise suivant les conditions de prises de vues et mes envies du moment… Il y a aussi l’excitation procurée par l’attente du développement des négatifs. J’ai récemment shooté les photos de presse de l’artiste Jardin, publiées dans Bad to the Bone Magazine et j’ai entre autres des projets en cours avec des artistes de musique électronique.

Comme la plupart des gens je crois, j’arrive à bout de patience de toutes ces restrictions. Regarder ces photos me rend nostalgique, mais ça me fait aussi sourire : savoir que ça a existé et que ça reviendra un jour, que l’on retrouvera ce sentiment de liberté et de lâcher-prise, que l’on pourra de nouveau s’engouffrer dans une foule, se défouler, danser avec des ami.es, des inconnu.es, évacuer nos pensées… Je pense aussi aux artistes, aux collectifs, grâce à qui cela est possible en tant normal, mais qui sont en ce moment privés de leur travail, de leur moyen d’expression. On n’a qu’une envie, c’est que ça reprenne ! »



Le travail d’Estelle Chauffour est à retrouver sur son site Internet ou sur son compte Instagram.