Luciano @ Mont Fort, Polaris Festival (par aDee)
L’arrivée se fait en douceur, facilitée par l’organisation de la ville qui avait pris ses dispositions, dès l’aéroport de Genève ou la gare de Martigny, pour accueillir ces 1 500 festivaliers présents du 11 au 12 décembre 2015. Elle se fait le vendredi soir avec, dans la tête, les superbes images d’un Luciano qui jouait la veille devant les cimes des montagnes suisses à 3 300 mètres d’altitude. On se dit qu’accompagné de Carl Craig, ce que nous avons raté ce vendredi soir-là au Mouton Noir (the place to be) devait être assez inoubliable.
Mais pas d’inquiétude, le reste du line-up promet de belles surprises. Mirko Loko, programmateur en personne du Polaris, nous précise : “Seth Troxler, Luciano, Carl Craig ou Cesar Merveille, tous sont des artistes dont je suis très proche et Laurent Garnier est un mentor depuis toujours. L’idée était de se réunir entre potes, à la montagne, dans un cadre magique. Sans oublier tous les artistes suisses qui représentent plus de la moitié de la programmation et que l’on avait vraiment envie de mettre au centre du projet.”
On se rattrape à l’Étoile Rouge, la boîte incontournable de Verbier, qui abrite une partie de cette scène électronique suisse : une bande de potes composée de Kun, La Foret et Andrea Oliva qui fait bouger une majorité de clubbers bien chauds, sur le dancefloor ou à leur table respective. Un constat se fait rapidement : la musique – majoritairement tech house –, autant que l’ambiance, nous renvoient immédiatement au temple du clubbing mondial, Ibiza. L’Étoile Rouge ferme ses portes autour de 4h du matin, comme le Carve Club, une autre alternative située non loin.
Le lendemain, c’est sur les skis que nous attaquons le festival, en glissant sur les pistes d’un domaine partiellement ouvert grâce aux premières neiges, et c’est un régal. Un arrêt restauration au chalet Carlsberg avec une vue imprenable sur les montagnes suisses (et au fond, là-bas, le Mont Blanc même), puis nous déchaussons quelques heures plus tard devant le Mouton Noir, où nous attendent, derrière les platines, Seth Troxler, Mirko Loko et Cesar Merveille dans un joyeux bordel.
Le dancefloor éphémère, sur la terrasse de ce restaurant perché à 2 200 mètres d’altitude, affiche complet : l’ambiance est à la fête, le système son est massif, les bars sont pris d’assaut, la terrasse sonorisée aussi et les trois amis DJs se passent les platines comme à la maison, à Ibiza. Et comme à Ibiza, au bout d’un moment, on finit par s’ennuyer un peu. On parvient tout de même à capter cet amusant remix du tube de Hall & Oates, que nous jouons souvent aussi (cf : la vidéo Instagram juste en dessous), ou l’un des cartons les plus joués cette année dans le monde électronique, « Marvinello » de Michel Cleis & Klement Bonelli.
Puis, l’un des moments les plus attendus arrive enfin : le set de trois heures de Laurent Garnier qui réveille tout le monde. Le meilleur DJ français grommelle, parfois parcouru de spasmes ; il est comme habité par les titres qu’il joue et ça nous fout la banane. Mieux, l’heure est venue pour lui de nous faire prendre la sortie d’autoroute direction le monde coloré de Garnier, celui sans frontière de genre (shout out à la session hip-hop), aux rythmiques inlassablement efficaces et aux mélodies qui ne ratent jamais leur cible. Moment de grâce : quand la team du Polaris fait asseoir le public jusqu’à que le beat revienne et fasse exploser la foule, comme dans un concert de rock.
On prend le téléphérique pour redescendre en station, on contemple la beauté nocturne de Verbier, petite ville luxueuse qui pourrait presque compter un nombre de commerces et d’activités supérieur à celui des logements. Au pied du téléphérique, on trouve ce qui se définit comme un after – à condition de ne pas regarder sa montre, il est 22h. Au café Médran, c’est un autre pendant du crew de DJs suisses qui fracassent les enceintes (semblant dénuées de restrictions de volume) avec une bonne micro-techno à tendance roumaine. Ça sent la sueur du bateau du port de la Rapée, version intimiste. Destination finale : l’Étoile Rouge, une nouvelle fois, pour un set surprise de Luciano, Mirko Loko et Cesar Merveille jusqu’au petit matin.
Luciano @ Mouton Noir, Polaris Festival (par aDee)
« Les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens », déclarait Raphaël Nanchen au 20 Minutes suisse, organisateur du Polaris et cofondateur du festival Caprices de Crans-Montana. « Une première édition, c’est toujours l’inconnu. Les gens ont répondu présent en masse. Les bars ont fonctionné au-delà de nos attentes. Financièrement, on devrait donc s’en sortir », poursuit-il, avant que le quotidien ne précise que l’événement a été monté avec un budget de 500 000 francs.
Un succès pour ce festival, donc, qui peut encore s’améliorer selon Nanchen (notamment sur les afters), et qui sera reconduit en 2016 avec une possible édition estivale, « Solaris ». Tout bon, tout schuss.