Plastic People : La photographe Georgina Cook raconte ses plus beaux souvenirs du club culte

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©Georgina Cook
Le 12.08.2021, à 12h17
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©Georgina Cook
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Photo de couverture : ©Georgina Cook
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Juste avant que les réseaux sociaux n’explosent tout, les clubbeurs n’avaient que peu de traces de leurs nuits folles. De 2004 à 2008, la photographe Georgina Cook s’occupait de graver des souvenirs aux légendaires soirées FWD>> de Plastic People, alors meilleur club du pays dont la légende est racontée en long, en large et surtout en travers dans notre nouveau numéro du magazine. Ici, la trentenaire, qui vit désormais sur la côte Sud-Est anglaise dans un appartement bercé par le cri des mouettes, raconte ce que c’était que d’être une femme photographe dans un club rempli presque uniquement d’hommes. Et avec très peu de lumière.

Propos recueillis par Thomas Andrei

Vous souvenez-vous de votre première fois à Plastic People ?

Oui, c’était pour une soirée FWD>> (“forward”, ndlr) en 2004. J’étais un peu nerveuse car j’étais une des premières femmes dans cet environnement, même si FWD>> était géré par une femme, l’incroyable Sarah Lockhardt. Mais les gens étaient là pour écouter de la musique. Tout était concentré sur le son. On était une communauté. Les videurs étaient très gentils avec les habitués, Ade, le patron, nous disait bonjour depuis derrière le bar. Je ne me suis jamais sentie mal à l’aise à Plastic People. Les gens prenaient peu de drogue, ce n’était pas une ambiance de rave. C’était le jeudi soir et je travaillais le lendemain. J’étais photographe pour un journal local : South London Press. Ça finissait vers 1h ou 2h et je conduisais. À la fin de la soirée, on allait au bagel shop à Brick Lane ou à celui vers Elephant & Castle. On s’arrêtait souvent plusieurs fois en chemin. À 3h du matin, j’étais à la maison. 

Comment était l’ambiance ?

On sentait la fumée mais aussi le bois du club, qui était bien entretenu. Et puis c’était tout noir. Il y avait très peu de lumière : une célèbre lumière orange sur le plafond et une derrière le booth, de la même couleur. Et de petites lumières on the decks pour que le DJ puisse quand même voir ce qu’il faisait. C’était immensément agréable de danser là-dedans. Tu ne faisais pas attention à ton apparence. Tu perdais tes repères, le son était le plus important. Tout le monde avait un spot préféré. Moi, c’était souvent sur la gauche. Mais je devais me balader pour les photos. C’était très dur de prendre des photos dans le noir. Je n’aime pas utiliser de flashs où que ce soit et, dans un club, ça tue la vibe. J’essayais de faire sans, en utilisant les très rares lumières disponibles, mais j’étais parfois obligée. J’aveuglais tout le monde ! J’ai plein de photos avec des gens qui se cachent les yeux. Comme j’étais une habituée, ils me pardonnaient, ils étaient gentils. En rentrant, je mettais tout de suite mes photos en ligne, donc les gens savaient pourquoi j’étais là. La plupart d’entre eux aimaient les photos.

Quelle est la plus belle chose dont vous avez été témoin à Plastic People ?

Facile. C’est le soir où Mala a joué “Midnight Request Line” de Skream. Il y avait JME, Skepta, Wiley et Skream qui étaient là dans la cabine. Voir leurs réactions à l’écoute du morceau, c’était extraordinaire. Ils faisaient des gun fingers. Eux mêmes trouvaient ça incroyable. Tout le monde était très excité. C’était un petit morceau d’histoire, des crews de dubstep et des crews de grime qui s’unissaient autour de morceaux qui brisaient les genres.

Cela prend souvent du temps aux gens pour répondre à cette question. Mais vous, ça vous a pris seulement une seconde. Comment expliquez-vous que ce soit si évident pour vous ?

C’est quelque chose dont on parle beaucoup dans les livres de théories de la photographie : tes souvenirs deviennent la photo que tu prends. Tu prends des photos pour te souvenir des choses, mais les photos deviennent les seuls souvenirs qu’il te reste vraiment. C’est frustrant, en fait, parce que j’ai désormais du mal à me souvenir de choses dont je n’ai pas de photos. C’est parce que j’ai pas mal de photos de ce moment-là que ça jaillit aussi vite dans ma tête. Cela dit, j’ai une autre réponse à cette question. J’étais assise à côté de SGT Pokes sur la droite du dancefloor, il y avait une sorte de grosse boîte en bois, tout au long du mur. Les vibrations de la basse ont commencé à grimper dans mon derrière. J’étais morte de rire et je me souviens lui avoir dit « la basse grimpe dans mes fesses ! ». Je n’ai pas de photo de ça…

Georgina Cook vient de lancer un crowdfunding pour publier un livre de ses photos de la scène dubstep prises notamment au Plastic People. Vous pouvez soutenir ce projet juste là.

La grande histoire de Plastic People est à lire dans le numéro 232 de Trax, disponible en kiosques avec sa double couverture et sur notre store en ligne.

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