À voir : les rares images des toutes premières raves parisiennes de 1992 à 1995

Écrit par Simon Clair
Photo de couverture : ©Meyer
Le 06.04.2020, à 17h21
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©Meyer
Écrit par Simon Clair
Photo de couverture : ©Meyer
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Il aura fallu un quart de siècle au photographe Meyer pour se décider à divulguer cette série capturée entre 1992 et 1995, dans l’obscurité épaisse des hangars de Gennevilliers. Son recueil Lunacy est paru en mai 2019 aux éditions Loco, grâce au financement participatif. Un coup de flash incandescent sur les premières raves en France.

Cet article est initialement paru en juin 2019 dans le numéro 222 de Trax Magazine, disponible sur le store en ligne.

C’est au départ une histoire comme en vivent des milliers de jeunes. Au tournant des années 90, Meyer décide de quitter le Gard de son enfance pour monter à Paris et vivre de la photographie. Mais ce qui l’attend là-bas, c’est un bouleversement esthétique et musical. Lui qui a grandi avec la culture rock de ses parents découvre les premières rave parties. Elles lui font l’effet d’une bombe. Leurs noms exotiques sont autant de promesses de destinations inconnues : Xanadu, Mozinor, Soma ou même Invaders. Mais ce sont surtout les soirées Lunacy, dans la zone industrielle de Gennevilliers, qui lui donnent aussitôt l’impression « d’appartenir à quelque chose de nouveau, de dangereux et de totalement vierge. »

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©Meyer

Dès lors, il arpentera inlassablement ces nuits, l’appareil photo en bandoulière, sans vraiment réaliser que ses clichés serviront un jour de témoignage posthume. « Dans ma démarche, il n’y avait aucune envie de garder une trace de tout ça. C’étaient des photos prises un peu machinalement. Je commençais tout juste dans la profession, donc je pratiquais de manière inconsciente. En plus, les soirées étaient clandestines, il était hors de question pour moi d’exploiter ces images. C’était de l’ordre du secret. À l’époque, je n’ai jamais vendu de photos à la presse. »

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Près de trente ans plus tard, on peut estimer qu’il y a prescription. Mais difficile, en effet, de ne pas ressentir à la découverte de ces images l’impression de pénétrer les coulisses d’un rituel sacré. On y voit des visages, des corps et des regards perdus dans l’obscurité, comme dévorés par la nuit. « Les soirées se passaient en partie dans la pénombre, donc les photos sont naturellement surchargées en noir. J’avais envie que les images soient plongées dans cette espèce de magma, qu’elles restent dans le cadre du dancefloor et de ce qu’il a de mystérieux. La nuit, on ne saisit pas forcément toutes les choses de manière claire, il y a une forme d’ambiguïté que je voulais retranscrire. » À croire que la lumière se niche toujours au fond des ténèbres.

Lunacy, par Meyer et Erwan Perron (éditions Loco, 96 pages), 30 €, à vendre sur editionsloco.com

Trax 222, juin 2019
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