Photographie : Julie Montel traque l’amour et le punk des soirées warehouse

Écrit par Briac Julliand
Photo de couverture : ©Julie Montel
Le 20.12.2018, à 13h58
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©Julie Montel
Écrit par Briac Julliand
Photo de couverture : ©Julie Montel
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Trax lui a confié son compte Instagram le temps d’un week-end, dans le cadre d’une série de takeovers par des photographes du monde de la nuit : si Julie Montel dispose d’une multitude de casquettes (actrice, bookeuse, directrice de label), c’est en tant que photographe, son occupation principale, qu’elle erre dans les warehouses pour rendre compte des moments qu’elle vit.

Son métier d’actrice ne l’empêche pas de chasser la mise en scène. En soirée, Julie Montel ne cherche pas à mettre en scène : elle chasse, emmène son objectif dans chaque recoin, aux détours de couples et de murs vétustes de warehouses, pour capturer l’essence de la soirée avec ce qui la caractérise. À la recherche du singulier, elle compose avec l’instant. Également directrice de Petite Records, ancienne bookeuse et chargée de relation presse pour d’autres labels (DGA FÄU et Fake Øut records), elle côtoie le milieu de la nuit depuis longtemps. Un monde qui n’a plus de secrets, ou presque, pour elle, ce qui lui procure l’aisance qui caractérise son modus operandi, et l’évidence qui émane de ses images.


© Julie Montel

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Comment as-tu commencé à faire de la photo en soirée ?

Je sais pas vraiment… J’ai fait beaucoup d’argentique quand j’étais à Barcelone, pendant 4 ans, et puis j’ai pris goût au voyage et c’est vite devenu une habitude. Puis je suis rentrée vivre à Paris, et j’ai fait une soirée à la Villette Enchantée. C’était le jour de l’an 2011 avec Marc Houle et Phil Dark… À un moment, j’ai pris l’appareil photo de ma copine, qui était là pour les vacances, et j’ai commencé à shooter. C’était un numérique, donc je n’avais pas l’habitude, mais j’ai quand même fini par mettre les photos sur le groupe Facebook de l’évènement, et on m’a contactée pour me demander de revenir dans un mois. J’avais pas de matos en dehors de mon argentique, mais j’ai tout de suite accepté. Par chance on m’a offert un boitier, et j’ai fait un prêt pour acheter le reste. C’est parti comme ça.


© Julie Montel

Donc tu as commencé avec les clubs, mais une bonne partie de tes photos sont prises en warehouse, c’est ce que tu préfères ?

Oui, c’est beaucoup plus libre, les gens se regardent moins, c’est pas du tout la même ambiance qu’en club… Après je pense qu’il faut savoir doser entre les deux, mais en tant que photographe il y a aussi une question de public. Par exemple, je trouve que le public de Concrete est trop jeune.
Enfin ça dépend des soirées évidemment, j’y suis allée rien que ce week-end, mais j’ai tendance à préférer shooter les gens qui vont en warehouse. Il y a beaucoup plus de matière, les gens se lâchent plus, c’est moins encadré… Cependant certaines salles sont particulières, j’adore le concept de la Gaîté Lyrique justement.


© Julie Montel

On trouve beaucoup de portraits dans ton travail. Il y a d’ailleurs pas mal de queers, c’est un public que tu affectionnes ?

Ouais, j’adore capter les gens sur le vif, et les queers ce sont les meilleurs, c’est un public incroyable et beau. Je fais attention à ne pas tout poster : une fois, j’avais pris une super photo de deux mecs qui dansaient l’un derrière l’autre, sauf qu’on aurait dit qu’ils niquaient. Donc j’ai demandé à plusieurs personnes, et j’ai décidé de pas la poster.
C’est pas parce que certains jouent là dessus en soirée, qu’il faut poster des trucs dont l’interprétation est fausse. En plus c’était des potes, alors bon. Mais je n’aime pas le scandale pour le scandale : parfois je vois des super photos, mais c’est vraiment un truc facile et ça m’énerve.

Mais qu’est-ce que tu trouves chez eux, particulièrement ?

Il y a un côté punk, je trouve. Gavin Watson est une grosse influence pour moi, c’est un photographe du mouvement punk. D’où l’argentique d’ailleurs. Même si la mouvance techno ne s’inscrit pas vraiment dans le même registre, il y a quelques similarités je trouve.


© Julie Montel

Comment te comportes-tu en soirée pour capter ces moments ? Te fais-tu plutôt discrète ou préfères-tu attirer l’attention ?

Je suis plutôt discrète, j’aime pas trop qu’on m’emmerde. D’ailleurs les photos de groupe, ça me saoule assez vite, d’autant plus que certains peuvent être assez agressifs. Ça m’est arrivé plusieurs fois de me faire prendre le bras par un type qui finit par me faire un bleu, alors maintenant je dis « oui, oui », je fais leur photo, ils oublient et on se revoit jamais.

Comment ce genre de situation influence ton rapport à la photographie ?

Quand je danse, en tant que clubbeuse, je veux pas qu’on me touche. Donc trouver des gens un peu seuls, ça me parle, c’est pour ça que je fais beaucoup de portraits. Pareil, je travaille avec mes contraintes de vie : j’ai pas de voiture, donc dès que je suis dans un endroit en dehors de Paris je trouve plein de trucs à faire. Même si j’adore l’architecture, c’est le public qui est le plus agréable à photographier en soirée.

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