Entre la photo et la vidéo, Julia et Vincent travaillent ensemble depuis 2014 à redonner du glamour à la brillance des années 1980. Une esthétique volontairement kitch et assumée qu’ils transmettent à travers leurs clips, portraits et natures mortes. Après avoir travaillé avec Myth Syzer et en collaboration avec l’agence créative Golgotha sur un calendrier 2019 très sensuel , le duo basé à Paris prévoit de sortir en novembre prochain un recueil de photos au nom évocateur “EROTISH”, disponible en précommande.
Comment vous êtes-vous rencontrés ? Comment procédez-vous pour travailler en duo ?
Julia : On s’est rencontrés à Strasbourg en études d’art appliqué. Ensuite j’ai travaillé dans une agence de communication en tant que directrice artistique (DA). Après cette école, Vincent a fait l’école des Gobelins. On s’est mis à faire de la photographie en parallèle de nos études, parce qu’on aimait inventer des univers. On a commencé à travailler ensemble à l’école et ça s’est fait assez naturellement. Au début, on bossait plutôt séparément. Vincent était plus photo que moi au départ. Maintenant, on en fait tous les deux. La DA on la fait aussi ensemble.
Vincent : Oui, maintenant on fait les mood boards ensemble. Après, on a forcément nos spécialités chacun de notre côté. Julia est plus attentive au stylisme ou au makeup, tandis que moi, je suis plus sur les choix techniques comme les lumières.
Vous êtes plus issus de la culture pop, mais vous avez aussi travaillé avec des rappeurs, comme par exemple sur des clips de Myth Syzer (“Le code”, “Coco Love”…). Avec quels autres artistes de rap avez-vous collaboré ?
Vincent : On a également réalisé le clip de “Validé” pour Hamza. Et avec Myth Syzer, on a travaillé parallèlement avec Ichon, Bonnie Banane et Muddy Monk sur le clip de “Le code”. On a aussi réalisé toutes les photos de ses pochettes d’album, ses visuels et ses photos de presse.
Julia : Comme il n’était pas encore connu en tant que “chanteur/rappeur”, il y avait tout un univers à créer. Il n’avait pas encore d’image, et on s’est occupé de lui en créer une.
Est-ce qu’il y a d’autres rappeurs avec qui vous aimeriez travailler ?
Julia : Oui. On aimerait bien travailler avec des artistes qui n’ont rien à voir avec notre univers, comme Kaaris par exemple.
Vincent : Parce que Myth Syther reste encore adapté à notre univers. Ce qu’on aimerait faire, ça serait un clip pour un titre super street. On ne voudrait pas faire le clip de “Tshoin”, ou “Diarabi”, mais plutôt des clips pour des tracks bien hardcore de Kaaris comme “Chargé”, “Deux Deux”, ou des sons kickés de Jul.
Julia : On aimerait quand même respecter l’univers de l’artiste.
Vincent : Mais ça fait longtemps qu’on n’a pas fait de clip. On aimerait plus s’orienter vers des choses différentes de ce qu’on a pu faire auparavant.
Quels sont les genres et les formats sur lesquels vous aimez travailler ?
Vincent : Avant on faisait beaucoup de natures mortes. C’est les moments où on peut se retrouver juste tous les deux sans grosse équipe. Mais aujourd’hui on se diversifie plus, avec davantage de vidéo, de photos de mode, de photos de studio, de beauté, de make up par exemple… même des photos de voitures. On aimerait tout essayer pour éviter de faire tout le temps la même chose. Et il y a encore plein de choses qu’on aimerait faire !
Vous avez une esthétique très inspirée des années 1980. Comment vous la décririez ?
Vincent : Ce qui est bizarre, c’est que les gens pensent qu’on est très second degré dans notre esthétique, alors qu’on est très premier degré. Faire rire les gens c’est bien aussi, on est content de voir que les gens en rient. Mais nous on prend ça vraiment au sérieux. Et pour le style en soi, c’est un peu la croisée des mondes avec tout ce qu’on a dans la tête. Julia elle est plus pop, moi je suis plus rap. Ça fait un peu cliché.
Julia : Ouais, ça fait très fille/garçon [rire] !
Vincent : Moi je suis très natures mortes, voitures… Mais c’est ce mélange-là qui crée notre univers. Ce qu’on aime faire surtout, c’est mettre des sujets inadaptés dans notre travail.
Julia : Ou en tout cas inadaptés de prime abord.
Comme quoi par exemple ?
Vincent : Comme le clip de Myth Syther par exemple. Ce côté un peu 80’s et glamour, pour un rappeur, c’était pas encore très commun.
Quelles sont les œuvres qui vous ont inspirés ?
Julia : On a tiré notre inspiration principalement des films français des années 1980 qu’on aime. Des films comme L’été meurtrier, ou des films de Polanski, comme Lunes de fiel qu’on trouve très beau.
Vincent : On s’inspire aussi beaucoup de la publicité. On aime les grands réalisateurs de l’époque qui ont réussi à pousser une vision très esthétique dans des pubs pour des produits très populaires comme Kodak par exemple. Des artistes comme Jean-Paul Goude ou Helmut Newton qui a poussé cette identité visuelle folle très érotique jusque dans des pubs pour des tubes en PVC, des choses comme ça.
Et en musique ?
Julia : C’est les clips qui m’ont inspirée. Je les regardais tout le temps quand les clips passaient encore à la télé. Il y a aussi des vieux clips qui sont sortis quand on n’était pas nés et qu’on a découvert plus tard. Moi, c’est Madonna qui m’a énormément inspirée.
Vincent : Pour moi c’était surtout les clips mis en scène, très mainstream et en même temps un peu provocateurs dans le genre de System of a Down ou Marilyn Manson, qui m’a énormément fasciné quand j’étais plus jeune.
Parmi les clichés que vous avez partagé sur le compte Instagram de Trax, quelle image représente le plus votre travail ?
Vincent : La nature morte avec la cigarette, le couteau et la tomate. Il y a pleins de natures mortes dont on est très fiers qu’on a réalisé seulement tous les deux. Celle-ci, on l’a shootée chez nous pendant le confinement, donc ça nous rappelle de bons souvenirs [rire].
Julia : Ce cliché résume assez bien notre manière de travailler et ce qu’on aime faire ; prendre des objets du quotidien et les rendre un peu plus glamour.
Leur recueil “EROTISH” est disponible en pré-commande juste ici.