Artiste visuelle, photographe, directrice artistique, Alice Rosati aime raconter des histoires fantastiques par le prisme de son objectif. C’est à 4 ans que l’Italienne découvre sa passion pour la photo, lorsqu’à Noël son père lui offre son premier appareil jetable. Elle exerce la profession depuis 2009 et développe alors son esthétique autour de la sensualité des corps et des lumières, en collaborant notamment avec le monde de la mode. Début 2020, Rosati a publié son premier livre d’art I am a Mermaid mettant à l’honneur un personnage de sirène non genré et mystique à la combinaison dorée. Elle est basée à Paris depuis 5 ans.
Depuis quand fais-tu de la photo ?
J’ai toujours fait de la photo, mon père m’a offert mon premier appareil a l’âge de 4 ans le jour de Noël. C’était un appareil jetable des Tortues Ninja et sur chaque cliché s’imprimait un petit carreau avec les personnages. Professionnellement, je fais de la photo depuis 2009.
Quel matériel utilises-tu ?
D’habitude, je travaille à l’argentique : le Mamyia RB67 et le Mamyia 7 sont mes appareils préférés.
Quel est ton terrain de jeu préféré ?
Je suis assez éclectique, je fais de la photo, des performances, de la direction vidéo et des installations. J’aime beaucoup la mode mais mon terrain préféré est l’art contemporain. Je viens de publier mon premier livre d’art, I am a Mermaid, édité par Kahl Editions en janvier 2020.
Quel rapport entretien-tu avec les personnes que tu photographies ?
Mon but est de raconter des histoires. Les personnages que je photographie sont construits pour incarner un idéal/type à qui le public peut s’identifier. La relation entre photographe et modèle est très spéciale, il faut beaucoup de confiance et d’abandon des deux côtés pour être prêt à dévoiler une partie intime de soi-même, qui restera fixée dans le temps pour toujours.
Est-ce que tu prends des images sur le vif ou est-ce que tu préfères mettre les choses en scène ?
D’habitude je préfère la mise en scène, je prépare soigneusement les situations à photographier. C’est différent quand je fais des projets de reportage où il faut saisir l’intérêt et la beauté de quelque chose qui se passe devant soi, et surtout avoir la présence d’esprit de ne pas la laisser s’échapper.
Quel(s) logiciel(s) utilises-tu ?
Photoshop, Premiere et Capture one principalement.
Est-ce que tu travailles avec une ou plusieurs template(s) que tu appliques sur toute une série, ou carrément sur toutes tes photos ? (Par exemple : teinte, contraste, noir & blanc)
En travaillant en argentique je respecte presque toujours la chromie des pellicules. En ce qui concerne la vidéo je bosse avec des coloristes pour assurer le rendu souhaité du film. Je n’aime pas trop les presets, chaque projet est différent.
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Est-ce que tu recadres tes photos ?
Ça peut arriver, mais d’habitude j’utilise différentes optiques et j’essaye d’obtenir directement un bon cadre en prise directe.
Quel rapport entretiens-tu avec la nuit ?
Quand j’étais plus jeune je sortais vraiment beaucoup. Là je suis plus calme, mais la nuit a toujours été pour moi source d’une grande fascination. C’est un moment de la journée où les gens se transforment, ils sont plus libres, comme si l’obscurité pouvait révéler une autre face de leur personnalité – jusqu’à ce que les oiseaux se mettent à chanter, c’est là où le rêve se brise…
Quelle place tient la nuit dans ton travail ?
L’atmosphère de la nuit m’a toujours inspirée, les lumières colorées et strobo des clubs, les néons et les affiches lumineuses constituent une partie importante de ma recherche iconographique. J’ai habité 2 ans à Mykonos quand j’étais plus jeune, je prenais des photos des drag queens au Caprice en train de se maquiller, de se transformer. Ce côté performance/déguisement et la libération conséquente qui en découle est une constante dans mon travail.
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Quels lieux fréquentes-tu (concerts, clubs, soirées underground, free party, festivals, tiers lieux, squats…) ?
Durant mes années parisiennes j’ai fait beaucoup de soirées underground et dans des squats aux alentours de Paris, mais aussi des soirées liées au monde de la mode comme le Cicciolina, le Kaliante, les fêtes Miu Miu qui sont toujours les plus mignonnes de la Fashion Week, organisées par mon cher ami Dani Morla. Mais j’aime bien aussi des petits bars/clubs comme le Palais Bourbon où tout le monde se connaît et on a l’impression de faire la fête entres amis. J’aime aussi les gros clubs de temps en temps comme l’Amnesia à Ibiza – j’ai eu la chance de danser au Cavo Paradiso de Mykonos, où tu peux saluer l’aube face à la mer tandis que Ritchie Hawtin passe son dernier vinyle, ou encore au B018 à Beyrouth, où deux ailes géantes en béton s’ouvrent sur la pleine lune tandis que la piste danse dans le noir.
Est-ce que tu fais des photos en soirée ?
Évidemment, j’ai toujours une petite caméra avec moi !
I am a Mermaid, 112p., est disponible aux éditions Kahl.