Il est à peine 23 heures, ce vendredi 12 août à Barcelone, et déjà le festival s’offre un coup de folie dont les organisateurs se seraient bien passés. Alors que nous sommes arrivés depuis 20 minutes pour le premier jour du DGTL Barcelone, que KiNK est en train de défriser les danseurs sur l’Audio Stage, un mec sort de la foule, saute au-dessus de la barrière qui sépare les artistes du public, grimpe sur l’échafaudage et se met debout sur la rampe au-dessus de la scène.
Il est arrivé en haut en moins de 10 secondes. La sécu, de son côté, n’a rien vu. C’est seulement quand le type se met à danser, puis à se balancer sur la bâche qui abrite platines et machines, que les agents en t-shirt bleu réalisent, alertés par les clameurs du public.
Le festivalier fou profite au maximum de l’exposition et continue de se pavaner en faisant des saltos sur la toile fragile. KiNK n’a rien vu non plus. Pourtant, on est à deux doigts du drame. Quelques minutes de plus à se balancer, et il se serait sans doute écrasé sur les machines du Bulgare. Il finit par redescendre et se fait embarquer par la sécurité. KiNK lève la tête, pousse un cri halluciné, puis, rassuré, reprend son live.
Après cette entrée dans le vif du sujet, on part tester la cuisine végétarienne dont le DGTL s’est fait le champion. Et on s’excuse auprès de toutes les personnes à qui on a dit que les burgers végétariens ne valaient rien. En backstage du Digital Stage, la scène principale du festival, Mano Le Tough, qui vient de finir de jouer, approuve d’un hochement de la tête, la bouche et la main pleines d’un burger bien épais. On le soupçonne d’avoir usé de son privilège d’artiste pour s’offrir un double steak.
Des enceintes coule du dub, façon Rhythm & Sound, le projet reggae des Maurizio. C’est Dixon qui commence son set en douceur. Le patron d’Innervisions monte peu à peu la cadence, et emporte tout le monde dans un de ses mix dont il a le secret : jamais trop uptempo, toujours mélodieux, glissant même des vocals. Quasiment une hérésie pour les thuriféraires de la scène techno berlinoise. Inutile de se demander pourquoi Dixon est le DJ numéro 1 depuis trois ans : son atout principal, c’est la régularité. Alors qu’il fait partie des artistes les plus bookés du monde, l’Allemand ne déçoit quasiment jamais. On reste fidèles à la règle numéro 1 du festivalier : “Si le son te plaît, reste où tu es.”
A lire également : le DGTL fait le pari du 100% végétarien
Ici aussi la sécurité est débordée. Un espace entre les échafaudages a poussé les fans à se faufiler derrière les platines dès que l’agent de sécu, un peu trop occupé à sourire aux filles, tourne la tête. Sur scène, Dixon assure la transition avec Maceo Plex, qui démarre de manière un peu plus martiale.
On retourne sur l’Audio Stage pour glisser une oreille sur le back to back entre Joseph Capriati et Jamie Jones (à peine quelques minutes de marche pour aller d’un bout à l’autre du festival, vraiment appréciable). Le duo fonctionne moyennement, les vibes entre les morceaux étant un peu trop éloignées. On en tire aussi la confirmation que le petit Italien est un bien meilleur DJ que le grand Britannique.
Le samedi, nouveau défilé de têtes d’affiche au Parc Del Forum. Alors que Robert Hood tabasse sur le Stereo Stage, on démarre plus cool avec Agoria, qui nous offre un set bien trippy et mélodieux sur l’Audio Stage. Pendant que le Lyonnais prend des photos avec ses fans, l’Espagnol Edu Imbernon surprend avec un début de set hyper rythmé, et franchement très dansant. De retour sur le Digital Stage, on constate que l’agent de sécu a dû prendre une soufflante (il ne sourit plus à personne) et que la brèche de la veille a été colmatée par une barrière mobile. Après Oscar Mulero, Rødhåd et Âme arrivent aux platines pour un set de techno froide qui manquait un peu de soul pour notre vibe du moment. La soul, on la savait garantie du côté du Phono Stage, le seul avec vue sur le port, où officie Jeremy Underground. Avec ses disques de house old school, le patron du label My Love Is Underground enchante un public tellement francophone qu’on se demande un instant si on est vraiment en Espagne.
Tandis qu’un Doureuh ! résonne, on retourne sur le main stage pour le passage de relais entre Rødhåd et Âme et Nina Kraviz. Le backstage se remplit. Marcel Dettmann, qui vient de finir son set sur le Stereo Stage, vient lui aussi assister à l’échange avec sa bouteille.
Tout le monde se fait des câlins et la Russe démarre son set dans le même délire techno qui frappe, en version plus dubby, avant de virevolter sur des tracks plus acid pour finir la nuit en montée. Derrière la scène, Âme, Rødhåd et Dettmann trinquent avant d’aller rejoindre Ben Klock qui clôture la Stereo Stage.
Mais le meilleur moment du week-end était encore à venir. Le Brunch in the Park, dans les jardins suspendus sur Montjuïc, faisait office de closing parfait pour le DGTL le dimanche après-midi : Laurent Garnier y mixait pendant trois heures, au coucher du soleil. Faut-il vraiment en dire plus ?
Last but not least, le superbe aftermovie du DGTL.