Vendredi 15 octobre, 18h15, Amal s’engage sur le pont d’Iena à Paris. D’un geste nonchalant et lourd, la marionette géante de 3, 5 mètres (propulsé par la troupe de théâtre Good Chance Theatre visant à alerter sur le sort des enfants migrants) salue la foule qui l’entoure avant de longer la Seine jusqu’à Petit Bain, où la fête l’attend. Cette journée si particulière illustre parfaitement le projet de départ du bateau : faire de la fête un moment solidaire et joyeux, où les musiques du monde entier se retrouvent sur l’eau. En bref, une programmation magnifique et pleine se sens.
Dix ans, c’est ce qu’il aura fallu à Petit Bain pour devenir l’un des lieux incontournables de la vie culturelle parisienne. C’est pourquoi, l’équipe a décidé de célébrer son 10ème anniversaire… jusqu’au 11ème. Entre son club grand format de 10h avec ses collectifs de toujours, son évènement gastronomique et ses découvertes expérimentales, Petit Bain prévoit une fête du siècle engagée pour marquer au fer rouge l’existence d’un lieu merveilleusement atypique.
Depuis sa création, Petit Bain a fait en effet le pari d’une péniche de quartier, accessible à tous·tes, au carrefour de toutes les curiosités. Trax a alors rencontré le directeur délégué Laurent Decès et le fondateur Ricardo Esteban pour raconter 10 ans de malices. Parce qu’après tant d’années, une promesse tenue est le plus beau cadeau d’anniversaire que l’on puisse offrir.
Un esprit multiple dans une structure unique
Mais alors Petit Bain, c’est parti de quoi, à la base ? Pour le savoir, il faut revenir en 2006. L’association Guinguette Pirate, créée en 1995, se penche sur le projet au même moment où se constitue les communautés chinoises dans le 13ème arrondissement. Entre le Bateau Phare et Concrete, Petit Bain se place dans le top 3 des établissements flottants du quartier. Mais surtout, il est depuis le début un endroit safe pour tout le monde. Son secret ? L’acceptation de son altérité et celle des autres : « on s’est toujours retrouvé avec une structure à deux têtes : un gérant du restaurant, et un chargé de projets culturels », raconte Ricardo. « Le pari était de créer un lieu unique rassemblant gastronomie, social et culturel. Un esprit multiple qui s’assume pleinement, raconté par Didier Porte dans un petit film.» Pari tenu, le bateau largue les amarres.
S’adapter pour toujours
En dix ans, Petit Bain voit ainsi défiler des publics très différents. Un soir, un concert de métal fait trembler les cheminées du pont et le lendemain, la cale se transforme en club kids ultra queer. Ricardo et Laurent sont très fiers de cette fête protéiforme qui a su éduquer son public. Un public en constante évolution, mais toujours très fidèle : « Dans le petit film, on parle de danser et apprendre à danser. J’ai l’impression que grâce à cela, nous avons réussi à construire un public. Petit Bain est un laboratoire de recherche sociale grâce au pas de côté que l’on fait en permanence. Par exemple, depuis des années, on travaille beaucoup avec les réfugiés. On doit toujours rester à l’écoute du monde. Selon moi, c’est à ça que le clubbing doit ressembler », dit Ricardo.
Laurent acquiesce et replace le bateau dans son contexte : « Il peut y avoir des soirées hyper codifiées comme d’autres où tous les âges, tous les styles et les catégories socio-professionnelles se mélangent. Il ne faut pas oublier que l’on est dans un quartier où vit également une population très souvent oubliée. Pour nous, c’est très important d’existe au-près de celle-ci », expose-t-il. Mais le directeur délégué pense déjà au futur : « Aujourd’hui, la crise sanitaire et de nouveaux réseaux sociaux ont donné une génération qui a moins connu la musique live et les premiers clubs d’après bac, etc… Il va falloir que l’on s’adapte encore pour ne pas qu’il y ait de fracture générationnelle. »
En 10 ans, Petit Bain a donc rebattu les cartes du clubbing parisien. Si on vient y déjeuner un midi, on ne peut pas se douter que la nuit, le ventre du bateau accueille les plus beaux oiseaux de nuit. Vice et versa, les fêtard·e·s du soir ne se doutent pas toujours que des ateliers de formations professionnelles et des activités artistiques dédiées aux publics du quartier s’organisent les après-midi. Pour Laurent, cette prise de risque est primordiale pour continuer d’exister dans l’univers des musicales actuelles : « On peut dire aujourd’hui que certains publics viennent surtout pour l’expérience d’être sur l’eau et de bien manger. Même si on vient toujours pour les artistes, je pense que les esthétiques musicales ne suffisent plus pour séduire les publics. Un projet dans sa globalité, ça fédère. »
Au programme des 3 premières dates des 10 ans de Petit Bain:
- 10PIGES#1 – Arooj Aftab + Ichiko Aoba – 8 novembre 2021
I HATE WORLD MUSIC - 10PIGES#2 – colin Stetson + Frédéric D.Oberland – 9 novembre 2021
A SPACE ODYSSEY - 10PIGES#3 – Shannon Wright + Cyann – 15 novembre 2021
BACK TO 2011
Toutes les informations, la programmation et la billetterie des 10 ans sont à retrouver sur le site internet et la page Facebook de Petit Bain.
