Par Maxime Jacob
On sait la scène belge très active dans la pop et le rap depuis une décennie. Mais loin des charts Spotify, les Bruxellois et Wallons sont aussi des expérimentateurs sonores à part entière. La 2e édition du festival INTERFERENCE_S, qui se tiendra du 7 au 10 juillet puis le 29 août leur offre la vitrine qu’ils et elles méritent. Hébergé par le Centre d’art Wallonie Bruxelles, installé depuis 40 ans en face du Centre Pompidou, au 127-129 Rue Saint-Martin, le festival proposera DJ sets, performances, projections et installations made in Belgium. La création contemporaine bruxelloise et Wallonne gravite autour de lieux emblématiques éparpillés dans la capitale belge : l’Épicerie Moderne, la Brasserie Atlas, Kiosk Radio, les nouveaux studios de LYL, La Vallée ou encore Le Café Central. Un réseau dense et authentique qui fait de cette scène l’une des plus enviée d’Europe.
Expatriée pour l’été, l’underground bruxellois trouve refuge à Paris mais ne perd rien de son ambition ni de sa sincérité. Signée Stéphanie Pécourt, la directrice du Centre Wallonie Bruxelles, la Préface du Festival – une sorte de note d’intention esthétique – est catégorique autant que volontairement complexe : « L’art est irréductible et c’est en quoi il procède du subversif. L’art n’a pour aucune autre fin que de spéculer, projeter, corrompre les évidences. » Pas question de vulgariser pour attirer le public parisien, donc. Le festival entend proposer le travail des artistes belges dans leur entière complexité : c’est la garantie de l’intégrité et du respect des spécificités liées aux arts sonores : « La complexité devient notre règle et non notre exception. » La preuve, plus loin : « L’expérience du son est d’ordre cosmogonique et provoque une dédomestication qui ne signifie pas le retour exalté à une nature originelle fantasmée, mais à un état résolument déplacé, étranger. L’artiste non conquérant se lie, relie, délie. »
Pour se lier, se relier et se délier, INTERFERENCE_S propose d’abord aux danseurs parisiens un format club hors les murs. Programmé en lien étroit avec la radio DUUU, l’événement permettra d’assister au live électronique de Musique Chienne. Révélée par la Souterraine, signée sur le label anglais Acid Waxa, Sarah-Louise Barbett promène sa fascination pour les toutous et les fracas électroniques entre Bruxelles, Paris et Marseille, et sortira son nouvel EP Salle d’une Fête ce mois-ci.
Autre temps fort de la soirée : le set de la DJ bruxelloise Under Arrest qui devrait contenter tous les fans de UK bass, mais aussi les nostalgiques du rap de Memphis ou des utopies belges new beat. Under Arrest, née en Allemagne et passée par Bordeaux, est aujourd’hui une figure importante de la scène bruxelloise, où elle invite régulièrement des DJ comme Mark Kneckelhuis, Maoupa Mazzocchetti ou Hajj à se produire.
Plus loin de la dance music, INTERFERENCE_S développera un programme d’immersion sonore dans l’œuvre de la musicienne Felicia Atkinson. Du 7 au 10 juillet, les enregistrements de l’artiste seront diffusés en continu, pour que le public puisse s’engager dans un processus d’écoute profonde, convoquant la peinture, la sculpture, l’image et les installations.
D’autres cycles consacrés aux podcasts et diverses installations et performances sont à retrouver sur le site web d’INTERFERENCE_S.