Paris : les robots révèlent leur potentiel hallucinant dans une exposition au Grand Palais

Écrit par Camille Andrieu
Photo de couverture : ©D.R.
Le 25.04.2018, à 18h17
02 MIN LI-
RE
©D.R.
Écrit par Camille Andrieu
Photo de couverture : ©D.R.
Quel relation les artistes entretiennent ils avec les robots dans leur processus de création ? Au Grand Palais à Paris, une exposition sobrement intitulée Artistes & Robots explore ces utopies mécaniques jusqu’au 9 juillet prochain.

« Les choses n’ont pas besoin d’être vraies, du moment qu’elles en ont l’air. » Isaac Asimov, Le Cycle de Fondation (1953)

L’exposition s’ouvre sur un parcours chronologique. Il explore en une trentaine de créations le jeu des artistes avec le milieu technique, des logiciels de plus en plus puissants, l’arrivée de l’intelligence artificielle à l’autonomie croissante qui bouleverse la temporalité et modifie le processus de création. Si le robot entre dès 1950 dans le domaine de la création artistique avec notamment des pionniers comme Schöffer, Tinguely et Paik, on le retrouve plus tôt dans le domaine de la littérature. De Mary Shelley et Frankenstein à Isaac Asimov ou encore Philip K. Dick, Artistes & Robots renvoie souvent aux classiques de la littérature de science-fiction.

Échappés de l’imaginaire, les robots peuplent l’espace d’exposition. Ils circulent sur le sol et créent des formes, sont installés à un bureau en train de reproduire la grande vanité du corbeau et du renard (Patrick Tresset 2004-2017). L’œuvre devient le processus de création : « Désormais, l’artiste ne crée plus une œuvre, il crée la création elle-même. » Nicolas Schöffer, sculpteur et plasticien.

On traverse des zones inspirées des outils informatiques, on entre dans ces machines et dans les univers cinématographiques. Edmond Couchot & Michel Bret nous offrent l’œuvre interactive la plus poétique de l’exposition : les pissenlits. 

 « Les œuvres effectuées par des robots appartiennent désormais à l’histoire de l’art » Laurence Bertrand Dorléac, commissaire de l’exposition

Parmi la prépondérance d’oeuvres à dimension mathématique émerge souvent la musicalité. Notamment à travers le travail de Iannis Xenakis, musicien électroacoustique et théoricien, qui crée le Mycene Alpha en 1978, une œuvre construite à partir des notes de musiques, où le dessin crée des sonorités. Il est l’un des pionniers de l’introduction de l’ordinateur en musique. 

Ryoji Ikeda, plasticien et figure de la scène électronique (prochainement mis à l’honneur lors d’une grande rétrospective au Centre Pompidou), présente quant à lui dans cette exposition une installation immersive, Data .tron WUXGA. Jacopo Baboni-Schilingi propose quant à lui une oeuvre créée pour l’exposition : Argo. Une composition musicale générative et interactive qui réagit à la respiration du compositeur, lequel porte depuis juin 2017 un capteur de respiration 24h/24, 7j/7. Le son et l’image sont basés sur des trajectoires musicales écrites par Baboni-Schilingi, que vient perturber son souffle. Une poésie de l’éphémère.

Pour la fin de l’exposition, le fantasme du transhumain (chez Orlan ou Takashi Murakami) semble sur le point de se concrétiser. Un bras bionique, deux robots animés ultraréalistes et enfin la touche finale diffusion du clip des Daft Punk Tecnologic et la fameuse question : « S’il est doté d’une intelligence artificielle, un robot peut il avoir de l’imagination ? »

L’exposition Artistes & Robots est ouverte au public depuis le 5 avril, et jusqu’au 9 juillet au Grand Palais (Paris 8e).

Newsletter

Les actus à ne pas manquer toutes les semaines dans votre boîte mail

article suivant