Une base solide, une récente et nette amélioration, mais des choses sont encore à faire. Voilà en substance le constat que dressent les auteurs (Renaud Barillet et Frantz Steinbach) d’un rapport sur la vie nocturne française en vue d’un examen par le ministre des Affaires étrangères et du développement international. Des “atouts indéniables pour l’attractivité et le rayonnement de la France” – comprenez aussi un marché foisonnant à exploiter – enfin le gouvernement va pouvoir joindre l’acte à la parole en proposant officiellement 22 nouvelles mesures qui visent à améliorer de façon significative la qualité de vie des noctambules, booster le tourisme nocturne et concurrencer une bonne fois pour toutes les grandes capitales mondiales de la nuit comme Berlin, Londres ou New York.
Mais déjà, un problème majeur se pose : “La mise en œuvre d’une stratégie de promotion nécessitera d’opérer une véritable révolution dans les mentalités afin que l’offre nocturne ne soit plus seulement ‘tolérée’ mais pleinement considérée et valorisée par les élus nationaux et locaux comme un facteur d’attractivité touristique à l’international” explique le rapport.
“A l’heure actuelle, la mauvaise perception de la nuit explique en partie la difficulté de certaines villes ou opérateurs touristiques à en assurer la promotion. Les actions des associations de riverains à l’encontre des organisateurs d’évènements ou gérants d’établissements sont particulièrement dommageables (on pense, entre autres, à la fermeture encore tiède du Monseigneur ou celle annoncée hier de l’Espace B, ndlr), et ce alors que ces organismes ne représentent les intérêts que d’un faible nombre d’usagers.” Et déjà sur Internet, divers sites illustrent parfaitement cette mentalité arrêtée que certains partagent (avec un titre frondeur “22 mesures pour faire de la vie nocturne un enfer”).
Bien sûr, ces dernières années ont vu une explosion d’événements (soirées, afters, festivals…) dans la nuit parisienne – une sortie de coma d’un Paris by night groggy de plaintes –, des programmations d’une étonnante qualité et un chiffre renseigné par le rapport nous fait hocher la tête : 360 événements y sont organisés chaque soir, dont 100 concerts (chiffre Réseau des Musiques Actuelles à Paris).
Mais le conflit demeure néanmoins, la peur des riverains que l’on touche à leur tranquillité est évidemment compréhensible ; de l’autre côté, vouloir vivre et s’amuser la nuit ne doit pas être brimé, mais, avec un peu d’effort, un terrain d’entente semble atteignable. Et ces 22 mesures peuvent potentiellement en être le pont.
- Pour renforcer les liens entre les opérateurs touristiques et
les acteurs de la nuit :
Proposition 1 : donner au cluster « tourisme urbain » d’Atout France (l’Agence de développement touristique de la France, unique opérateur de l’État dans le secteur du tourisme) une mission de développement du tourisme de nuit
Proposition 2 : consolider les statistiques et données existantes autour de la vie nocturne
Proposition 3 : établir une convention liant Atout France et les principaux acteurs de la vie nocturne française
Proposition 4 : valoriser la nuit culturelle et festive avec la mise en place d’un outil dédié de type marque ou label
- Pour changer l’image de la vie nocturne française :
Proposition 5 : créer une identité de marque pour la nuit française et la
décliner sur divers supports de communication
Proposition 6 : initier une campagne promotionnelle autour de la vie
nocturne française
Proposition 7 : organiser un évènement emblématique pour promouvoir la vie nocturne française à l’international
- Pour créer une offre nocturne innovante pour faire de certains lieux des destinations internationales de la nuit :
Proposition 8 : encourager la création à Paris d’un site où la vie nocturne française pourrait être mise en valeur toute l’année
Proposition 9 : encourager la création de lieux de fête sur l’eau dans toutes les grandes villes traversées par un fleuve ou en bordure de lacs
Proposition 10 : inciter SNCF Réseau et d’autres grands groupes
industriels à aménager leurs anciens sites pour en faire des lieux de vie
nocturne
Proposition 11 : faire connaître et rendre accessible le patrimoine
immobilier de l’Etat aux professionnels de la nuit afin de les inciter à y
organiser des évènements
- Pour faciliter l’accès à l’offre et à l’information sur la vie nocturne pour les touristes internationaux :
Proposition 12 : créer un site internet multilingue pour promouvoir la
diversité de l’offre nocturne (lieux et événements)
Proposition 13 : utiliser le mobilier urbain digital existant et l’éclairage
public pour orienter les touristes internationaux vers les lieux de sortie
Proposition 14 : promouvoir le tourisme de nuit à l’accueil des principaux salons professionnels internationaux ayant lieu en France
Proposition 15 : créer un dispositif d’information et de formation pour le personnel des hôtels des grandes villes pour les aider à orienter les
visiteurs vers une offre de sorties nocturnes adaptée à leurs envies
Proposition 16 : encourager l’internationalisation des dispositifs de
prévention et de médiation dédiés à la vie nocturne
- Pour intégrer le développement de la vie nocturne dans les politiques de la ville :
Proposition 17 : favoriser la prise en compte de la dimension nocturne dans l’aménagement urbain
Proposition 18 : créer des plans de métro et de bus de nuit qui identifient clairement les quartiers réputés pour leur vie nocturne
Proposition 19 : étendre les horaires de nuit des sites culturels et magasins situés en zones touristiques
- Pour faire évoluer la réglementation relative à la vie nocturne
pour qu’elle devienne un réel facteur d’attractivité pour le
tourisme international :
Proposition 20 : repenser les fermetures administratives pour rétablir la confiance des investisseurs
Proposition 21 : créer une clause d’antériorité pour protéger les établissements de recours abusifs
Proposition 22 : favoriser le financement de projets de tourisme de nuit