À Paris, une expo futuriste montre le monde après la disparition des humains

Écrit par Célia Laborie
Photo de couverture : ©Quentin Chevrier
Le 09.12.2019, à 12h36
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©Quentin Chevrier
Écrit par Célia Laborie
Photo de couverture : ©Quentin Chevrier
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Transhumanisme, effondrement, intelligence artificielle… Tels sont les thèmes abordés par la passionnante exposition Jusqu’ici tout va bien ?  au 104 à Paris jusqu’au 9 février 2020. Elle nous propulse dans un monde futur pas si lointain, où l’Humanité aurait tout bonnement disparu sous le poids de la technologie. Édifiant.

« Nous sommes en 2019, l’année où tout s’est arrêté. Allons ensemble sur les traces des homo sapiens… ». C’est avec ces mots que Gilles Alvarez, co-directeur artistique de l’exposition Jusqu’ici tout va bien ?, débute toujours les visites guidées. Car les spectateurs sont propulsés dans un futur fictif, après la fin de l’humanité. Selon le storytelling imaginé, des êtres post-humains visitent alors un musée datant de l’année 2019, fort heureusement parfaitement conservé. Que vont-ils y apprendre sur notre espèce et notre vision de l’avenir ? « On a voulu aller jusqu’au bout de la dystopie, en se projetant comme des visiteurs qui viennent constater les dégâts », explique le co-directeur artistique.

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L’Objet de l’Internet, Projet EVA
©Quentin Chevrier

Toutes les œuvres de l’exposition interrogent avec humour et mystère nos rapports aux technologies. Dès l’entrée, on tombe ainsi nez-à-nez avec Post-naturalia, sorte de ville miniature faite de lianes de câbles, de composants électroniques et de matériaux synthétiques. Une maquette superbe qui évoque autant un futur d’où la nature aurait disparue… Que notre monde actuel, peuplé de déchets d’équipements électroniques. Plus loin, nous restons scotchés devant la fresque de Beb-Deum, un défilé d’hommes et de femmes augmentés tous plus dérangeants les un que les autres – auraient-ils suivi de trop près les idéaux de la Silicon Valley ?

L’Objet de l’internet, imaginé par le collectif Projet EVA, propose une expérience hallucinante, censée dénoncer le nombrilisme des réseaux sociaux. Une fois assis sur un tabouret, le spectateur voit son reflet tournoyer de plus en plus vite autour de lui, grâce à un système de miroirs et d’éléments lumineux – jusqu’au tournis et au dégoût.

L’idée, c’est de montrer avec humour que l’espèce humaine a été trop naïve.

Gilles Alvarez, commissaire l’exposition

Les œuvres, dont certaines ont été créées spécifiquement pour l’exposition, interrogent la vie, la mort, l’ego et l’humain, s’inspirant de grands auteurs de science-fiction comme Alain Damasio ou Philip K. Dick. « L’idée, c’est de montrer que l’espèce humaine a été trop naïve, qu’elle a laissé trop de place aux technologies. Et que cette servitude volontaire a causé sa perte », détaille Gilles Alvarez. « On met tellement plus d’argent dans l’innovation que dans l’art… Cette fois-ci, les artistes se vengent et s’en prennent aux technologies », s’amuse-t-il. Et même si la visite est bien plus poétique qu’anxiogène, elle résonne (forcément) avec des préoccupations alarmantes. Selon un récent sondage, six Français sur dix redoutent l’effondrement de notre civilisation – tant pour des raisons démographiques que climatiques. Mais jusqu’ici, tout va bien, n’est-ce pas ?

Retrouvez toutes les informations sur l’exposition Jusqu’ici, tout va bien ? sur le site du 104. Elle s’inscrit dans la Biennale des Arts Numériques Némo, en cours dans 40 lieux en Île de France jusqu’au 9 février 2020.

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