Panteros666 : « J’ai toujours aimé le mélange dance-house-rave, ça doit être mes racines belges »

Écrit par Jean-Paul Deniaud
Le 06.04.2020, à 14h08
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Écrit par Jean-Paul Deniaud
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Sorti des expérimentations d’Hyperalliance A/V, Panteros666 retourne aux clubs avec “Catch Me IRL”, un premier single à sortir sur le label dance de Steve Aoki, Ultra Records. A-t-on perdu le soldat Panteros666, ou montre-t-il plutôt la voie du son club de demain ?

Confiné dans son nouvel appartement londonien, Panteros666 est en pleine réflexion. L’artiste aux cheveux multicolores a gardé son humour intact, mais le contexte n’est pas à la fête. « J’avais une dizaine de dates qui se sont annulées. Pour les DJ’s c’est une catastrophe, ça fait flipper. J’ai mon nouveau disque qui sort là : c’est une musique pour les clubs, mais les clubs sont fermés ! On en parlait avec Boston Bun. En tant que producteur, tu ne peux pas ressentir l’énergie d’un morceau, voir les autres gens le jouer. » Et de conclure d’un trait : « il manque quelque chose. »

Ce quelque chose, c’est le club. Depuis maintenant trois semaines, la nuit n’existe plus. Et avec elle, c’est une certaine soupape de relâchement et aussi d’inspiration qui a disparu. Un temps précieux pour prendre du recul sur soi, pour la découverte et l’imprévu. Au bout du fil, Panteros666 opine. « La nuit est un territoire d’expérimentation où se créent tous les trucs de demain, en mode, en life, en tout. La semaine c’est la prévisibilité, la nuit c’est l’incertitude, le mystère, la peur, la vie quoi. C’est pour ça que la culture club est hyper importante. » Cet univers prétendument futile qui se révèle en ce moment essentiel. 

Le club, Panteros666 le connaît bien. La piste de danse est son terrain de jeu depuis plus de dix ans. D’abord avec Club Cheval, super groupe lillois fondé avec Canblaster, Myd, Sam Tiba en 2009. Un gang de génies de la production, autant attirés par la piste que l’expérimentation, jonglant entre efficacité pop et bizarreries électroniques. Et aussi en solo. Panteros666 signe d’abord quelques maxis efficaces avec des vocaux et groove déjà très britanniques (Baby F-16 sorti en 2014, ou Clear en 2016). Puis il monte avec sa comparse Inès Alpha le projet Hyperalliance A/V, un label où les clichés populaires deviennent des motifs rave d’avant-garde. « J’ai toujours aimé le mélange eurodance-house-rave, et me situer à l’intersection de ces mondes. Ça doit être mes racines belges. »

En Angleterre, la dichotomie entre mainstream et underground n’est vraiment pas celle que l’on peut connaître en France 

Panteros666

Pas facile pourtant de convertir le public français à des titres club aux mélodies catchy et aux voix entrainantes. « En France, dès qu’un morceau est trop mélodique, il tombe dans la catégorie commercial. Soit t’es dans la catégorie David Guetta soit dans celle de Shlomo chez Taapion. Il n’y a pas d’entre deux. Moi j’aime bien faire les deux, et aussi de mélanger les deux sans que ce soit faire bizarre. » De fait, si les oreilles sont à l’étranger, autant y aller carrément. Panteros666 vient de déménager à Londres après sa signature chez Ultra Records aux côtés des Kygo, Steve Aoki ou Benni Benassi. Il y sort un titre et un clip, “Catch Me IRL” avec la voix Claude Violante, avant un premier maxi plus tard dans l’année. Alors a-t-on perdu le soldat Panteros666 ?

« En Angleterre, la dichotomie entre mainstream et underground n’est vraiment pas celle que l’on peut connaître en France », répond-il tout de go. « Les producteurs de house bossent sur des morceaux radio avant de travailler sur des tracks drum’n’bass. En tant que producteur, tu es donc vachement respecté. Tes qualités de travail priment avant ton positionnement dans la scène. Cette barrière, du point de vue créatif, est complètement idiote. Ça crée de la méfiance alors que c’est que de la musique, que c’est fait pour danser, c’est ridicule. » Le son du club, point. 

Chez Ultra, Panteros666 dit vouloir développer une synthèse entre les expérimentations du projet Hypperalliance A/V et la tech-house UK, façon Waze & Odyssey, Patrick Topping, Riton ou Eli Brown et Solardo. Un alliage des sonorités dance 90’s, un peu “plastique”, faits avec des vieux plugins de synthés des années 2000, avec le groove chaud de la house et de la rave anglaise. « Je veux aussi faire des morceaux qui puissent être joués plus facilement par les DJ. J’aime les trucs bizarres mais aussi la house fédératrice et minimaliste. » “Catch Me IRL” passe désormais sur Kiss FM, la radio du « Bangers Everyday» où l’on aime la dance quand elle est bien faite – la « dance avec un grand D » comme le dit Panteros666. Une forme de consécration pour celui qui a toujours vu la musique de club comme un pont entre l’efficacité de la pop et la recherche sonore de l’underground.

Et si l’on s’inquiétait de l’écrasante machine que représente Ultra Records sur le parcours d’un artiste, Panteros666 se veut rassurant. « Le discours des grands méchants des labels qui te disent “fais-ci, fais-ça”, qui décident ce qui va fonctionner ou non, je ne l’ai jamais constaté. Au contraire, ils sont plus dans l’incertitude, et font des paris en respectant l’authenticité de l’artiste. Surtout ce qui est cool c’est qu’ils connaissent vraiment leur sujet, ce ce sont de vrais fans de house et de dance. En France, peu de gens développent ça, ou alors de façon super confidentielle. Là j’ai pu retravailler certains éléments avec des gars qui étaient dans les raves depuis leurs 14 ans. Ça m’a fait progressé sur des aspects de composition pure, d’organisation musicale et de sonorités. »

Après ce clip, plusieurs singles sont prévus au fil de l’année avant la sortie du maxi 5 titres. Outre Claude Violante, d’autres chanteurs français seront aussi sur disque, comme Diane Sagnier du groupe Camp Claude, ou la chant soul de Floyd Shakim qui gravite autour du label Nowadays. L’idée, sortir du schéma classique du studio avec une professionnelle de la voix radio, pour sortir quelque chose de générique, et plutôt travailler « avec des gens qui ont une personnalité artistique propre ». Le résultat s’écoute en ligne, et sur Kiss FM, en attendant le grand déconfinement. Et le retour dans les clubs.

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