Ce soir du 6 octobre, dans l’entrée du Old Selfridges Hotel à Londres trônent d’énormes enceintes de sound system qu’on croirait importées directement de Jamaïque. Plongées dans la lumière bleue, elles ressemblent presque à des totems d’un genre nouveau, planté ici pour rappeler que ce soir, c’est bien la musique qui est au cœur des discussions. Le temps de la nuit, Apple Music et la marque anglaise Palace Skateboards ont décidé d’investir cet immense espace d’exposition situé dans un bâtiment accueillant autrefois la chaîne de grands magasins Selfridges, à deux pas de Hyde Park. Et force est de reconnaître que cette association a priori curieuse entre un géant de la musique en ligne et une marque de skateboard fait des étincelles puisque la programmation de la soirée a tout du line-up de rêve. Derrière les platines défilent ce soir Anz, Actress, DJ Bone, Sherelle et Moodymann. Une sélection cinq étoiles de ce qui se fait de mieux en Angleterre et aux États-Unis, comme pour rappeler qu’ensemble, Apple Music et Palace Skateboards savent proposer un curating qui n’a pas à rougir devant les spécialistes du secteur des musiques électroniques.


Voilà déjà quelques temps qu’Apple Music a décidé de s’intéresser au domaine des musiques électroniques. Depuis le lancement de la plateforme en 2015, la firme américaine a en effet commencé à publier sur sa plateforme des mixes exclusifs signés par les plus grands DJ, puis à déployant à partir de 2020 une nouvelle technologie permettant d’identifier et de rémunérer tous les artistes impliqués dans ces mixes. À cela s’ajoutent les possibilités d’écoute en audio spatial, un format qui permet d’entendre la musique en trois dimensions et s’adapte particulièrement bien à la musique électronique. De quoi faire d’Apple Music un véritable repère de DJ.
Aujourd’hui, la marque de skateboard anglaise Palace rejoint donc la liste des curators sélectionnés avec soin par Apple Music sur ce registre des musiques électroniques. Pourquoi ? Stephen Campbell, Head of Dance and Electronic music chez Apple Music s’explique : « Les musiques électroniques et la culture DJ au sens large font partie de l’ADN de Palace, avec une vision bien spécifique. » On ne saurait lui donner tort. Depuis sa création en 2009, Palace Skateboards a su s’imposer comme une marque qui n’a pas peur de faire bouger les lignes. Dès ses premières vidéos, à rebours des codes de l’époque, le collectif emmené par son fondateur Lev Tanju a pris l’habitude d’utiliser des morceaux de techno, de house ou de drum & bass pour rythmer les séquences de tricks de ses skateurs. Un choix esthétique qui s’est fait naturellement, à en croire Lev Tanju : « Quand nous avons lancé cette marque, nous étions une bande de potes qui sortaient beaucoup en club, qui trainaient avec des DJ… C’était vraiment la musique dans laquelle nous baignions. Et puis je suppose qu’en tant que Britanniques, la club culture coule dans nos veines. C’était naturel pour nous de mettre ce genre de musique dans nos vidéos. »
En tant que Britanniques, la club culture coule dans nos veines. C’était naturel pour nous de mettre cette musique dans nos vidéos.
Lev Tanju, fondateur de Palace Skateboards
Il suffit d’ailleurs de jeter un oeil à cette collaboration avec Apple Music pour constater que la team Palace connait ses classiques. Ce curating s’ouvre en effet sur deux DJ mixes inédits signés par deux poids lourds de Détroit : le producteur Omar S et Robert Hood, le père de la techno minimale. À cela s’ajoute un mix du skateur Rory Milanes, qui fait valoir ici ses qualités de DJ en télescopant un mélange de Jeff Mills, de Maurizio et de Drexciya. Et pour les geeks de skateboard, des playlists ont aussi été créées pour regrouper les morceaux les plus cultes des vidéos Palace. Un bon moyen de replonger dans certaines séquences de légendes du monde du skate anglais.

Au final, cette collaboration entre Apple Music et Palace Skateboards permet surtout de rappeler que les musiques électroniques sont désormais partout. On ne peut que se réjouir de voir des artistes comme Omar S ou Robert Hood s’immiscer dans les programmations des plus grandes plateformes de streaming ou dans les vidéos de skate, gagnant ainsi un nouveau public qui ne demande qu’à les découvrir. Alors ce soir, tandis que résonnent dans le vieux magasin Selfridges les nappes complexes et massives d’Actress, devant un public hypnotisé, on ne peut que se dire que la musique électronique à gagner la bataille.
