Pour la troisième année consécutive, le main event du festival porté par Cracki Records et La Mamie’s s’est installé dans un spot qui, après avoir fait le bonheur des impressionnistes, est devenu le terrain de jeu favori de ces deux gangs de bienfêteurs parisiens : l’écrin verdoyant du parc communal de Carrières-sur-Seine.
En une poignée de minutes en RER, on quitte le tumulte sabbatique de Châtelet – Les Halles pour atterrir dans un petit paradis lunaire bordé par la Seine et les saules, qui seront définitivement les seuls pleurnicheurs de cette odyssée pour le moins festive. Pour cette nouvelle édition, la soucoupe volante sera largement pilotée par d’habiles astronautes de la house music, dans un ciel ponctué de satellites pop et hip hop.
©Laure Chichmanov
©Laure Chichmanov
Les moutons de la Ferme du Bonheur sont les premiers à nous accueillir en cet après-midi du 2 juillet. Des visages pailletés se promènent déjà sous les branchages des arbres semés de guirlandes évoquant des alignements de planètes, et s’amusent à la vue des météorites de polystyrène mordoré qui se sont écrasées dans l’herbe grasse.
Nouveauté cette année : le Macki a fait bourgeonner une seconde scène – la Chambre Verte – venant s’ajouter à la principale, surnommée pour l’occasion l’OVNI, et à la Planète Rose, espace où ont aluni les farfelus du Camion Bazar, dont une partie se réveille calmement au son du classique “Suzanne” de Leonard Cohen.
Camion Bazar / ©Rémy Golinelli
©Rémy Golinelli
Les autres, plus loin, font des bulles de savon en se faufilant entre les mackisards, bullant par terre pour leur part, tout en écoutant la voix groovy de Wayne Snow se poser sur les mélodies house de Neue Grafik. Ces derniers seront suivis par le rappeur MC Pinty. L’air détaché, jogging aux pattes et lunettes vissées sur le crâne, le kid londonien adoubé par King Krule déblatère ses lyrics au fil de prods très UK garage oscillant avec des sonorités plus ambient.
Au même moment, les fêtards s’agitent sur le set de Dan Shake, petit protégé de Moodymann. Sous la pluie, on gobera avec émerveillement la synth-pop aux accents acid d’Agar Agar, et tout particulièrement son irresistible “Prettiest Virgin”, entonné par la voix de sirène de Clara Cappagli qui fera inévitablement resurgir le soleil. Radieux. Plus tard, on laissera les mille et une nuits, toujours plus sombres et troublantes, tomber sur le festival au son de la dyade Acid Arab.
Dan Shake / ©Rémy Golinelli
Acid Arab / ©Rémy Golinelli
©Rémy Golinelli
Le lendemain, parapluies et ponchos funky sont de sortie. On débarque sur la planète Macki avec un “Riders On The Storm” de mise, s’évaporant langoureusement des platines du Cracki crew. De l’autre côté du parc, c’est le Mellotron qui s’en donne à coeur joie. On fait escale chez Beet-Ink, la copine tatoueuse du Camion Bazar. Devant son stand, où on attend avec entrain de se faire flasher, court un bruit de couloir : Grégoire envisagerait de se faire graver à tout jamais la demi-lune au nom de sa tribu.
Quelques piquages plus tard, on ira se trémousser sous la bruine avec un Harvey Sutherland nous enveloppant de mélodies smooth et soulful. Apaisant. Plus animal sera Antal : on laissera ses vibrations sensuelles nous propulser non loin des tropiques, puis on filera assister au gig maléfique de Playin’ 4 The City. Surfant avec délice sur les tempos nu-disco du band, la voix scotchante de Quin Marilyn nous rappellera le timbre des chanteuses Pink Floydiennes.
Jacques nous emmènera quant à lui au petit trot dans une expérience live mystique et deep. C’est alors qu’arrivera pour nous l’heure de quitter le vaisseau, et d’emprunter le chemin parsemé d’escargots aux côtés de festivaliers se dirigeant, météorites sous le bras et des étoiles plein les yeux, en direction du métro.
©Rémy Golinelli
©Rémy Golinelli
©Rémy Golinelli
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Jacques /©Laure Chichmanov
©Rémy Golinelli
©Rémy Golinelli