Imaginez des pistes de macadam de 3 000 mètres de long sur 100 mètres de large, des champs à n’en plus finir et de gigantesques entrepôts qui s’étendent sur 70 000 m²… C’est la vision qu’offrira le Festival Area217 durant ses trois jours de fête sur l’ancienne base aérienne 217 de Brétigny-Sur-Orge. Un lieu créé par l’aviation militaire en 1938, qui accueillait le vol du premier avion français à réaction en 1946, l’essai du premier hélicoptère français en 1949 et le premier franchissement du mur du son avec un avion tricolore en 1952. Aujourd’hui, c’est un no man’s land en friche, un Graal pour les organisateurs de fêtes underground qui ferait passer les « warehouse » et autres « secret places » pour des salles des fêtes. Un endroit chargé d’histoire, qui se trouve cependant être un véritable casse-tête pour les organisateurs du festival. « On est sur un lieu qui n’est pas ERP, c’est-à-dire un Établissement Recevant du Public. C’est un lieu où il n’y a pas d’électricité, pas d’eau… C’est également un lieu qui a été bombardé pendant la Seconde Guerre Mondiale », énumère d’emblée Christophe Mizreh.
Pour ce festival, un nombre impressionnant de prestataires et de matériel est mobilisé. « Pour l’électricité, on amène une trentaine de groupes électrogènes, on doit également faire appel à un artificier qui vérifie nos plantages dans la terre, on doit pallier l’absence de bouches d’incendie, on est obligés de mettre des bâches pour l’évacuation des eaux usées… En tout, notre matériel représente plus de 120 camions. » Et ce n’est pas tout. D’autres problématiques sont également à prendre en compte : « On a aussi un problème d’ombre, puisqu’on est sur un terrain d’aviation… Il faut pouvoir récréer de l’ombre pour les festivaliers, c’est indispensable. » Le respect du site est également primordial, et implique la mise en place de plus de 120 poubelles et la venue de “brigades vertes”. Si le festival doit tant essuyer les plâtres, c’est également parce qu’il entame sa première édition. « L’année prochaine, le site sera beaucoup plus opérationnel ! »
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Les contraintes liées à l’environnement ne sont cependant pas les seules à compliquer la tâche des organisateurs. Sans aucune subvention, le festival doit faire face à une hausse de son budget sécurité. « On a aussi des difficultés d’organisation liées à Vigipirate 4. Il faut renforcer le dispositif global. » En effet, depuis les attentats du 13 novembre 2015, l’État impose un dispositif de sécurité et des effectifs renforcés pour les manifestations attirant un public important. L’année dernière, ce qui devait être la première édition d’Area217 avait dû être annulé à cause de l’Euro de Football, qui sous l’état d’urgence avait mobilisé des forces de l’ordre dès lors indisponibles pour encadrer le festival.
Du côté de la communauté d’agglomération Cœur d’Essonne, plusieurs élus ont témoigné de leur fort soutien à l’organisation du festival depuis le lancement du projet. « On a de très bonnes relations avec eux, tout ce passe bien.» Même si l’image négative des festivals électroniques perdure… « On a tout de même dû se battre au début pour qu’ils comprennent que ce n’était pas une rave ou un teknival. » Si les équipes d’Area217 ont aujourd’hui réussi à rassurer la communauté d’agglomération, l’on ne doute pas qu’ils sauront conquérir le public du 30 juin au 2 juillet prochain.