Par Sébastien Lullin et Sébastien Vergne
Dimanche 6 septembre
Nous arrivons sur les lieux vers 16h00. Comme d’habitude à cette heure-ci, il n’y a pas foule sous le Calder mais on sent déjà comme une tension électrisante, peut-être un résidu de la journée précédente, durant laquelle Lunice (parrain de la scène electro/hip-hop actuelle de Montreal) a joué aux côtés des Celestics (groupe familial de Kaytranada) ou de la talentueuse Ryan Playground, entre autres. Les frosheurs de McGill sont présents en masse, au sein d’une foule hétéroclite de tous âges qui profite, pour l’instant, du soleil.
Sur la scène Moog, Dan & Deez échauffent la foule grandissante avec une techno sobre alors que de l’autre côté, Steve Aries joue devant un parterre rempli et étonnamment calme. L’heure est à la sieste, en musique bien sûr. On a à peine le temps de s’immerger dans son mix housy avant de se rendre compte qu’il est 16h30, et de courir à la grande scène, où Molly est en train de commencer, avec un morceau deep et puissant ; les caractéristiques majeures de son set, ce jour-là.
Au cours de deux heures de set, la résidente du Rex nous gâte, toujours à la frontière entre la house et la techno, pleine de références minimalistes et de percées vocales tombant à point nommé, et sachant donner à cette ambiance estivale légère un caractère puissant et mémorable. En tous cas, elle joue allègrement avec la foule, sceptique au début de son set mais se laissant convaincre sur la longueur, on entend même un chant repris en chœur un peu avant 18h00. Pendant ce temps, du côté de la scène Vidéotron, Peter Anthony a repris les platines vers 17h20 et entrepris d’inonder de house (aux parfums new-yorkais) une foule désormais debout, dansante, et qui apprécie visiblement la sélection plutôt old-school.
18h30 : Mistress Barbara, héroine locale, entre en scène après Molly, devant un large public impatient dans lequel on compte nombre de ses fidèles, venus spécialement pour elle et prêts à en découdre. La fin de journée se passe au son d’une techno lourde et intransigeante qui s’accélère à mesure que la nuit tombe, les lumières de la ville scintillantes de l’autre côté du fleuve, et on garde le souvenir de la présence scénique impressionnante de Mistress Barbara, jouant allègrement avec la foule pour le bonheur de tous.
Lundi 7 septembre
Pleinement remis de la veille, la courageuse équipe Trax reprend le chemin du Parc Jean-Drapeau, site historique du Piknic Electronik. Arrivés vers 16h30, on fait un petit tour des lieux et on s’aperçoit qu’aujourd’hui, l’espace autour de la scène Vidéotron a été investi par le collectif Beaux Dégâts, organisateurs de concours d’art en live, au cours desquels les artistes rivalisent de créativité en un temps record. Avec leurs propres DJs, Beaux Dégâts amènent une ambiance totale à ce lieu et se fondent dans le décor avec une aisance déconcertante. C’est un plaisir d’avoir ce genre d’évènements au Piknic, bien que l’ambiance musicale diffère totalement d’une scène à l’autre.
A notre arrivée, la scène Vidéotron est baignée d’une dubstep d’influence londonienne, lente, déconstruite et propice à une atmosphère méditative qui n’est pas déplaisante. Seuls quelques aventuriers se sont lancés sur la piste, et évoluent lentement, mimant un long vol dont eux seuls connaissent la trajectoire. Vers 17h, la MC reprend la main, et c’est avec une nouvelle énergie que le prochain round musical va commencer.
Pendant ce temps là sur la scène Moog résonne une petite référence à “Strings of Life” : le DJ montréalais (vétéran) Nic Hamel va finir son set sur une bonne note vers 17h30 pour passer le relai à CRi, un autre talent local plus connu pour ses productions, qui va ouvrir sur du post-dubstep dépaysant pour l’endroit et fortement apprécié. Après une belle introduction donc, il revient vite sur un schéma plus traditionnel, des kicks réguliers et des sonorités douces. Beaucoup plus reposant au final que la scène Beaux Dégâts, où la danse se fait plus sauvage sous l’influence de Construct, le tout dans une atmosphère bon enfant et en regardant l’évolution des oeuvres du jour.
Pourtant, petit à petit, CRi accélère le tempo, orientant le public vers des styles plus percussifs et brillant dans son rôle d’ouverture ; une tâche pas toujours facile pour un DJ. C’est donc une foule à point et bouillante d’excitation qui accueille les Martinez Brothers vers 19h00. La scène Moog est pleine à craquer, les hautes enceintes crachent un 4/4 brutal et il devient apparent que le duo du jour n’est pas venu proposer un voyage relaxant mais une plongée dans les abîmes.
Techno, hard et tech house, un kick net qui fait résonner le corps s’avère être le fil conducteur de leur set fort en basses, aux cuts fréquents (pour plus de dynamisme), sans tomber dans le spectacle. A la tombée de la nuit une vraie ambiance de festival s’installe, l’énergie est palpable dans la foule et la pluie chaude qui tombe drue ne vient que renforcer l’euphorie du moment.
Tout cela se finit dans le métro direction Berri-Uqam, comme toujours dans la joie et la bonne humeur avec une foule chantante, prête à affronter la semaine.
Dimanche 27 septembre (epilogue)
Dernier week-end du Piknic le dimanche 27 septembre. La foule était au rendez-vous pour cette date significative : Llété est bel et bien fini. En headliner de ce final tant attendu, on trouve Michael Mayer fraîchement débarqué de New York, accompagné d’Alex Gragnani et Shades of BLK sur la scène Moog Audio ; trois locaux au total pour escorter le public vers une fin de journée en douceur. Sur la scène Vidéotron Mobile, l’alliance mexico-québécoise Los Compañeros laisse défiler la journée toute en variété.
Le ciel est d’un bleu éclatant, et à la tombée de la nuit, on peut apercevoir le commencement de l’éclipse lunaire, la lueur rouge nous éclairant sur le chemin du retour. A présent on se prépare pour l’hiver, mais le souvenir de ce dernier Piknic Electronik haut en couleur nous donne hâte de s’y retrouver l’été prochain ! Entre-temps, on est impatients de vivre l’Igloofest 2016.