“On aime bien déranger” : la soirée Tapage Nocturne compte bien retourner Marseille

Écrit par Chloé Sarraméa
Le 19.02.2018, à 12h06
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Écrit par Chloé Sarraméa
Le 24 février, le Dock des Suds de Marseille va être le théâtre de la soirée Tapage Nocturne, où hardcore, drum’n’bass, techno, tribe, hardtek et même tech house cohabiteront brillamment. Deux sound systems légendaires seront aux commandes : Heretik et Spiral Tribe. Trax avait annoncé la soirée au line-up de prestige en décembre dernier : Crystal Distorsion, Jeff23, Meltdown Mickey, Manu Le Malin, Elisa Do Brasil, Lenny Dee ou encore Le Bask se succèderont aux platines.


À l’approche de la date fatidique, nous avons rencontré l’instigateur de l’évènement, Nash Metek, pour qu’il nous parle du déroulement de la soirée, de son organisation, du public ainsi que des artistes de renom invités à jouer à Tapage Nocturne. Mais aussi de son univers, de sa relation à la free et son opinion sur le public d’aujourd’hui…

Qui se cache derrière l’organisation des soirées Tapage Nocturne ? Pourquoi ce nom ?

Je suis à l’origine de ces soirées (John, aka Nash Metek, NDLR). Bien entendu, j’ai une équipe qui bosse avec moi, quand même. Tapage Nocturne, pourquoi ? Parce que ça « tape la nuit ». Ce sont des musiques qui tapent, c’est du gros son. Du son issu de la free, du son qui dérange. On aime bien déranger (rires)

Qu’est-ce qui t’a amené à inviter les collectifs Heretik et Spiral Tribe

Ce sont des amis, issus de la free party d’autant plus. Mais ces deux sound systems ont des univers différents. Ce sont des personnes avec qui j’ai vécu de bons moments à l’époque, dans les free. Donc je voyais bien le duo Heretik et Sprial Tribe pour cette soirée. Je vais les faire jouer l’un après l’autre, donc ce sera des versus – toute la soirée – où les artistes s’enchaîneront heure par heure. Donc, musicalement, ça va être riche, ça promet d’être intéressant.

Comment s’est imposé le choix des artistes ? 

En effet, il a fallu faire des choix. Un dialogue s’est érigé entre les collectifs et nous. Le fait est qu’on se connaît bien, depuis des années même. Évidemment, il y a des artistes avec qui on s’entend mieux que d’autres, donc on a dialogué. Les disponibilités de chacun interviennent également. Enfin, on a tranché par rapport au contenu musical que chaque artiste propose : il ne faut pas se cantonner à un style. La cohérence de l’enchaînement est importante également, il faut que ça monte crescendo. 

Comment vous êtes-vous organisés pour que ça monte crescendo, justement ? 

Il faut qu’il y ait une cohérence, que ça soit intéressant au niveau du style. On veut que les oreilles en prennent un coup ! Donc, il y aura de la techno, de la hardtek, de la tribe, du hardcore, même de la tech house au début avec Meltdown Mickey. Il y aura deux scènes. Sur celle où on fait jouer Mickey ou Jeff23, les styles seront éclectiques. Mais il ne faut pas oublier que la soirée relève du domaine de la hard music. Sur l’autre scène, il y aura de la bass, notamment avec Elisa Do Brasil, et de la techno avec Dave The Drummer, un mec de Stay Up Forever, un vieux label acid.

Également Manu Le Malin, Lenny Dee, Nash Metek (moi-même)…

Vous avez également organisé un DJ Contest, comment ça s’est passé ? 

J’ai posté l’annonce sur Facebook. Deux possibilités pour gagner : une première en fonction du nombre de likes sur Facebook, et la deuxième, qui était notre coup de coeur. On a écouté beaucoup de sons. C’est un bon bilan, le Contest a bien fonctionné. Notre choix du coup de coeur était complètement indépendant du nombre de likes, ce qui permettait à l’artiste d’accéder à la scène même s’il n’avait pas beaucoup de visibilité sur les réseaux. S’il n’a pas beaucoup de potes sur Facebook, c’est pas ça qui prime (rires)

A-t-il été difficile pour toi de faire jouer des soundsystems issus de la free dans une salle ? 

Le Dock des Suds reste un lieu underground. C’est une ancienne sucrière, dans le deuxième arrondissement de Marseille. Elle ne situe pas en plein centre-ville, mais elle reste facilement accessible en tram ou en train. C’est une salle dotée d’un gros volume, qui ne fait pas vraiment club, ni cheap. Elle peut s’apparenter à La Laiterie (à Strasbourg, NDLR), en plus grand. 

Vous allez ajouter du système son ? 

Oui, on va en ajouter. Il y en a déjà, bien sûr, mais pas suffisamment (rires). On va ajouter du Funktion-One, des lights et de la déco. 

Qui s’occupe de la scénographie de Tapage Nocturne ?

Ce sont des équipes avec qui je travaille depuis longtemps sur mes différents projets. Il y aura des projections vidéo, et un show lumières. Du mapping, aussi. Je veux rester fidèle au graphisme du flyer, et à la dénomination des stages, qui s’appellent UpTown et DownTown, en référence à New York, au côté urbain. Mais à l’urbain destroy, ici. Un collectif avec qui je travaille depuis un moment s’occupera tout ce qui est vidéo et scénographie : ils ont fait les décors pour Impact Festival également.

À ton sens, le public est-il différent du public des free parties à l’ancienne ? 

Le public est plus open aujourd’hui. À l’époque, je faisais partie du public free, et on était plus fermé. En cause ? L’absence d’Internet, qui a créé depuis un libre accès à la musique. Donc le public a changé, en effet. Il reste des puristes bien sûr. Mais de manière générale, le public est ouvert, il peut aller autant en free qu’en club. Ce n’était pas le cas avant.

As-tu été confronté à certaines difficultés en termes d’organisation ? Quelles sont les différences entre une organisation de free et une organisation de soirée, comme Tapage Nocturne ?

Du moment que la salle est réservée, elle peut ouvrir au public : les pompiers ont donné leur approbation. En revanche, pour les festivals par exemple, certaines communes ont peur. À noter qu’il y a des renforcements sécuritaires, avec l’état d’urgence. Mais je n’ai pas été embêté. Quant à l’organisation de raves ou de soirées, c’est totalement différent. En toute franchise, j’ai 40 ans, je ne vais plus trop en free. Ce qui me plaît en rave, c’est l’illégalité, le côté « personne le sait, tu envoies l’adresse d’un endroit auquel personne ne s’attend et d’un coup, il y a plein de monde ». C’est le côté cool, le côté underground. Tu as la pression, ça te plait d’être au-dessus des lois, c’est illégal, ça te fait kiffer. Mais le show n’est pas au rendez-vous : pas de belle installation de son ni de belle installation de lumière, c’est toujours à l’arrache parce que le temps manque. D’autant plus, quand c’est gratuit – ou sur donation volontaire –, tu fais kiffer les gens. D’un autre côté, les soirées clubs sont « carrées » et payantes, mais elles te donnent la possibilité d’organiser de vrais évènements. Au niveau technique, tu te permets des effets spéciaux, de la scénographie, des lumières. 

Parle-moi de tes différents projets. 

Tout tourne autour de la hard music. Je m’occupe du festival Rave. J’ai également coorganisé Impact Festival sur Marseille, qui s’est déroulé en novembre 2016. Tapage Nocturne a aussi lieu dans la cité phocéenne, et au Bikini à Toulouse. 

C’est la 5e édition de Tapage Nocturne. Quels sont tes projets ? 

Je souhaite constater l’évolution de l’évènement. Je souhaite voir s’il ne s’essouffle pas, si les gens répondent encore présents. J’essaie de me questionner avant les évènements, afin que le public kiffe, et qu’il continue à kiffer. On verra bien… 

Les artistes te donnent-ils des contraintes supplémentaires ? 

Par rapport à d’autres styles de musique, non. La hard music reste très friendly, accessible et cool. De plus, on se connaît depuis longtemps. C’est différent de la techno. Tu prends Garnier, par exemple, c’est le pape de la techno. C’est super galère de l’avoir, il a une éthique. Bref, dans le milieu, il y a du bon et du mauvais. J’ai voulu faire venir Garnier, mais je n’ai jamais réussi à l’avoir… C’est du business la musique aujourd’hui.

Certains artistes sont récurrents à Tapage Nocturne ? 

Oui, par exemple Manu le Malin, il est incontournable. C’est un mythe. Elisa Do Brasil, aussi.

Il faut dire que je reçois bien les artistes aussi. Il y en a également qui ne jouent pas beaucoup, comme Dave The Drummer. Avec Rave, on fait revenir des anciens de l’acid, comme Chris Liberator. Certains sont connus, d’autres non. On a envie d’amener des grosses têtes d’affiche et des petits artistes. La notoriété, en quelque sorte, te permet de faire ça : programmer des petits comme des gros artistes. Faire venir que du gros, je n’en vois pas l’intérêt. Il faut trouver le juste milieu pour que la soirée ne se plante pas, et permettre aux gens de faire des découvertes. Les DJ contests servent aussi à ça.

Retrouvez la soirée Tapage Nocturne au Dock des Suds, à Marseille, samedi 24 février, en compagnie d’artistes de renom de la scène musicale électronique. Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page Facebook de l’évènement.

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