Non loin de la Cité des Sciences, on peut apercevoir, encastrée dans les barres grises et moroses qui encerclent le Parc de la Villette, une vitrine bleue et rouge parée de logos en trompe-l’œil, rappelant la figure étrange du triangle de Penrose. Nous sommes devant Illucity, le premier « parc d’aventures » entièrement dédié à la VR en France, une nouvelle technologie qui ne cesse d’attirer de plus en plus de curieux. C’est sous l’impulsion d’Ymagis, groupe français spécialisé dans les technologies numériques et l’industrie du cinéma que ce projet a vu le jour. Si l’ouverture est prévue pour le 12 décembre, on a eu la chance de pouvoir tester en avant-première quelques animations disponibles sur le site.
Passé le premier couloir, c’est un accueil chaleureux et haut en couleur qui attend les visiteurs. Ces derniers y sont invités à se décharger de tout ce qui pourrait leur être superflu pour entamer cette escapade virtuelle. Ça y est, on peut commencer à progresser dans le parc qui s’étend sur deux niveaux, rez-de-chaussée et sous-sol, desquels plusieurs salles sont accessibles. Après un bref tour du propriétaire, il est temps de voir ce que cache vraiment cet endroit pour le moins singulier.
Actuellement, Illucity ne propose pas moins de quatre escape games, faisant du parc la plus grosse structure de ce genre en France. Contrairement aux escape games plus classiques, où le joueur progresse généralement dans trois pièces tout au plus, il pourra ici visiter jusqu’à neuf salles différentes. « Vous allez complètement oublier que vous êtes dans une pièce de 15m² », affirme Nathan Reznik, directeur général du parc. Chez TRAX, on a voulu vérifier une telle assertion. On a donc testé l’un de ces escape games : Eclipse. Le scénario est le suivant : une étoile est sur le point d’entrer en supernova à proximité d’un vaisseau d’exploration mystérieusement abandonné. Notre équipe de quatre joueurs répartis dans deux salles différentes doit coopérer pour mener l’enquête et échapper à l’éruption solaire. Une fois le casque VR, le backpack et les Vive Trackers enfilés, l’immersion est totale.
La petite pièce dans laquelle le jeu se déroule paraît infiniment plus spacieuse grâce à un système de salles, d’ascenseurs et de plateformes mouvantes simulées par des vibrations au sol. Depuis le cockpit, la vue est prenante : l’infini de l’espace s’étend derrière l’immense et menaçante étoile orangée. Mais on ne peut admirer indéfiniment un tel panorama. Au cours de la mission, on entre par exemple dans un jardin à oxygène qui prendra feu et il nous faudra éteindre l’incendie à l’aide d’extincteurs que l’on peut saisir et utiliser via les télécommandes VR. Une plateforme permet de se déplacer au dessus du jardin pour accéder aux différents endroits où l’incendie fait des ravages. Difficile de ne pas rester captiver tant l’expérience est surprenante de réalisme, le scénario est stimulant et les conseils du game master rappelant que le temps nous est compté ne font qu’augmenter la pression…
Des scénarios variés sont proposés pour assurer la diversité de ces jeux : une version d’Assassin’s Creed sous licence Ubisoft, dans lequel le joueur devra résoudre puzzles et autres énigmes, ou encore After H : Legend of Mars, développé par le studio parisien SmartVR pour la salle la plus spacieuse du lieu (100 m²), située au sous-sol. Ce scénario est prévu pour six joueurs, lesquels disposeront du même arsenal que pour Eclipse et une réplique à l’échelle d’un fusil d’assaut en prime. Illucity insiste bien sur l’importance pour eux de s’allier à des studios français afin d’agrémenter le contenu proposé. Le parc prévoit également de se renouveler en proposant de nouvelles attractions tous les six mois.
Les escape games ne sont pas le seul contenu proposé par le parc. Après avoir tenté de sauver l’humanité d’une éruption solaire, on a eu l’occasion d’essayer quelques animations supplémentaires. Celles-ci se trouvent au sous-sol dans des espaces ouverts, équipés d’écrans qui diffusent en direct le contenu des casques. Parmi ces activités, le visiteur pourra par exemple vivre un voyage spatial à la vitesse de la lumière ou jouer à Beat Saber, un genre de Guitar Hero en VR. L’équipement VR répond vite, la latence est quasi inexistante et les mouvements sont bien restitués, le jeu est donc agréable. Illucity propose également des jeux plus classiques comme l’attaque de zombies ou le simulateur de course automobile. Une équipe E-sport vient d’ailleurs s’y entraîner pour parfaire ses compétences en la matière.
Même si certains jeux restent individuels, l’accent est mis sur la dimension collective qui peut en émuler : une place prééminente est réservée à la communication. Et les attractions ne sont pas les seuls moyens de mettre en valeur cet aspect social. Au centre de la structure se trouve le « Chill Park » : un espace de partage permettant aux participants d’échanger et de revenir sur leurs expériences individuelles et collectives.
Les problèmes les plus récurrents à l’époque des balbutiements de la VR étaient les maux de tête et nausées causés par les dissonances créées entre perception visuelle et corporelle lors de sessions longues, comme peuvent l’être les escape games. Celui-ci a été résolu par l’ajout d’effets haptiques (ndlr : qui s’adressent au toucher pour faire correspondre perception visuelle et sensation tactile), qui donnent une sensation de réalisme aujourd’hui inégalée. Les planchers vibrants et les ventilateurs simulent avec pertinence l’environnement autour du joueur, tel qu’on a pu le tester avec Eclipse.
« On est allé chercher les expériences les plus immersives possible » allègue Nathan. Pour assurer une telle plongée, Illucity a choisi le modèle de casque Vive Pro du constructeur HTC, une référence en la matière. Par ailleurs, on n’a pas trouvé ce matériel gênant durant l’escape game. Ce n’est qu’au bout d’une heure que l’on commence à ressentir le poids du casque ; le temps d’une simulation, en définitive.
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Du reste, le directeur est confiant sur l’avenir de la VR, elle s’immisce partout : entreprises, cinéma, jeux vidéo et aussi clips musicaux. Il opère une comparaison pertinente avec la généralisation du smartphone pour illustrer son propos : ce n’est qu’une question de temps avant que cette nouvelle technologie ne touche la société dans son ensemble et la transforme en profondeur. On peut s’attendre dans un futur non lointain à voir fleurir d’autres projets de ce genre. « Il y a un vrai phénomène, des gens commencent à avoir envie de faire des salles » souligne le directeur. Pour lui, la multiplication d’infrastructures consacrées à la VR ne peut qu’être bénéfique : elle participe à sa démocratisation.
Les diverses animations sont accessibles à partir de 5€ et jusqu’à 30€ pour les activités les plus longues, telles que les escape games. Un tarif qui n’est finalement pas si éloigné des escape games « en dur ». Les réservations des salles pour ces jeux pourront par ailleurs être effectuées sur le net. L’entreprise prévoit de lancer un nouvel établissement à Marseille en 2019, et pourquoi pas d’autres en France si le concept se porte bien !