On a découvert un paradis du dancefloor sur la côté sicilienne au Ortigia Sound System

Écrit par Antoine Calvino
Photo de couverture : ©Jon Bronxl, Glauco Canalis, Sasha Taormina, Sara Sani
Le 20.09.2018, à 11h45
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©Jon Bronxl, Glauco Canalis, Sasha Taormina, Sara Sani
Écrit par Antoine Calvino
Photo de couverture : ©Jon Bronxl, Glauco Canalis, Sasha Taormina, Sara Sani
Le festival organisé du 27 au 29 juillet sur la côte sicilienne nous a régalés entre ses concerts dans une citadelle, ses afters bucoliques et bien sûr le décor enchanteur de sa ville.


Photos Jon Bronxl, Glauco Canalis, Sasha Taormina, Sara Sani

« J’aimerais tant voir Syracuse », chantait Henri Salvador. Nous aussi, ça nous disait bien de checker cette destination mythique de la côte sicilienne. Grâce au festival Ortigia Sound System, on l’a fait et on est de retour pour vous en parler, en plus de la teuf qui se tenait sur ses vieilles pierres fin juillet. Hé bien le vieux bougre avait raison, en particulier concernant Ortigia, sa partie la plus ancienne, qui est sublime. Avant d’attaquer les festivités, on a pris le temps de flâner dans les ruelles à l’architecture baroque de cette île reliée à la terre ferme par deux ponts croquignolets, on a bu une bière devant la fontaine de la place Archimède avec sa chasseresse dénudée entourée d’hippocampes et de tritons en folie, on s’est envoyé un plat de pâtes à l’espadon devant les ruines romaines, on a mangé une glace stracciatella devant la massive cathédrale de l’éblouissante piazza Duamo… Et puis bien sûr on s’est plongé dans le festival, qui décline les différents genres de musique électronique avec la Méditerranée comme thématique générale.


On a commencé par une après-midi de croisière autour de l’île en compagnie de Lamusa qui a envoyé une disco branlante teintée de mélodies arabisantes en compagnie de Zaltan du label Antinote, qui l’a plus jouée house chelou, c’était très cool dans les deux cas. Le soir, on s’est retrouvé dans la grande cour rectangulaire entourée de colonnes de l’Antico Mercato. Kamaal Williams y jouait de la funk sobre et chic avec son groupe, DJ Mafalda envoyait un mélange de free jazz et de house, bref le festival la jouait classieuse pour son entrée en matière. 

Le lendemain, après une nouvelle croisière au son de la house filtrée un peu passe-partout de C’est qui ? du collectif Seoul Community Radio, on découvrait le soir le spot le plus impressionnant du week-end, Maniace Ortigia, une citadelle dominant la mer. Bad Gyal, une métisse anglaise décolorée ouvrait le bal avec son dancehall explosif en multiplant les tournicotis affriolants de twerk. L’inventeur du dub en personne, Lee Scratch Perry, prenait la suite. Il ressemble de plus en plus à une momie rousse en uniforme d’opérette (cette fois avec un énigmatique maquillage bleu sur le visage) et il ne faisait que poser ses riddims sur la musique d’un DJ, mais c’est bien sûr toujours émouvant de voir le mythe sur scène à 80 ans passés. Puis l’Anglais Jarreau Vandal nous enchantait avec un mélange rafraîchissant de r’n b, de ragga et de break, au contraire des trois Anglais de Hot Chips qui clôturaient la soirée non pas en jouant leur musique, mais avec un curieux mix en ping pong d’électropop bien grasse. 

En fait c’est à l’after, après 3 heures du matin, que les choses sérieuses commençaient. Après avoir filé dans la campagne pendant une vingtaine de minutes, on se retrouvait dans le magnifique jardin d’une villa, entouré d’Italiens plus cools les uns que les autres avec les orgas à fond devant le DJ. La Tunisienne Deena Abdelwahed envoyait une pétarade de rythmes inspirés du kuduro qui secouait le dancefloor comme jamais, avant de laisser la place à la house ultra sophistiquée du berlinois Call Super qui nous emmenait jusqu’à 10 heures. On profitait de cette ambiance enchantée pour se faire plein de nouveau amis, d’autant que nous étions les seuls de la fête à avoir du poppers. 

Après un enchaînement d’afters en apparts dans Ortigia, on se retrouvait dans une nouvelle boat party avec un inconnu nommé Verynicesnleazy qui envoyait une house légère et décalée, un truc super élégant. Suzanne Kraft reprenait ensuite en mode house et disco, pas mal non plus quoique plus carré. Le soir, on arrivait trop tard pour écouter Erlend Øye chanter des standarts italiens accompagné de sa seule guitare, mais il paraît que c’était très cool. Ces hippies de James Holden & The Animal Spirits donnaient ensuite un concert de pop psychédélique ultra planante nourrie de percussions maghrébines, bientôt relayé par la musique de mariage du Syrien Omar Souleyman, qui mettait immédiatement le feu à la soirée. 

Mais appâté par l’expérience de la veille, on attendait l’after… Et ce fût mieux encore, avec un dancefloor une fois encore en communion au milieu des arbres, impeccablement porté par les DJs Tosker, Nathan Micay et Marcin Oz qui envoyaient une house délicate et ultra variée, entre Ricardo Villalobos, Smith’n Hack et, pour conclure, le renversant hautbois du Beacon de Jacek Sienkewicz remixé par Soulphiction.

On concluait le festival le lendemain, ou plutôt dans la soirée, de retour à la citadelle pour écouter une bande de DJs napolitains constituée de Mystic Jungle, Filippo Zenna et Nu Guinea, auteurs de l’excellent disque d’italo disco (forcément) Nuova Napoli. Ils mixaient leur propre musique, assortie de quelques classiques tels le mythique 2° Coro Delle Lavandaie par la Nuova Compagnia Di Canto Populare, qui fait danser les foules depuis 1976. La grande classe, à l’image de ces trois jours de festival à Ortigia.

Nu Guinea

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