« J’aime aussi, surtout quand l’été vient, pouvoir aller danser. » La formule d’Olivier Véran, est presque ironique. Face aux sénateurs, au lendemain de la Fête de la musique, ce lundi 22 juin, le ministre de la Santé justifie la décision prise par le conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN) l’avant veille de maintenir les clubs et discothèques fermés jusqu’à septembre, minimum.
Alors que les patrons de clubs, discothèques et établissements de nuits, réunis au sein du comité de filières “Nuits, lieux musicaux festifs et de vie”, avaient présenté des garanties sanitaires au gouvernement en vue d’une réouverture possible le 10 juillet, l’exécutif a choisi de suivre le principe de précaution : les transports, cinémas et bars rouvrent, pas les clubs.
Outre la trivialisation du débat induite par sa petite phrase, Olivier Véran invoque des risques sanitaires sérieux, qui seraient inhérents aux clubs. Evoquant la situation en Corée, où un fêtard avait contaminé plus de 50 personnes en faisant la tournée des clubs à Séoul, le 2 mai dernier, le ministre a prévenu : « On peut considérer qu’il n’y a plus de risque et faire ce que l’on veut (…) Le risque inhérent serait beaucoup trop lourd pour les Français » si les discothèques rouvraient cet été.
face aux sénateurs, le ministre a par ailleurs affirmé ne pas « prendre à la légère » le sujet et que les patrons de discothèques « aspirent légitimement à pouvoir rouvrir ». D’après Olivier Véran, le gouvernement voudrait « accompagner les discothèques pour leur permettre de se reconvertir en bars ». Une annonce qui pourra surprendre ceux d’entre eux qui désirent poursuivre leur activité en dépit des événements. Le 15 juin dernier, le patron du Rex Club, Fabrice Gadeau, affirmait déjà à publicsenat.fr avoir « l’impression » que les clubs sont « les oubliés du déconfinement », expliquant n’être « pas sûr de pouvoir s’en relever ». A Libération, Renaud Barillet, pilote du comité de filière “Nuit, lieux musicaux festifs et de vie” assure que «le ministère est très clair : les fermetures administratives seront assorties de mesures compensatoires qui restent à préciser au-delà des mesures d’urgence qui existent.
Ces annonces fermes tranchent avec celles faites par Franck Riester, le ministre de la Culture, au micro d’RTL vendredi 19 juin. Le ministre évoquait alors une concertation prochaine avec les représentants des discothèques et insistait sur la situation d’un « secteur sinistré », sans plus de précisions sur le fond. Sur la question des clubs, le ministère de la Culture semble plus que jamais en retrait, cédant la place aux exigences de santé publique et laissant la charge de la négociation au secrétaire d’Etat au tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne.
Christophe Blanchet, député LREM du Calvados et auteur d’une lettre ouverte au Premier ministre l’incitant à rouvrir au plus vite les discothèques, devrait réunir les députés signataires de son appel Tous Unis la Nuit au Balajo, la plus vieille boite de nuit de Paris, ce mercredi 24 juin, pour une conférence de presse.