À voir : OKLou, l’artiste modèle du monde d’après

Écrit par Simon Clair
Photo de couverture : ©Jean-Vincent Simonet
Le 14.07.2020, à 09h51
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©Jean-Vincent Simonet
Écrit par Simon Clair
Photo de couverture : ©Jean-Vincent Simonet
Après quelques mois confinés qui l’ont forcée à remettre ses plans au lendemain, la chanteuse et productrice française OKLou s’apprête enfin à sortir Galore, une mixtape aussi dense qu’un album qui pourrait bien être le disque de la rentrée. Pour l’occasion, le photographe Jean-Vincent Simonet est allé à sa rencontre, le temps d’une série d’images dans le décor de ce fameux “monde d’après” dont tout le monde parle.

Cet article est initialement paru en juillet 2020 dans le numéro 230 de Trax Magazine, actuellement disponible en kiosques et sur le store en ligne.

Derrière l’écran de son ordinateur, de l’autre côté de la conférence Zoom, OKLou hésite. Entre les phrases, elle se reprend, se corrige, s’éparpille avant de s’excuser poliment pour ce qu’elle appelle « mes blancs  », ces moments où l’on ne sait plus trop si elle cherche ses mots ou se perd dans ses pensées. « Je me rends compte qu’il va falloir que je commence à réfléchir à la manière dont je veux parler de ce disque en interview », conclut-elle, un peu amusée par la situation, alors que la sortie de son nouveau disque a dû être décalée suite à la crise du coronavirus. Ce naturel et cette spontanéité touchante, Marylou Mayniel, 27 ans, l’entretient depuis ses débuts. À l’époque, en 2013, elle n’est encore qu’une adolescente postant timidement de courtes vidéos sur YouTube. On la voit dans sa chambre, sur son piano ou devant des machines, en train de bricoler des bouts de morceaux qu’elle semble ne jamais vraiment terminer. « À un moment, j’ai senti qu’il fallait que je me détache de ce format très facile pour moi. Je ne finissais jamais les choses, je n’arrivais pas à mettre de point final à ce que je commençais. »

© Jean-Vincent Simonet, assisté de Léa Besanceney

Mais au fil des années, OKLou commence à prendre un rythme et parvient à finaliser des projets, dont son EP très remarqué de 2018 The Rite of May. Cette année, elle s’installe à Londres et se rapproche d’artistes comme Coucou Chloe, Sega Bodega, Shygirl et de toute l’équipe du label Nuxxe. En compagnie du DJ et producteur Krampf, Marylou travaille sur Zone W/O People, un jeu vidéo onirique pour lequel elle compose la musique et qui marque pour elle un véritable changement. « J’ai adoré le fait d’avoir un scénario sur lequel m’appuyer, avec une histoire qui a un début et une fin. Dans ce genre de cadre, le travail de composition devient beaucoup plus ludique. Sinon, quand je suis devant mes logiciels, comme je suis hyper influençable, j’ai tendance à partir dans tous les sens et à chercher à reproduire le style de musique que j’écoute à ce moment-là. »

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©Jean-Vincent Simonet, Léa Besanceney

En septembre prochain sortira Galore, une mixtape aux allures d’album sur laquelle OKLou semble bien avoir trouvé un cap. Et si l’évocation de ce disque lui fait aujourd’hui perdre ses moyens, c’est avant tout parce qu’il remue des émotions intimes et personnelles « qui viennent d’un endroit en [elle] qui est puissant émotionnellement parlant. » Pour parler de ce projet, la chanteuse et compositrice préfère plutôt reprendre les mots que lui a dit son ami et collaborateur Casey MQ avec qui elle a travaillé sur l’ensemble de la mixtape :   « En écoutant ma musique et ses paroles, il m’a un jour fait remarquer que tous mes morceaux ont en commun le fait qu’ils traduisent une envie de s’échapper, de s’évader. Avant, je n’avais jamais mis de mot sur ce sentiment, mais c’est vrai et très cohérent avec ce que je ressens. Comprendre tout ça m’a permis d’imaginer un univers, parfois à la limite du fantastique. » Avec ce disque aux arrangements délicats et à la finesse mélodique touchante, OKLou parvient à s’affirmer comme l’une des artistes françaises les plus prometteuses de sa génération, sans jamais donner l’impression de forcer le destin. La preuve qu’il faut toujours finir ce qu’on a commencé.

Retrouvez l’intégralité de la session photo avec OKLou dans le numéro 230 de Trax Magazine, disponible en kiosques et sur le store en ligne.

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