Par Hugo Mouliot
Évènement majeur de la musique électronique, le festival Tomorrowland qui a vu sa première édition voir le jour en 2005 divise quant à sa tenue sur le territoire français. Crée par les frères Beers, cette manifestation rassemble chaque année les aficionados d’EDM (la tech house et le hardstyle y sont aussi particulièrement représentés) et plus d’une centaine d’artistes. Avec plus de 400 000 festivaliers accueillis en 2017, l’édition belge du festival génère un chiffre d’affaires avoisinant les 25 millions d’euros.
Le financement de ce festival lucratif par la région ? Une maldonne pointée du doigt par 45 acteurs locaux du secteur des “musiques actuelles” dans une lettre ouverte relayée par Le Petit Bulletin. Depuis la réforme territoriale de 2015 appelée loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) et l’arrivée du président de Les Républicains Laurent Wauquiez à la tête de la région, les subventions ont drastiquement diminué.
Les acteurs culturels régionaux se sentent oubliés par leurs élus qui mettent pourtant en avant la « prédilection régionale ». « Nous sommes nombreux, nous sommes partout, sillonnant villes et campagnes, et nous nous battons tous les jours pour développer, coopérer, créer, exister », écrivent-ils. La tribune compte déjà près de 100 000 lectures.
Les signataires remettent en cause la programmation artistique du festival, essentiellement jugée commerciale et n’amplifiant pas réellement la réelle activité culturelle locale. “Nous souhaitons questionner la cohérence d’un financement régional à destination d’une structure commerciale extra-régionale lorsque des opérateurs régionaux (œuvrant de surcroit dans des logiques non lucratives) sont mis à mal par des suppressions de budgets.”
Les acteurs locaux interrogent également le conseil d’Auvergne-Rhône Alpes à propos de l’éventuel impact économique et environnemental. Le site est-il nécessairement équipé pour recevoir un public de 30 000 festivaliers ? « Le secteur culturel est un écosystème, avec des petites et des grosses structures irrémédiablement liées, des initiatives privées et publiques imbriquées, et un travail au long cours pour mailler un territoire. Abandonner un maillon de la chaine, c’est aller vers une uniformisation de l’offre, c’est condamner l’avenir. »
Les signataires estiment représenter 18 millions de chiffre d’affaires, une statistique qui replace la région dans une dynamique certaine. Parmi eux, l’on retrouve notamment les festivals du Hadra, Château Perché et Evasion, ralliés également par des labels comme GreenPiste Records ou Jarring Effects, ainsi que des collectifs de vidéastes tels Shoot It.
si vous souhaitez signer cette lettre, dont le texte intégral est à consulter ici, contactez collectif.musique.ara@gmail.com