Nomo : le mystérieux label qui reverse ses profits à la mer

Écrit par Aude Juglard
Le 11.07.2016, à 12h31
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Écrit par Aude Juglard
Derrière l’appellation Nomo se cache une double explication. D’un côté, l’idée que le label souhaite produire “de la musique et nothing more”. De l’autre, le nom du célèbre personnage de Jules Vernes, le capitaine Némo – héros de Vingt mille lieues sous les mers. Un nom qui représente bien l’esprit de passionnés sans concession des deux créateurs du label et l’élément dont ils tirent toute leur inspiration : l’océan.

Nomo

Nomo est un label inspiré par l’océan, et il le lui rend bien. La musique produite par le duo franco-allemand à l’origine du projet cherche à reproduire les multiples facettes de l’univers aquatique, entre peur des abysses et réconfort, courants chauds et courants froids. Ils complètent le cycle en participant aux actions de préservation de l’association Ocean Care.

Le projet est né à la suite d’une claque musicale, vécue par Rémi et Stefan lors de la projection du documentaire I Dream of Wires à Berlin : “Un jour, nous sommes allés voir le documentaire I Dream of Wires présentant Morton Subotnick et les synthés analogiques, nous raconte Rémi. La projection était suivie d’une performance de l’artiste sur ces mêmes synthés, un truc complètement expérimental et un peu perché. Ça nous a complètement transportés. En sortant, on a décidé de se mettre à jammer sur des synthés modulaires. Très vite, on s’est retrouvé à produire des sons qui nous faisaient penser à l’océan, aux abysses.”

Poussés par un impératif de qualité musicale, les deux amis décident de sortir uniquement leurs disques en vinyle : “Côté mastering, on travaille avec Perla Audio qui nous produits en analogique, sur de grosses machines à bandes. Ça collait à notre souhait de conserver la qualité sonore de nos synthés. Certaines personnes critiquent le rendu un peu crade, mais c’est uniquement lié au son brut de nos instruments. Il était impossible pour nous d’imaginer que quelqu’un puisse écouter notre musique sur un ordinateur, la perte de qualité serait trop importante. Quand tu possèdes une platine vinyle, il est plus courant que tu possèdes aussi un bon système son. » 

Nomo


Ce support leur permet de pousser leur concept “océanique” jusque dans leur esthétique. Les sorties se font sur des vinyles bleu marbré, avec des macarons dessinés à la main par Janine et représentant des animaux sous-marins.


Plus surprenant, les pochettes et les macarons n’affichent aucun nom d’artistes ou de morceaux. “La musique pour nous, c’est avant tout du partage, explique Rémi. C’est pour ça qu’on ne nomme pas les artistes. On ne fait pas ça pour avoir une reconnaissance personnelle, on se met totalement au service du projet.”

Nomo


Derrière chacune de leurs sorties, les deux producteurs – bientôt rejoint par d’autres amis tels que Frédéric – cherchent à raconter une histoire. Les tracks sont évolutifs, passant d’une techno assez club à des morceaux d’ambient bien plus lents. Finalement, chaque vinyle est comme un chapitre du roman de Jules Vernes. “Dans l’idéal, il faudrait que nos clients achètent la collection complète. C’est pour ça qu’on ne nomme ni nos vinyles ni nos tracks. Ils doivent s’écouter ensemble, comme une histoire.”



Réalisant l’étendue de ce qu’ils empruntent à l’océan en termes d’inspiration, les membres de l’équipe décident de s’allier à l’association mondiale Ocean Care pour contribuer à la préservation de cet univers. “On a eu envie de s’investir au-delà de la musique. Ocean Care était l’association parfaite. Leur combat premier est axé sur la pollution des océans liée aux déchets plastiques, et on ne produit que sur vinyle, donc à partir de plastique ! Leur deuxième combat est axé sur la pollution sonore, et on fait de la musique !”


Rémi se lamente d’ailleurs du manque d’engagement des collectifs de musiques électroniques, expliquant celui-ci par l’individualisme inhérent à ce genre musical : “Je ne pense pas qu’il y ait de lien direct entre musique électronique et partage. Le problème avec les musiques électro, c’est que, souvent, il s’agit d’un homme face à une machine alors que dans la musique acoustique, tu es un peu obligé de t’associer avec d’autres personnes. C’est pour cela que l’on préfère faire du jam, ça permet de rendre le partage plus humain et de sortir de la relation homme-machine assez individualiste.”



Au final, comme le dit le co-créateur du label, “Nomo, c’est les Anonymous de l’océan”. Et vous ne les trouverez pas sur les réseaux sociaux : ils ont décidé de ne pas faire de promo commerciale autour de leur projet. La seule manière de les rencontrer est de visiter leur site Internet, où se trouvent d’ailleurs certains de leurs tracks sous forme de vidéos filmées dans les aquariums de Paris et Berlin. Les vinyles sont disponibles chez Hard Wax et Techno Import.

On a d’ailleurs une bonne nouvelle pour ceux dont le porte-monnaie sonne creux : on a trois exemplaires à faire gagner ! Envoyez un email à l’adresse concours@traxmag.com avec pour objet ”Vinyle Nomo”, premier arrivé, premier servi.

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