Nanterre : la Ferme du Bonheur mise en péril par la construction d’un échangeur routier

Écrit par Erwan Lecoup
Photo de couverture : ©Rémy Golinelli
Le 25.02.2020, à 14h26
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©Rémy Golinelli
Écrit par Erwan Lecoup
Photo de couverture : ©Rémy Golinelli
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A Nanterre, la friche du “Champ de la Garde” accueille depuis 11 ans bon nombre d’activités écologiques, dépolluantes et citoyennes. Sous la houlette de la Ferme du Bonheur, celle-ci serait menacée par la construction d’un échangeur routier. Une pétition lancée par les “Nanterriens pour la Nature”, le  2 février dernier, a déjà réuni 6 000 signatures.

Depuis plus de trente ans les urbanistes plaident pour la fermetures des axes routiers autour des grandes villes. Pourtant, Nanterre ne semble pas suivre la tendance. Deux autoroutes traversent déjà le chef-lieu des Hauts-de-Seine (92) et la construction de Paris La Défense Arena, plus grande salle de spectacle d’Europe, engorge désormais les quartiers de Nanterre les soirs de concerts de ses 40 000 places.

Aujourd’hui, le projet d’un boulevard est en voie de réalisation. Celui-ci vise à relier l’échangeur de l’A14/A86/N186 – où 200 000 voitures transiteront chaque jour – à La Défense, ainsi qu’au nouveau quartier de l’“Arboretum” de Nanterre. « Un énorme projet de « green washing » composé de 126 000 m² de bureaux en bois…», s’indigne Roger des Prés, fondateur de la Ferme du Bonheur. « D’autant que les responsables de ce désastre se renvoient la balle, entre Nanterre et Paris La Défense ».

Détruire la biodiversité au profit de la bétonisation

Tout comme Roger des Prés, les opposants à ce projet tels que France Nature Environnement (dans sa délégation régionale), Naturellement Nanterre, Environnement 92, mais aussi des associations de quartiers, estiment que celui-ci signerait la destruction quasi totale des 4 hectares du “Champ de la Garde”. Cette friche « sauvage et libre » située dans la ZAC Seine Arche, fût « prise d’autorité » il y a 11 ans par les paysans de la Ferme du Bonheur, pour accueillir bénévoles tous les dimanches, volontaires de woofing, structures d’aides sociales et élèves de différentes écoles. Ici, toutes les activités agricoles sont réalisées « sans machine, afin d’être dans une posture de justesse, ou de justice, vis à vis de ce qu’on appelle le vivant ». Cheval de trait et petites mains sont alors au rendez-vous, sous une « autorité commune, spontanée, aléatoire, précaire et surtout libre », souligne Roger des Prés.

La Ferme du Bonheur de Roger des Prés, est installée sous un des échangeurs autoroutiers de la ville-préfecture depuis l’hiver 1992, à deux pas de l’Université Paris X. Partageant le terrain avec des compagnies de cirque depuis près de 28 ans, ce lieu lutte contre les pollutions des sols urbains en hébergeant des pratiques agricoles, culturelles, sociales et pédagogiques, tout en mettant en avant l’économie circulaire. Divers événements festifs y sont également régulièrement organisés, notamment des open airs par La Mamie’s, ou encore par les collectifs La Klepto et La Mangrove.

Cet espace écologique et « agro-poétique, donc politique » est soutenu par un panel d’institutions scientifiques d’envergure internationale (Agroparistech, INRA, l’Institut de Recherche pour Développement, ou encore Ineris) qui y viennent étudier l’imperméabilisation des sols. « Notre méthode les enchante, et moi je dois dépolluer », détaille Roger des Prés. « Lorsqu’il faudra le faire sous la contrainte de l’urgence climatique, ce sera beaucoup moins marrant… ».

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©Justine Bourgade

Une pétition à 8 000 signatures

À quelques pas de là, le Jardin des Acacias, situé dans le quartier du Chemin de l’Île, présenté sur le site de la mairie de Nanterre comme un “réservoir de biodiversité en plein cœur de la ville”, est également en péril au profit d’un projet immobilier de grande ampleur. Pour les opposants au projet, c’est donc l’ensemble d’un « paysage rural, îlot de fraîcheur l’été et havre de paix pour des espèces protégées (mantes religieuses, hérissons…), qui est destiné à être détruit », et coulé sous le béton « d’ensembles à vocation tertiaire ».

C’est ce qu’explique la pétition en ligne “Stop à la bétonisation de Nanterre !” mise en ligne le 2 février dernier sur le site MesOpinions. L’objectif, mettre un point d’arrêt à « l’urbanisation excessive » de la ville de Nanterre. Signé par 8 000 personnes, ce moratoire est à l’initiative “des Nanterriens pour la Nature” et est adressé aux « responsables du désastre, Maire de Nanterre ». À l’heure où l’urgence écologique bât son plein, la pétition pointe du doigt la « démolition acharnée du bâti historique de la ville » et la destruction de « trop nombreux espaces de biodiversité ». Dans le même temps, la « réalisation sincèrede la coulée verte » sur l’axe historique de la Seine Arche est toujours en attente, pourtant « inscrite de longue date au Schéma Directeur de la Région Île-de-France ».

Open air la Mamie’s©Absolt

Il est possible de signer la pétition directement sur le site MesOpinions.

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