Myth Syzer fait son retour avec un album entre rap brut et mélodie pop

Écrit par Trax Magazine
Le 31.01.2023, à 17h40
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Le troisième album du beatmaker, rappeur et chanteur, conte les affres des sentiments. Alternant entre rap brut, pop et sensualité, Myth Syzer donne une suite logique et pertinente à Bisous et Bisous Mortels.

Par Brice Miclet

L’amour, c’est compliqué. Myth Syzer l’a bien compris. Il sait également que les sentiments complexes et contraires sont des sources intarissables de chansons et d’inspirations. Avec son troisième album, Poison, le producteur-rappeur-chanteur français s’aventure dans les tréfonds des engueulades, des rapports de domination et des osmoses. C’est un de ses sujets de prédilection : déjà sur Bisous et Bisous Mortels, ses premiers albums tous deux sortis en 2018, il soufflait le chaud et le froid, passant du crooner en plein doute au mâle alpha, sans sourciller ou presque. Une dualité qu’il a travaillée, approfondie, pour aujourd’hui la concentrer sur Poison, qui sonne certes comme une synthèse très personnelle, mais également comme un lâcher-prise en termes de production.

Révélé grâce à ses talents de beatmaker au sein du trio Bon Gamin, qu’il forme avec Loveni et Ichon, Myth Syzer, 32 ans, a parfait sa patte et son statut dans le rap français en bâtissant quelques classiques du genre comme “Fuck le 17” de 13 Block, “Périscope” de Damso ou encore “Kyoto” d’Ateyaba. Les nappes sont souvent vrombissantes, les synthétiseurs fondus dans les graves. Il sait apporter de la noirceur, faire dans le brut de décoffrage, mais aussi mobiliser ces esthétiques pour des titres plus sensuels, plus acoustiques. Il y a de tout cela sur Poison. Les images poétiques et les mélodies bien senties retentissent sur le single “Chamaille”. Il sait également aborder avec brio ce thème universel qu’est la séparation de l’être aimé lorsqu’il invite Arthur Teboul, chanteur de Feu! Chatterton, sur l’excellent titre aux accent presque pop, “Distance”. Ou faire parler la poudre électronique lorsqu’il s’allie au producteur canadien Kaytranada sur Sunday Love Forever, temps fort au groove plein de sidechaining, sorte de rengaine désabusée mais dont on distingue les nombreuses couches sonores, les lointaines cordes et l’étalage de l’amour-haine.

Voilà donc de l’introspection comme le beatmaker devenu chanteur aime le faire. L’unité résonne, forcément aidée par ces deux facettes artistiques qui, ici, ne font qu’une. Il y a une cohérence évidente prônée par des grooves redoutables, comme celui d’”Epouse foudre”, partant d’une batterie douce et acoustique pour se transformer en morceau plus électronique, survolé par une voix en adéquation et la présence du producteur et chanteur Muddy Monk. Myth Syzer a conçu cet album pendant le confinement, en ayant le temps ou en le prenant, et ça s’entend. Il invite tout de même ses deux potes de toujours Loveni et Ichon. Le premier sur l’insolent “Birthday”, où résonnent les cowbells de TR-808, le second sur le pénétrant “Boy”, bien plus ténébreux et radical. Poison révèle un Myth Syzer patient, soucieux du détail. Il est un album sinueux, comme les sentiments amoureux, comme son parcours qui ne semble pas connaître de cases.

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