Mort de Steve : aucun lien entre la charge et la disparition de Steve, selon la police des polices

Écrit par Alexis Tytelman
Photo de couverture : ©AFP / Lionel Bonaventure
Le 30.07.2019, à 17h08
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©AFP / Lionel Bonaventure
Écrit par Alexis Tytelman
Photo de couverture : ©AFP / Lionel Bonaventure
Alors que le corps de Steve Maia Caniço, disparu à Nantes le soir de la Fête de la Musique, a été identifié ce matin, le premier ministre Édouard Philippe a décidé de saisir l’Inspection Générale de l’Administration. Son rôle ? Élucider le déroulement des faits, même si le rapport de la police des polices conclut l’absence de preuves suffisantes pour établir un lien direct entre l’intervention de la police et la disparition du jeune homme.

Après avoir reçu le ministre de l’intérieur Christophe Castaner, le premier ministre Edouard Philippe a commenté lors d’une conférence de presse le drame que constitue la mort désormais officielle de Steve Maia Caniço dont le corps, repêché dans la Loire hier, a été identifié dans la matinée. « Le décès de Steve Maia Caniço est un drame qui nous touche tous », a-t-il tout d’abord déclaré, avant de présenter ses « plus sincères condoléances », à la famille du jeune homme de 24 ans.

Affichant une « volonté de transparence totale », le premier ministre a poursuivi en évouant le désormais controversé rapport de l’IGPN, commande par Christope Castaner le 24 juin. Ce rapport conclut, en résumé, « qu’il ne peut être établi de lien entre l’intervention des forces de l’ordre et la disparition de Steve Maia Caniço ». Et reprend en outre la stratégie de défense de la police, arguant que la charge aurait été donnée en réaction à des jets de projectiles visant les forces de l’ordre. Une version contredite non seulement par l’avocate de la famille, pour qui la noyade de Steve a été indéniablement causée par la charge policière – notamment l’usage de gaz lacrymogènes –, mais aussi par les nombreux témoignages et des vidéos démontrant d’une part que l’assaut a été donné sans sommation, et d’autre part que les-dits jets de projectiles ont eu lieu en réaction à la violence de la charge elle-même.

Reconnaissant que « le déroulement de cette soirée, l’enchaînement des faits reste confus.» et « Ne pouvant s’en satisfaire », Édouard Philippe a donc décidé de lancer une nouvelle procédure, qui vient s’ajouter aux différentes enquêtes menées par le parquet de Nantes, du Défenseur des Droits Jacques Toubon et, depuis ce matin, du procureur de la République ayant lancé une plainte contre X pour “homicide involontaire”. Alors que l’opposition réclame une enquête parlementaire par la voix du député insoumis Éric Coquerel, le premier ministre « a décidé de saisir l’Inspection Générale de l’Administration. »

Spécialisée dans les affaires régaliennes, et exerçant un “contrôle supérieur” sur l’ensemble des fonctionnaires relevant du domaine de compétence et de l’autorité des préfets, l’IGA aura un mois pour rendre ses conclusions, afin de comprendre « les conditions d’organisation de l’évènement par les pouvoirs publics – mairie et préfecture – ainsi que par les organisateurs privés », mais aussi de déterminer « si les forces de l’ordre disposaient d’une conduite à tenir suffisamment claire face à d’éventuels troubles à l’ordre public ». C’est donc, en d’autres termes, la responsabilité de la préfecture, du maire et de la chaîne de commandement qui est ici mise en question. L’affaire est donc encore loin d’être terminée.

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