Une rencontre « très constructive » avec « une réelle prise de conscience pour le gouvernement de notre détresse financière ». C’est ainsi que l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) Nuit qualifie sa rencontre avec le ministre délégué aux petites et moyennes entreprises, Alain Griset, vendredi dernier. Alors que les discothèques sont encore fermées jusqu’à une date indéterminée en raison du Covid-19 , le monde de la nuit demande à Bercy un « plan de sauvetage » en urgence, c’est-à-dire la prise en charge de la totalité des charges fixes : loyers, assurances, EDF, eau, téléphone, honoraires comptables et juridiques et congés payés à charge.
Le conseil d’État justifie la prolongation de fermeture
Dans un communiqué, les représentants du secteur des boîtes de nuit ont affirmé que leur survie dépendraient de cette prise en charge. Après 4 mois de fermeture, Mathieu Lebrun, porte-parole des gérants de discothèques de Normandie, estime que près de 800 clubs, soit la moitié des clubs en France, pourraient être amenés à disparaître si leur réouverture était repoussée au mois de septembre. La fin de l’état d’urgence, le 10 juillet, avait laissé un espoir de réouverture pour les clubs, mais lundi dernier, le Conseil d’État a été formel : « Eu égard au caractère clos des établissements en cause, à la nature d’activité physique de la danse ainsi qu’à la difficulté de garantir le port du masque ou le respect des règles de distanciation sociale dans un contexte festif, il n’apparaît pas [que l’interdiction d’exploitation] revêt un caractère disproportionné ».

Un collectif de gérants se crée à Poitiers
À Poitiers, dans la Vienne, les gérants et propriétaires des six établissements de nuit du centre-ville ont constitué un collectif pour se soutenir les uns les autres. La gérante de La Luna, Delphine Lebon, est consciente qu’une réouverture aménagée avec des tables n’aurait pas forcément fonctionné, étant donné que la clientèle y va pour danser : « Aujourd’hui ce qu’on veut, c’est qu’une réflexion soit fait au niveau du gouvernement pour qu’on ne nous laisse pas mourir. On souhaite une aide financière, pour les charges. On est déjà très peu en France [ 1 500 ]. Les gens ont déjà pris de nouvelles habitudes. Les restaurants eux-mêmes l’ont dit : après deux mois de fermerture, les gens avaient déjà de nouveaux modes de vies, et ils n’ont pas retrouvé le public qu’ils ont l’habitude d’avoir à cette saison de l’année. Si on va jusqu’au 30 octobre [décret du 10 juillet 2020 ], ça fait sept mois. Nous ce qui nous faire peur, c’est qu’une réouverture ne nous aide pas plus que ça, il faut la préparer ». À Pontivy, dans le Morbihan, des photos des gérants du Missyl allongés dans des cercueils ornent également la façade de la boîte de nuit depuis vendredi. Le message est clair : pas encore morts, mais déjà un pied dans la tombe.