Moby : « Aujourd’hui, tout indique que le monde dans lequel on vit va changer radicalement »

Écrit par Smaël Bouaici
Photo de couverture : ©Courtesy of little pine
Le 20.04.2020, à 16h40
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Écrit par Smaël Bouaici
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Pour tous ceux qui n’ont pas connu ses grandes heures à la fin des 90’s, le nom de Moby évoque sans doute plus l’activiste anti-Trump et pro-animaux que le DJ ou le chanteur à succès. Le New-Yorkais, qui a migré en vingt ans de la techno/house (son premier album Moby en 1992) à la pop avec un virage par le punk (l’incompris Animal Rights), n’a jamais hésité à utiliser son statut médiatique pour faire passer ses messages politiques. À l’aube de la sortie de son nouvel album All Visible Objects le 15 mai prochain sur Because Music, Trax a ressorti de ses archives une interview de 2018, dont l’urgence résonne aujourd’hui étrangement avec la situation actuelle…

Cet article est initialement paru en avril 2018 dans le numéro 210 de Trax Magazine, disponible sur le store en ligne.

Si son engagement envers les animaux et le véganisme remonte au début de sa carrière, son image publique a pris une nouvelle tournure depuis que Donald Trump est devenu président des USA. Avec ses posts frénétiques sur les réseaux sociaux et ses déclarations sans filtre, Moby est définitivement sorti du radar des journalistes musicaux pour devenir une marotte des médias mainstream, surtout après ses infos “tombées du camion de la CIA” début 2017. Alors que tellement d’artistes – souvent sur les conseils de managers flippés  – n’osent pas dire un mot de plus que l’autre de peur de segmenter leur public, Moby n’en a plus rien à foutre. Détesté par les électeurs républicains (ça fait beaucoup de monde), les carnivores forcenés (encore plus de monde) et les fans d’Eminem (pas mal aussi), il se dit “libéré” de ne plus avoir à se préoccuper de sa carrière.

De toute façon, il ne veut plus faire de tournées et ne regarde plus les chiffres de vente (et il ne vaut mieux pas). Après avoir occupé les scènes les plus prestigieuses du monde, Moby est revenu à 53 ans à l’innocence du musicien amateur, et comme des centaines de milliers de producteurs en herbe qui ne cherchent qu’à partager leurs compositions, il met ses disques en téléchargement libre sur Internet, allant même jusqu’à créer le site Mobygratis.com pour les vidéastes en manque de budget pour illustrer leurs films. Évidemment, c’est plus facile de faire un bras d’honneur à l’industrie musicale quand on a écoulé plus de 20 millions de disques dans sa carrière – dont 12 millions pour le seul Play en 1999, une autre époque. Mais ça valait tout de même le coup d’essayer de comprendre ce cas si particulier.

En 2016, vous sortiez votre album These Systems Are Failing en pleine campagne présidentielle américaine. On a l’impression que celui-ci est moins frontal. Est-ce que vous vous êtes dit qu’il fallait sortir la politique de ce disque ?

L’idée derrière ce disque se résumait à ça : le monde dans lequel on vit est clairement rempli de problèmes. Et la façon dont on aborde ces problèmes peut être culturelle, politique, économique ou autre, mais au bout du compte, le dénominateur commun, c’est simplement qui nous sommes en tant qu’humains, en tant qu’espèce. Et c’est à ça que je fais allusion dans ce disque. Ce n’est pas de la politique, mais presque de l’anthropologie, sur nous, cette audacieuse et craintive descendance de singes tout aussi effrayés. La politique est le produit de ce que nous sommes en tant qu’espèce, et c’est pour ça que je suis plus intéressé par cet aspect, pour essayer de sauver ce qui peut encore l’être.

On est peut-être en train de planter la graine de l’apocalypse qui va nous détruire.

Moby

Le clip de “Mere Anarchy”, le premier morceau du disque, est apocalyptique et les titres des chansons exploitent le champ lexical de la déprime et de la peur. À quel point êtes-vous inquiet pour l’avenir de l’humanité ?

Dans ce clip, moi et mon amie Julie revenons sur Terre après que les humains se sont détruits eux-mêmes. Le monde est dans une période sombre. Je pense que nous assumons toujours que les problèmes vont être réglés, que quelqu’un, que ce soit Dieu, un homme politique ou n’importe qui d’autre va venir et tout résoudre. Et si ce n’était pas vrai ? Il y a plein d’autres cultures – les Assyriens, les Babyloniens, les Toltèques, les Mayas – qui ont simplement disparu. Je ne trouve pas inconcevable que la même chose nous arrive. On est peut-être en train de planter la graine de l’apocalypse qui va nous détruire.

Vous pensez que vous êtes écouté ? Comment jugeriez-vous le niveau de conscience d’une apocalypse imminente chez les gens autour de vous ?

Il doit être très bas… Enfin… C’est compréhensible, en même temps. Pour la plupart des gens, moi inclus, il suffit d’ouvrir le robinet de notre cuisine pour que de l’eau potable en sorte. On présume que cette situation va encore durer longtemps. Mais je trouve que c’est une hypothèse très dangereuse, car aujourd’hui, tout indique que le monde dans lequel on vit va changer radicalement. Mais c’est difficile de faire changer les gens de comportement s’ils ne voient pas les conséquences de leurs actions. C’est dur de convaincre quelqu’un d’arrêter de fumer du crack jusqu’à ce qu’il tombe au fond du trou. C’est dur de convaincre quelqu’un d’arrêter de manger au McDonald’s jusqu’à ce qu’il soit dangereusement obèse au point de risquer sa vie. C’est difficile de se dire que le monde est au bord de la catastrophe quand on ne le voit pas au quotidien. J’adorerais vivre dans un monde où je pourrais sortir et faire des choses terribles tous les jours sans conséquences, mais malheureusement, ce n’est pas le cas.

Est-ce que How These Systems Is Failing s’est bien vendu ?

Ho, j’en sais rien ! (Il rigole.) A ce niveau de ma carrière, je fais un album parce que j’adore faire des disques, mais je ne lis pas vraiment les critiques et je ne pars pas en tournée. Une fois que j’ai sorti le disque, je ne sais pas s’il marche ou pas. Je ne devrais peut-être pas le dire, mais je n’y fais pas vraiment attention.

Vous ne regardez même pas votre nombre de vues sur YouTube ?

Non (rire). Mais ça m’est arrivé. Avant, c’était quelque chose qui m’importait beaucoup, j’étais souvent en tournée, j’étais obsédé par les ventes de disques, alors qu’aujourd’hui, j’aime bien ma petite vie simple. Je compose, je sors le disque et si j’ai de la chance, quelqu’un l’écoute. Au-delà ça, je m’en fiche un peu. Je me sens coupable maintenant, je ne devrais pas admettre ça ! L’autre problème, c’est que si je vais en ligne et que je lis une critique défavorable, ça me déprime énormément. Donc je m’abstiens.

Play, Moby (1999)

Après trente ans de carrière, est-ce que vous vous amusez encore à faire de la musique ?

Bizarrement, j’aime ça plus que jamais. Il y a, au moins en termes de composition, presque une pureté, parce que je n’espère pas faire d’argent dessus. Composer, publier et parler du disque, tout ça doit être fait pour l’amour de la musique ; et j’apprécie beaucoup cet aspect. Je sais que certains musiciens sont très frustrés par le fait que ce soit difficile de gagner de l’argent avec la musique. Et moi, étrangement, je trouve ça libérateur.

Vous vous fichez complètement de l’aspect financier ?

J’ai la chance d’avoir assez d’argent pour payer mon loyer, et je ne suis pas féru de jolies choses, je n’achète pas de vêtements chers, je n’ai pas besoin d’un jet privé [rire]. À mon vieil âge, je crois que je deviens un hippie monastique. Je veux juste avoir une certaine qualité de vie, et je l’ai. Je fais de la randonnée tous les jours, j’ai assez de nourriture végane pour manger, je n’ai pas besoin de plus. Je pourrais presque dire que les choses que je veux ne sont pas à vendre. Je ne veux pas passer pour un moine illuminé, mais je n’ai pas besoin de choses matérielles. Je ne veux pas plus de popularité, je ne veux pas être invité à une fête entre stars et je n’ai pas besoin d’une Rolex. C’est une libération incroyable de dire qu’on ne veut plus lutter, mentir, tricher pour avoir ces choses. Je les ai en sortant de chez moi et en partant en randonnée.

Vous faites de la musique tous les jours dans votre petit studio ? 


Ça dépend, parfois deux heures, parfois dix si j’essaye de finir quelque chose. J’adore être dans mon studio, même quand je ne suis pas en train de faire de la musique professionnellement. J’aime y aller, fermer la porte, je n’ai pas besoin de savoir où ça va me mener, j’aime juste être là.

C’est une sorte de safe place dans ce monde angoissant ?

Oui, c’est safe, c’est calme. Il y a dix ans, j’ai commencé à travailler avec cette organisation à New York, The Institute for Music and Neurologic Function. Ils étudient la façon dont la musique affecte le cerveau et le corps. Ça m’a rendu de plus en plus attentif à la spiritualité de la musique. Au final, la musique n’est que de l’air, ce sont des molécules qui bougent un peu différemment. Quand on écoute de la drum’n’bass ou un verre qui se brise ou un violoncelle, ils font bouger le même l’air. Mais cette capacité qu’a la musique à nous toucher aussi profondément et au niveau de nos émotions… C’est pour ça que je vais dans mon studio, pour passer du temps avec cette étrange magie.

Je suis libéré, je ne me demande plus si ce que je fais est bon ou mauvais pour ma carrière.

Moby

La plupart des chansons sur le disque ont un son trip hop. On dit que vingt ans après, c’est le bon moment pour un revival. Pourquoi être parti dans cette direction ?

Je ne sais pas si le disque est nécessairement trip hop. J’adore Massive Attack, Tricky, Smith & Mighty, mais je ne les ai pas écoutés en faisant cet album. En revanche, j’ai été inspiré par les disques qui ont inspiré les producteurs originaux du mouvement. Je n’essayais pas de déclencher une renaissance du trip hop, j’écoutais juste des vieux disques de R&B, soul, dub et reggae.

Et vous vous êtes retrouvé avec le même résultat qu’eux. Vous allez tourner avec ce disque ? Même si vous n’aimez pas ça ?


J’espère que non ! (rire) Un des objectifs de ma vie est de ne plus jamais partir en tournée. La vie est trop courte, et je ne veux pas continuer à refaire les mêmes choses sans arrêt si je n’y suis pas obligé. Donc je croise les doigts pour que ma carrière sur scène soit terminée. Je n’en peux vraiment plus.

Vous n’avez pas besoin de vous nourrir de l’énergie de vos fans ?

(Il hésite.) Heu, j’aime jouer de la musique pour les gens, mais je peux faire ça près de chez moi. Je peux inviter des gens, on dîne et je joue quelques morceaux après manger. Ensuite, je peux dormir dans mon propre lit, et retourner en randonnée. Je n’ai pas à vivre dans des hôtels et manger de la mauvaise bouffe.

Vous pourriez diffuser des concerts “Moby at home” en streaming.

Pourquoi pas, si ça intéresse les gens. Une des choses qui me rend le plus heureux, c’est que je n’ai plus à penser à faire carrière. Je suis libéré, je ne me demande plus si ce que je fais est bon ou mauvais pour ma carrière. Je me vois comme quelqu’un qui fait de la musique et qui doit parfois en parler, mais cette idée d’aller en tournée et d’essayer de convaincre les gens que je suis toujours jeune, que je ne suis pas un cinquantenaire qui veut partir en randonnée… Quand des artistes de cet âge partent en tournée, tout le monde fait comme s’ils n’étaient pas aussi vieux que ça. Mais moi, je suis plutôt heureux d’être un cinquantenaire qui va faire ses courses à l’épicerie.

Et qu’en pense votre manager ?

J’ai le même depuis vingt-huit ans, Eric, et je ne sais comment, il est devenu ce manager vraiment cool. Il travaille avec The Knife et M83, et par chance, il est très occupé avec eux et il me laisse tranquille.

C’est votre premier album depuis l’élection de Trump. Est-ce que vous craignez que sa réception sera influencée, voire éclipsée, par tout ce que vous avez dit et fait contre lui ?

C’est une question intéressante. Aujourd’hui, les gens me connaissent presque plus pour mes posts politiques et militants sur les réseaux sociaux que pour ma musique. Il y a probablement de jeunes militants qui n’ont jamais entendu mes chansons. Et ça me va. Je ne suis pas inquiet, ça ne me dérange pas du tout. Honnêtement, j’adore faire de la musique, mais je pense que l’activisme politique ou la défense des animaux sont des choses plus importantes. La musique peut être profonde et spirituelle, mais essayer de sauver le monde de cette apocalypse me semble plus important qu’un homme de 50 ans qui sort encore un autre album.

Que vous disent les gens quand ils vous arrêtent dans la rue ?

J’ai un resto végan à Los Angeles qui marche bien, donc ces derniers temps, les gens me parlent surtout de ça. Parfois, les gens m’arrêtent pour me dire qu’ils aiment ma musique, d’autres mes positions politiques, la plupart du temps, ils ne disent rien parce qu’ils ne savent pas qui je suis, parce que je suis juste un chauve de 50 ans de plus. Je vis à Los Angeles, qui est une ville très progressive, mais de  temps en temps, je tombe sur un supporter de Trump ou un Républicain, et ils ne m’aiment pas beaucoup.

Comment vivez-vous le fait d’avoir autant de haters ?

Étrangement, j’aime le fait qu’il y a des gens qui me détestent. Je serais inquiet si tout le monde m’aimait. Ça voudrait dire qu’il y a quelque chose que je fais mal. Aux USA, les Républicains et Trump ont quelque chose de maléfique. Quand on réfléchit à leurs priorités législatives – ignorer le réchauffement climatique, réduire les taxes des pollueurs, réduire les budgets de l’éducation et de l’accès aux soins –, leur programme est vraiment maléfique. Mon devoir en tant qu’être humain et en tant que citoyen des USA est de me battre contre ça, et par définition, ça signifie avoir de mauvaises relations avec leurs soutiens. J’espère qu’ils vont changer d’avis mais en attendant, je dois me battre.

Porcelain, Moby (2016)

Après la sortie de votre autobiographie Porcelain, qui raconte notamment vos années de défonce à New York, vous disiez qu’on vous regardait différemment. Végan, protecteur des animaux, anti-Trump, débauché, proche de la CIA… Ce n’est pas trop lourd à porter toutes ces étiquettes ?

(Il éclate de rire) Il y a eu une période où j’attachais beaucoup d’importance à l’avis des autres. Je lisais la presse et je me mettais en colère parce que des gens n’aimaient pas mon disque ou avaient mal compris ce que je voulais faire. Et puis je me suis dit que je ne devais pas laisser des inconnus influencer la façon dont je me perçois. Si tu marches dans la rue, et quelqu’un que tu ne connais pas se met à te crier dessus, il y a de bonnes chances que ça t’énerve. Il n’y a pas de raison de laisser un inconnu vous ruiner le moral et pourtant, on fait ça tout le temps sur Internet.

Que pense votre entourage de votre engagement ? Vous avez perdu des amis en chemin ?

Oui, j’ai perdu des amis. Mais c’est aussi la faute du temps qui passe, je ne vois plus trop mes amis qui sont mariés avec des enfants.

Vous avez ressenti une forme de solidarité au sein de l’industrie de la musique ?

Honnêtement, je n’ai pas d’amis musiciens ou dans le business de la musique. Je sais, c’est étrange pour un artiste, mais c’est la vérité.

Même si tu écris un poème sur Mère Teresa, tu auras un hater.

Moby

Quel est le prix d’être un artiste engagé ?

Tu perds des fans, tu gagnes moins d’argent, tu vends moins de billets. Mais pour moi, c’est un petit prix à payer. Encore une fois, c’est génial de ne plus avoir à m’en soucier. Essayer de se comporter de manière intègre, essayer d’améliorer le monde. La question, c’est qui tu veux être ? Tu veux être Joe Strummer, John Lennon, Neil Young ou Steve Perry, le chanteur de Journey ? Je n’ai rien contre Steve Perry, mais je préfère être un musicien engagé et critiqué comme Joe Strummer qu’un artiste fade qui ne pense qu’à protéger sa carrière.

En tant qu’ancien de la techno, que pensez-vous de la nouvelle génération de DJs, qui n’a pas l’air trop concernée par les sujets politiques et sociaux.

Ce sont des gens bien plus jeunes que moi et ils ont sans doute des priorités différentes. J’essaye de ne pas juger, mais en même temps, c’est dur de voir des gens qui n’ont aucune conscience sociale et de ne pas être frustré.

Comment a été perçue votre transition de la musique électronique vers la pop, au moment de Play, à la fin des 90’s ? Vous avez senti le changement de statut ?

Déjà, au début des 90’s, les premières années de la scène rave, j’avais un peu de succès et ça ne plaisait pas aux puristes de l’underground. C’est le monde dans lequel on vit. Si tu fais quelque chose de public, il y aura forcément quelqu’un à qui ça ne va pas plaire. Même si tu écris un poème sur Mère Teresa, tu auras un hater. Il faut ignorer les gens qui te détestent à moins que tu puisses en apprendre quelque chose.

Est-ce qu’il y a un moment précis où vous vous êtes dit que votre musique devait servir à autre chose qu’à divertir ?

Ce qui est drôle, c’est que c’est une chose à laquelle j’ai toujours cru, mais il y a un moment où je l’ai oubliée. C’est un classique : tu es venu à la musique parce qu’en grandissant, tu écoutais David Bowie ou un artiste qui t’en a donné envie, tu te lances, tu as du succès, puis d’un coup, tu cesses de vendre des disques, on commence à te payer pour faire le DJ, et arrive un moment où tu commences à trop penser à ta carrière, et plus du tout au pouvoir et à la beauté de la musique. Il ne reste plus qu’à espérer que tu te réveilles, et que tu te reconcentres sur la musique et pas sur ta carrière… Ça arrive à beaucoup d’entre nous.

Quel a été le déclencheur de ce réveil pour vous ?

C’était en 2007, avant que j’arrête l’alcool. J’écoutais David Lynch donner une conférence aux BAFTA (British Academy of Film and Television Arts), en Angleterre, et il a dit une chose très simple : “La créativité est magnifique.” J’ai compris qu’il avait raison et que mon seul job devait être d’essayer de faire de la musique qui aspire à être belle, qui a de l’intégrité et avec laquelle les gens connectent, et pas des chansons commerciales stupides.

Cet esprit militant est-il lié à votre jeunesse ? Vous avez grandi très pauvre dans une ville très riche, ça vous a marqué ?

Oui, et puis je suis né en 1965, élevé par des hippies avec l’idée que si tu dois parler, dis des choses qui ont de l’importance, et que si tu as une voix qui porte, essaye d’améliorer les choses. J’ai grandi avec des gens qui aimaient le punk rock, fascinés par le situationnisme, et persuadés que les pouvoirs en place sont presque toujours corrompus. Ce sont des idées dans lesquelles j’ai baigné depuis mon très jeune âge, et je n’ai pas encore expérimenté quelque chose qui remettrait en cause ce postulat.

Vous pensez qu’une bonne protest song a plus d’impact qu’un post Facebook ? 


Haaa… Ça dépend du post ! (rire) Imagine de John Lennon a sans doute changé le monde plus que n’importe quel post Facebook.

On a quand même parfois l’impression que la résistance à Trump se réduit à une bataille d’influence sur les réseaux sociaux. Vous croyez vraiment qu’un post peut faire changer les gens d’avis

Ce n’est pas le moyen le plus efficace, mais il est important de faire tout ce qu’on peut jusqu’à l’impeachment ou qu’il démissionne. Parfois, c’est vrai, les réseaux sociaux ne servent à rien, mais je suis obligé de continuer. Il y a des jours où l’on ne sait pas quoi faire d’autre.

Trax 210, avril 2018
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