Face aux problèmes que pose la difficulté à conserver dans le temps des données informatiques, des chercheurs se sont inspirés de la génétique et sont parvenus à appliquer la technique de stockage de l’ADN aux informations numériques. Cette approche révolutionnaire est désormais une réalité bien concrète, qui va jusqu’à infiltrer le champ de la musique. Si deux morceaux (« Tutu » de Miles Davis et « Smoke on the Water » de Deep Purple) avaient déjà été sauvegardés de cette façon, Mezzanine est le premier album entier à utiliser cette technique de conservation.
La fonction première des molécules ADN étant de stocker de l’information, des chercheurs sont parvenus à traduire les données biologiques qu’elles contiennent en données numériques, en retranscrivant les traditionnelles séquences binaires en un autre code calqué sur les bases azotées de la molécule ADN (la technique est détaillée dans un article de Sciences et Avenir). En plus de ne nécessiter que très peu d’espace (1 mm3 suffirait à stocker un milliard de gigaoctets de données), cette technique de conservation s’avère être l’une des plus résistantes : si la durée de vie des informations conservées sur un CD ou un disque dur ne dépasse pas les 100 ans, cette « biomémoire » pourrait préserver nos données sur des millénaires.
La fabrication d’une molécule d’ADN est aujourd’hui très longue et onéreuse, toutefois la technologie permettant la copie et la lecture de ces séquences l’est bien moins. Une technique prometteuse, d’une utilité évidente face à notre consommation grandissante de données informatiques. Microsoft envisage même d’ajouter à son Cloud une fonction de stockage de données sous forme d’ADN. À quand les lecteurs portables capables de contenir toute la musique du monde ?