Manu le Malin prépare un live avec les collections de musiques tribales du quai Branly

Écrit par Martin Pinguet
Photo de couverture : ©Manu le Malin / D.R.
Le 23.06.2017, à 16h46
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©Manu le Malin / D.R.
Écrit par Martin Pinguet
Photo de couverture : ©Manu le Malin / D.R.
Qui a dit que le hardcore, ce n’était pas de la culture ? Manu Le Malin est allé piocher dans les collections musicales du musée des “arts premiers” quai Branly – Jacques Chirac, afin de préparer son set du dimanche 9 juillet aux siestes électroniques à Paris.

C’est le concept des siestes à Paris : inviter des artistes, électroniques ou pas, à confronter leur univers singulier au fonds ethnomusicologique du quai Branly, le plus vaste d’Europe ! Un trésor inestimable de plus de 6 000 disques et enregistrements, qui vont des chants de gorge inuits au funk thaïlandais, et recèle de sonorités insoupçonnées, rythmes inconnus et rites secrets. L’emblématique DJ de hardcore français Manu le Malin est l’un des invités de la prochaine saison des siestes à Paris, et a donc été fouiller dans cette collection pour préparer un set « mettant à l’honneur les musiques ethnographiques. » Trax lui a posé quelques questions au sujet de ce projet excitant et franchement inattendu.

Comment s’est déroulée la sélection des morceaux dans le fonds ?

J’ai travaillé avec l’ethnomusicologue Renaud Brizard, qui m’avait établi une première liste assez large, afin que je puisse sélectionner quels styles m’intéressaient. Puis, en se basant sur mes réponses, il m’a envoyé 120 morceaux. J’ai ensuite peaufiné ma sélection pour arriver à 24 tracks.

Quels styles as-tu choisis ?

J’ai demandé à Renaud de me trouver des chants Navajo, des rituels tibétains, des cérémonies vaudou ou d’exorcisme en Afrique.

Comment vas-tu inclure ces morceaux dans ton set ?

Je ne vais pas retravailler les voix ethno, si ce n’est augmenter le volume et réduire les bruits parasites, mais sans trop changer le grain pour que cela reste authentique. Je veux que les gens se projettent un siècle en arrière, quand un mec a fait un enregistrement étrange au fond de la jungle avec une tribu qui a disparu.

Tu vas mixer ça avec quel genre de musique électronique ?

Je vais utiliser des morceaux lents, industriels. Ça tourne autour de 80 BPM. Ce sont des sonorités hardcore, mais avec un tempo et une rythmique différents.

Et comment vas-tu mélanger tout ça ?

Je n’ai rien préparé. J’ai quelques petites idées, mais rien de très précis. C’est un savant mélange que j’essaie de réaliser : un mariage entre l’ancienne musique et la nouvelle, pas un combat. Même si les musiques ethnographiques que je vais utiliser sont pour beaucoup des chants guerriers. Ce genre de rythmes m’a toujours fait bander. Mais j’ai aussi des ambiances plus calmes et apaisantes avec les chants tibétains, ça te met dans une sorte de transe, c’est quelque chose qui me touche aussi.

Toi qui mixes beaucoup sur vinyle, comment vas-tu faire ?

Au lieu de mon set habituel de deux platines vinyle et deux CDJ, j’aurai 3 CDJ et une platine vinyle. Les morceaux du quai Branly sont en digital, de même que plusieurs morceaux électroniques que j’ai réunis.

C’est un travail qui t’intéressait, ou tu as profité de l’occasion de faire quelque chose de différent ?

Quand on me l’a proposé, j’ai d’abord dit non. Je ne voyais pas quoi faire avec ces morceaux et mes platines. Puis en y réfléchissant, je me suis dit que je pouvais faire plein de choses avec ces voix a cappella et ces ambiances shamaniques. Et c’est quelque chose que j’avais déjà fait sur mon premier et seul album Fighting Spirit, j’ai samplé une cérémonie tibétaine trouvée dans un vieux disque ethnomusicologie avec des cloches et des voix très graves.

Du coup ton set va être radicalement différent de ce dont le public à l’habitude, non ?

Oui, c’est tout l’intérêt. Ça me permet de jouer à un tempo différent, avec des sons différents. Quand tu as l’habitude d’en mettre plein la gueule, ça fait du bien de faire quelque chose d’un peu plus calme des fois.

Manu le Malin se produira au Théâtre de verdure du musée du quai Branly – Jacques Chirac le 9 juillet prochain, dans le cadre des Siestes électroniques à Paris. Pour assister à cet événement gratuit, rendez-vous sur la page Facebook de l’événement le 3 juillet pour s’inscrire sur la (très convoitée) liste.

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