Manu le Malin : dans les coulisses de son show visuel “biomécanique”

Écrit par Alexis Tytelman
Photo de couverture : ©Oyé
Le 06.05.2019, à 17h43
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©Oyé
Écrit par Alexis Tytelman
Photo de couverture : ©Oyé
À l’occasion du festival Le Bon Air, qui aura lieu à la Friche La Belle de Mai à Marseille du 24 au 26 mai, Manu Le Malin va présenter une performance audiovisuelle en collaboration avec deux membres du collectif d’art visuel Oyé. Une performance aux accents “biomécaniques” fondée sur la capacité d’improvisation des trois artistes.

Festival Le Bon Air, Friche de La Belle de Mai, Marseille, sous le soleil. Une programmation entre house et techno avec Jayda G, Jeremy Underground, Mount Kimbie, David Vunk…Sur le papier, ça parait si doux. Mais le malheureux ne sait pas encore ce qui l’attend, car une tempête approche, et elle se nomme Manu Le Malin. Pire, le pape du hardcore français ne viendra pas seul, mais accompagné de deux membres du collectif d’art visuel Oyé : Dylan Cote et Pierre Lafanechère. Ensemble, ils présenteront Manu le Malin A/V set, une performance live fondée sur l’improvisation, où la déflagration sonore du DJ se mariera aux amas pixellisés de Fluence, l’une des créations du duo. 

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Le hasard d’une rencontre

Aux premiers abords, on se demande bien ce qui a pu réunir Manu Le Malin, Dylan et Pierre. D’un côté, un DJ superstar, dont le style ténébreux, violent et industriel convient, en apparence, mieux aux hangars humides qu’aux scénographie tape-à-l’oeil. De l’autre, deux vidéastes habitués des galeries d’arts et des installations conceptuelles. Le collectif Oyé, fondé en 2015, réunit des artistes visuels en tout genre, travaillant individuellement ou de manière collective sur des oeuvres allant du VJing au design graphique et à la construction.« On a commencé en soirée avec du mapping puis, petit à petit, on s’est ouvert à d’autres champs comme le spectacle vivant, les installations artistiques et, maintenant, les performances audiovisuelles », explique Dylan. Depuis quelques temps, le collectif pose son matos en festival avec son concept “Oyé Circus”, un espace intimiste où le groupe expérimente, proposant divers ateliers créatifs.

La rencontre avec Manu, racontent-ils, se fait tout à fait par hasard, courant 2017, au détour d’une exposition organisée à l’ex-squat Collectif 23, dans le 10ème arrondissement. Le duo y expose alors Fluence, une « vidéoprojection de dégâts des eaux numériques ». Par le plus grand des hasards, Manu Le Malin traine dans le coin. Cette « trainée de pixels coulant le long des arètes d’un mur » lui rappelle l’univers de ses albums Biomechanik, sortis entre 1997 et 2005, mais aussi celui de l’artiste H.R Giger, le créateur de l’identité visuelle d’Alien envers lequel Manu voue une vénération sans borne. L’idée germe rapidement dans son esprit. Pourquoi ne pas transposer cette installation à la scène ? Manu, qui n’a jamais travaillé avec un vidéaste, aborde Dylan et Pierre. Le courant passe et, quelques jours plus tard, l’affaire est pliée. Le trio commence à travailler sur ce qui deviendra Manu Le Malin A/V set.


Biomécanique de l’imprévisible

« Dès que j’ai vu Fluence, j’ai pensé au tatouage que j’ai sur le cou, ces espèces de traits qui descendent avec un dégradé de noir, blanc, gris. Le mélange de l’organique et du méchanique. J’ai vu ça », confie Manu. Contrairement à de nombreux show visuels conçus pour le live, « c’est moi qui ai choisi leur univers, ils n’ont pas du s’adapter à moi », précise-t-il. À l’image de la technique de mix erratique et jubilatoire du DJ, l’adaptation de Fluence version VJing fait non seulement écho à l’univers machinique et grouillant de Giger, mais donne à voir une performance jouant au maximum sur l’improvisation. « Quand on commence, on a vraiment cette image de fuite, et puis ça devient de plus en plus chaotique. Ça va etre spectaculaire. On passe petit à petit du 2D au 3D, créant une impression de profondeur. C’est une performance qui a une vraie structure narrative, tout en s’adaptant à chaque set », résume Dylan.

« Rien n’est prévu à l’avance », confirme Manu. Le rendu final repose donc entièrement sur la contingence et l’inspiration du moment, mais aussi sur la confiance mutuelle entre les trois artistes. « Il faut que je porte t-shirt gris au lieu de noir, sinon je ne me fonds pas bien dans le décor. Il fallait aussi que ça ne me tape pas trop dans les yeux car, à force de vivre la nuit, je deviens de plus en plus photosensible. » Telles sont les seules contraintes qu’a du accepter le pilier d’Astropolis, totalement immergé dans les textures rampantes en noir et blanc générées par ses deux comparses. Des lumières qui, à tout moment, peuvent totalement s’estomper, plongeant l’artiste et la salle dans la pénombre absolue.

« Il y a une nouvelle génération qui arrive, et ils vont faire très mal », conclue Manu, admiratif du travail réalisé par les jeunes artistes. « Ils ont absorbé, digéré et sont en train de réinterpréter tout ce qui s’est fait dans le passé. Ce n’est pas seulement de la prouesse technique, comme les énormes mappings sur des châteaux où je ne sais quoi, mais de la performance artistique. Et c’est ça qui me plait. L’aspect humain, la créativité du cerveau est au coeur de ce live. » 

Pour en avoir le coeur net, rendez-vous sur le site internet de Fluence et sur la page Facebook de l’évènement de Le Bon Air Festival.

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