Lyon : pourquoi le nouveau festival SISMO est le rendez-vous intimiste et pointu qu’on attendait

Écrit par Thomas Guichard
Photo de couverture : ©JALIB
Le 13.06.2018, à 12h12
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Écrit par Thomas Guichard
Photo de couverture : ©JALIB
« Un festival réussi, c’est quand les gens ont de la nostalgie en partant. Comme quand on rentre de vacances et qu’on y laisse son amour de jeunesse… » Voilà la promesse du SISMO Festival cette année. Autour du château d’Avauges, au nord-ouest de Lyon, un séisme d’ondes positives sévira du 22 au 24 juin prochains. Entretien avec Anthony Ricci, fondateur de l’association et en première ligne à quelques jours du festival.


JALIB (Just A Little Beat)
, c’est un projet associatif commencé il y a cinq ans : « À la base, nous étions une bande de quatre amis, fans de la même musique », explique Anthony Ricci, fondateur. Cette musique, quelle est-elle ? Quelque part entre les rythmes énervés de Miley Serious, les nuances de techno des New-Yorkais de L.I.E.S., jusqu’au label britannique très lo-fi Lobster Theremin. « On voulait aussi faire venir des artistes internationaux, pour jouer aux côtés des nationaux, pas dans des endroits loins et impersonnels ».

Depuis cinq ans, l’association a largement participé au dynamisme de la vie nocturne lyonnaise, en attirant des artistes internationaux, mais surtout en offrant une scène aux artistes locaux. D’un OFF spécial pétanque en marge de Nuits sonores, ou des dizaines d’évènements avec Brothers From Different Mothers, ce collectif à cheval entre Lyon et Marseille qui n’a cessé d’étinceler cette année. « On s’est tout de suite senti proche de BDFM, dès notre deuxième évènement, on avait déjà booké The Pilotwings. Et puis en terme d’ascension, nos parcours sont assez similaires. » Depuis leur première soirée au Platinium, rue des Mulet, Anthony et ses compères ont réussi leur pari : « Mettre en avant la house music et toutes ses différentes cultures. Ne pas avoir de frontière. »

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Un château nommé désir

Situé dans une commune de 1 500 habitants dans le département du Rhône, le château d’Avauges a été trouvé par JALIB quasiment par hasard : « J’avais une conversation dans un restaurant, nous cherchions un château. Et là on m’a dirigé vers le propriétaire d’Avauges. Je suis allé le rencontrer, le courant est passé tout de suite. » Le lieu a été laissé à l’abandon pendant des années et JALIB compte bien participer à la rénovation de ce patrimoine. « Pour les prochaines éditions du festival, il y a plusieurs milliers de mètres carrés de cave à exploiter sous le château », imagine déjà Anthony. 

Côté scénographie, le festival sera séparé entre deux mondes. L’un, diurne, sera installé contre la façade du château. Nommée Petra, cette grande scène de jour aura même « des brumisateurs pour arroser les gens s’il fait chaud ». L’espace sera dédié essentiellement aux prestations live et aux concerts. Chaque soir tombant, le festival débordera sous une canopée. Installée sous des arbres qui culminent à 50 mètres de hauteur, la scène Terra  sera mise en lumière pour à la fois « garder l’esprit naturel du lieu, et garder l’ambiance qu’on aime en club ».

Cette ambiance repose sur la jauge, limitée à 500 personnes. « C’est très important pour nous. C’est ce qui justifie le prix du billet : payer pour l’intimité. » Confidentiel, le festival le sera pendant les trois jours, puisqu’il n’y a pas de pass 1 jour. Un choix délibéré, « pour que le public vienne vivre ensemble tout le week-end ». Une communion entre les spectateurs, mais surtout entre les artistes et le public. Pour Anthony, il faut « que le public interagisse avec les artistes, qu’ils puissent ensemble avoir des échanges constructifs, sur la musique par exemple. » Et d’ajouter fermement : « Il faut en finir avec la “starification” de l’artiste. »

Il y aura tout de même quelques stars au sanctuaire d’Avauges, à l’image de la tête d’affiche du festival : Shanti Celeste, la perle groove venue de Bristol, mais surtout Ron Morelli, qui viendra spécialement brasser sa techno si particulière. « C’était assez logique pour nous, on a booké beaucoup d’artistes de L.I.E.S., son label. » En fin de compte, JALIB compte toujours sur son ancrage local pour attirer son public autant que pour assurer la programmation. « On tourne avec les même artistes le plus souvent, des locaux, c’est comme ça qu’on aime travailler. Comme Sentiments ou Judaah. » Les trois quarts des artistes présents au festival ont déjà joué sous les hospices de JALIB. C’est le cas de S.O.N.S. (Shin-Okubo One Night Stand), ce français installé en Corée du Sud à l’atmosphère contemplative, ou encore de The Analogue Cops, le duo fondateur de Restoration Records qui viendra jouer un live haut en BPM. Autre français présent, Too Smooth Christ, pour un live à base de house de house et de synthés. 

S’intégrer au paysage

Les anniversaires ont cette capacité à nous faire regarder en arrière pour admirer le chemin parcouru. Pour les gars de JALIB, le résultat de cette introspection est clair : « Pour nos 5 ans, ce n’était pas possible de faire une soirée classique, le club nous attire moins maintenant. On s’est lancé dans ce qu’on cherchait à faire depuis longtemps : une fête avec plein de copains. » Sortir des murs habituels pour fendre l’horizon ? Un rêve adolescent, presque, mais pourtant très sérieux vu l’expérience d’Anthony, qui est déjà derrière la production des festivals La Chinerie et Evasion. Le projet revendique un retour aux sources de la fête, dans un esprit peut-être un peu libertaire. « On veut qu’il n’y ai pas de jugement, [il faut] être soi-même. Trop souvent, quand les gens sortent en club, c’est pour se montrer. Ce n’est pas l’idée du festival. »

Au-delà de la musique, Anthony met encore plus l’accent sur l’engagement local du festival. Le food-truck du lieu proposera des produits de la région, en accord avec la mairie. Le bois pour construire les toilettes du camping, par exemple, a été acheté dans la scierie du coin. Le petit-déjeuner – proposé avec le pass – sera acheté auprès d’une boulangerie des environs. Cet ancrage local se retrouve surtout dans les relations que veulent entretenir les organisateurs avec la commune de Saint-Romain-de-Popey, dont tous les habitants sont invités à assister au festival le dernier jour, dimanche, de 12h à 16h. « Peut-être que quelques curieux viendront, espère Anthony. Qu’ils comprendront ce qu’on essaye de créer avec ce festival ». Après une première édition que l’on souhaite réussie, peut-être que l’on retrouvera le SISMO pour de nouvelles secousses l’année prochaine…

Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page Facebook de l’événement. Pour faire partie des 500 privilégiés, les billets sont par ici.

 

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