Depuis deux ans, confinements à répétition oblige, les équipes d’Arty Farty et de Culture Next se creusent les méninges pour répondre à cette question épineuse : “à quoi ressemblera la fête d’après ?”. Tantôt plongée dans le désespoir, tantôt poussée à reprendre toutes les bases, les directions des clubs européens ont pu/su apercevoir dans le brouillard de la crise sanitaire une brèche temporelle leur permettant de réfléchir au club de demain. Cette reflexion tournant autour de l’éco-responsabilité, de la sécurité et de la création inclusive rassemble aujourd’hui de nombreux lieux, collectifs et institutions autour d’une “club culture” à l’écoute. C’est pour cela que 2022 signe le début d’un nouveau chapitre pour Le Sucre : émergences, formations, nouveau dispositif et direction artistique repensée… À Lyon, on sait aussi bien qu’à la capitale se faire épicentre de l’innovation.
Repenser la fête
Ces innovations, on a pu en saisir l’essence lors de l’édition hors série de Nuits Sonores cet été. Après des mois de discussions, les programmateurs Pierre Zeimet et Baptiste Pinsard s’accordent ainsi aujourd’hui sur plusieurs piliers d’actions : écologie, lutte contre les violences, inclusivité et aide à l’émergence. « La force locale visible sur tout le territoire français, c’est quelque chose qui nous a beaucoup plu : on a vu émerger ces piliers de réflexions grâce aux nouvelles générations, avec lesquelles on compte travailler désormais au quotidien », expose Pierre. Si Arty Farty ne souhaite pas non plus s’émanciper des têtes d’affiches avec qui la structure a construit de belles histoires, elle espère avant tout collaborer avec la localité jeune, engagée sur ces sujets.
Suppression de la viande, réduction des déchets, recyclage… Côté écologie, de plus en plus d’actions sont mises en place pour réduire l’impact environnemental au sein du Sucre. À ce propos, Pierre poursuit : « on a fait une formation avec Samuel de The Shift Project, qui nous a permis de nous éclairer sur les mesures à prendre en priorité pour respecter les Accords de Paris. Supprimer la viande en fait partie. Réduire l’avion aussi, même si ça pose des questions chez nous. » En effet, l’équipe est très attachée à l’idée de conserver une mixité culturelle et pointe la montée des nationalismes en Europe. Mais alors comment allier diversité et écologie ? Baptiste complète : « Il y a quelques moyens : on peut rentabiliser une tournée pour éviter les allers-retours, faire venir des artistes frontalier·ère·s pour privilégier le train, faire rester les artistes plus longtemps en leur proposant de participer à nos ateliers… C’est une question compliquée même si on reste conscient·e·s qu’il faut réduire drastiquement notre impact. »
Si Arty Farty et Culture Next n’en sont pas à leurs débuts concernant la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, l’équipe donne cette année un grand coup d’accélérateur. En s’appuyant sur l’exemple des médiateur·rice·s du Fuse à Bruxelles, Le Sucre recrute en ce moment deux personnes capables de favoriser l’inclusivité et d’encourager la bienveillance, le respect et la liberté dans les soirées du lieu. Cela n’empêche pas de former toute l’équipe sur ces questions auprès des associations Avenir et Santé ainsi que Egaé. Car l’objectif est simple : appliquer en interne ce qui doit l’être en externe, dans les publics et au sein du club.
Ouvrir le club
Ces dernières années, l’industrie musicale est au cœur de problématiques identitaires. Parce que la nuit doit aussi appartenir aux communautés minorisées, une structure telle qu’Arty Farty se doit d’approfondir cette actualité via sa programmation. « Force est de constater qu’on est trois programmateurs blancs [et cis] », reconnaît Pierre. « On veut donc ouvrir notre spectre de programmation pour atteindre des objectifs de parité et d’inclusivité. Dans notre collectif, on fait donc rentrer d’autres profils, appelé·e·s à nous communiquer les artistes qu’ils·elles ont envie d’inviter », poursuit-il. Ainsi, les artistes gravitant autour du Sucre seront également les programmateur·rice·s du lieu. Et pour maximiser les échanges, le nombre de ces profils en résidence triple : 8 résident·e·s émergent·e·s Alex Autajon, Bernadette, Lisa, Hyas, P errine, Tauceti, Vel, Warum), 8 résident·e·s internationaux·ales (Anetha, Camion Bazar, Cornelius Doctor, Flore, LB aka Labat, Mézigue, Pablo Valentino, Umwelt) et 8 collectifs que l’on retrouvera principalement les samedis (Artjacking, Furie, Garçon Sauvage, Jamais le mardi, Shouka, Tfif events, 69 Degrés).
En retour, le Sucre sera en capacité de fournir à ces profils tout ce dont ils ont besoin, que ce soit en terme de matériel, de communication, d’édition ou de formation aux outils. Baptiste justifie avec bienveillance ce choix éditorial : « notre projet est écrit comme un échange. Aujourd’hui, on a des collectifs qui sont considérés comme amateurs alors qu’ils réunissent de magnifiques communautés autour d’eux et qu’ils ont de grandes compétences professionnelles. » Le but final étant de faire fructifier ces ressources précieuses et à terme, faire en sorte que les acteur·rices de ces résidences se parlent et se connaissent pour que chaque entité profite de ce cercle vertueux.
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Toutes les informations, la programmation complète et la billetterie sont à retrouver sur le site internet et la page Facebook du Sucre.