Les Victoires de la musique consacrent le précurseur de la French Touch, Dominique Dalcan

Écrit par Riwan Marhic
Photo de couverture : ©D.R.
Le 12.02.2018, à 11h20
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©D.R.
Écrit par Riwan Marhic
Photo de couverture : ©D.R.
Après plus de 25 ans de carrière et onze albums, Dominique Dalcan a remporté vendredi son premier titre aux Victoires de la musique dans la catégorie “Musiques électroniques”, grâce à son album Temperance.

Précurseur de la French Touch, produit par Crammed Discs dès 1991 et ayant signé des collaborations avec des compositeurs comme Hector Zazou ou Ryūichi Sakamoto, Dominique Dalcan avait l’habitude de signer ses projets électroniques de son pseudonyme, Snooze. Pourtant, c’est bien de son véritable nom qu’il a décidé de griffer la pochette de Temperance, son dernier album. Comme pour effacer une séparation entre la musique électronique et le reste du quatrième art. Et d’électronique, il est question dans ce disque aux ambiances planantes et aux textures synthétiques, entrecoupées de piano mélancolique et de la voix du Français, qui s’essaye à l’anglais pour la première fois. Une volonté de modération, entre l’acoustique et le digital, que l’on retrouve jusque dans le titre de l’album.

Bonjour Dominique. Ce prix aux Victoires de la musique, tu y pensais ?

Ce n’était pas un objectif, mais ça me fait plaisir. C’était courageux d’avoir voté pour ce disque car c’est une proposition qui a été peu entendue. J’ai voulu montrer qu’il y a plusieurs musiques électroniques. Et ce n’est pas de la techno, de la house ou de l’EDM, mais ça peut se marier dans une même famille.

Comment as-tu travaillé sur Temperance ?

J’ai passé plus d’un an à travailler quotidiennement sur ce disque, entre des avancées fulgurantes et des pauses, pour la maturation des morceaux. Je travaille toujours de cette façon. Presque tout a été improvisé, surtout vocalement. Après, je laisse vieillir le morceau, comme le vin, puis je filtre et je remets en forme. Beaucoup de morceaux sont partis de la voix, parfois, c’est parti de l’image. Le morceau que j’ai joué sur scène vendredi a été créé après que je sois allé filmer le Vésuve en plein hiver. Ça m’a donné envie de faire une musique tellurique, alors j’ai travaillé autour de la synthèse granulaire (procédé mélangeant des échantillons de sons de quelques millisecondes, ndlr). C’est toute l’intro du morceau qui a été produite comme ça, et je suis content d’avoir proposé ça aux gens. Personne n’avait jamais fait de synthèse granulaire en prime time à la télé !

Pourquoi avoir intitulé le disque Temperance ?

Je me suis demandé si ça voulait encore dire quelque chose aujourd’hui. Dans les musiques électroniques, les outils conditionnent le son qu’on va avoir, en fonction des machines et du soft. On pourrait arriver à ce que les morceaux se fassent tout seul, et je ne veux absolument pas ça ! Si l’homme maitrise la technologie, c’est pour laisser parler le sensible et l’émotionnel. C’est mon interprétation de la tempérance. J’avais juste envie de ramener du piano dans des morceaux totalement électroniques. C’est une musique hybride, post-électronique. Par exemple, je me sens proche d’un mec comme Four Tet en termes d’ouverture. Il est capable de faire des projets avec une ergonomie musicale très différente à chaque fois. Et puis aujourd’hui le terme “musique électronique” est très galvaudé, ça n’a pas grand sens. Même la chanson ou le rap sont faits avec de l’électronique, c’est simplement un outil contemporain. Moi, j’utilise des techniques électro et je rajoute de l’analogique, c’est une livraison émotionnelle et personnelle. Par exemple, en live, il y a un morceau pour lequel j’utilise des bandes magnétiques, parce que j’ai commencé à faire des démos sur un quatre pistes à cassettes. Il ne faut pas oublier d’où on vient.

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